En principe, cette opération devait être lancée il y a plus d’une année, mais les autorités égyptiennes ont retardé l’ouverture de leur marché à la voiture marocaine.
La partie égyptienne avance comme argument que le taux minimum d’intégration local de 40% n’est pas respecté dans la fabrication de la Logan. Donc cette dernière ne peut être exportée dans l’un des trois autres pays, en franchise de droits de douane, comme le stipule l’accord d’Agadir.
Le Maroc n’est pas resté les bras croisés pour débloquer cette situation. Ainsi plusieurs contacts ont été menés entre les deux parties. Ce qui a conduit à la visite d’une délégation d’experts égyptiens, en juin dernier, aux ateliers de Somaca à Casablanca pour s’assurer sur place que le taux d’intégration de fabrication locale dépasse largement les 40%.
Il faut dire que ce succès vient à un moment opportun, le secteur de l’automobile étant secoué de plein fouet par les effets de la crise mondiale. Sur ce point, il faut noter que le marché égyptien représente une demande potentielle qui peut atteindre près de 25.000 unités par an.
Pour les exportations de la Logan, on table sur un volume de départ de 5000 voitures. Si les autorités égyptiennes ne posent pas d’autres obstacles, la Logan aura certainement un succès sur le marché égyptien, selon un expert marocain proche du dossier. « La Logan pourra être utilisée dans un premier temps pour le renouvellement du parc des taxis du Caire dont la majorité des véhicules se trouve dans un état vétuste », explique notre expert. Pour ce dernier, c’est ce succès attendu qui justifie la réticence des autorités égyptiennes pour faciliter l’accès de la Logan à leur marché local. Cela est motivé par une politique de protection de l’industrie de montage locale dont les usines alimentent également des marchés des pays de la région.
La politique de blocage suivie jusque-là par l’Egypte dans l’affaire de la Logan a suscité une déception auprès des responsables marocains du fait que la balance commerciale entre les deux pays est largement excédentaire au profit du pays des Pharaons. En effet, le volume des exportations du Maroc vers ce pays avoisine les 350 millions de DH fin novembre 2008, alors que nos importations ont atteint près de 2,9 milliards de DH.
Bus égyptiens
En réaction à l’initiative marocaine d’exporter la Logan vers l’Egypte, cette dernière cherche de sa part à introduire sur le marché marocain des véhicules lourds. Un prototype de bus « égyptien » est arrivé chez les douanes marocaines. Les premières vérifications de contrôle n’ont pas été concluantes pour permettre à ce produit de bénéficier des avantages de l’accord d’Agadir.
Une commission d’experts marocains effectuera une visite aux ateliers de fabrication de ce bus qui semblerait être acheminé de Turquie et non d’Egypte, selon notre source. Le rapport de la commission marocaine devrait tirer tout cela au clair.
Source : L’Economiste - Noureddine El Aissi