
Maroc : vers un cadre juridique pour les marchands ambulants
Le Conseil Economique Social et Environnemental a préconisé de créer un cadre juridique approprié aux vendeurs de rue marocains, afin de leur permettre d’opérer une transition...
Des foules de commerçants s’étaient amassées, hier, à « Souk Jamaâ » (Bab Marrakech-Casablanca). Ils contemplaient cette surface qui leur servait, depuis plus de 30 ans, de lieu de travail et qu’ils sont, aujourd’hui, contraints d’abandonner. Les travaux de transformation de ce lieu en un jardin avaient, déjà, commencé.
« Nous ne comprenons pas ce qui se passe ! », s’exclame Abdelhak. Lui, comme d’ailleurs, tous ceux qu’on a rencontrés, ici, estime avoir été bousculé par la décision de la Wilaya du Grand Casablanca de déloger les 300 boutiques où ils exposaient leurs marchandises. « On est venu nous annoncer à la veille de l’Aïd que nous devions plier bagage parce que nous n’avions plus le droit de vendre, ici ! Nous n’avions que 48 heures pour dégager, car la décision du Wali entrait en vigueur le vendredi. », racontent-ils, emportés par la colère.
Ces commerçants, pères de familles, veuves et jeunes licenciés, sont dans l’incompréhension la plus totale. « Nous avons été transférés à « Souk Jamaâ », il y a des années par un ancien wali, nous disposons d’autorisations d’exercer en tant que vendeurs ambulants, nous avons, aussi, des cartes délivrées par la Chambre de Commerce et nous payons des impôts ! », lancent-ils en montrant leurs cartes et leurs quittances.
Pour eux, ce que le nouveau wali vient de décider est une atteinte à leur droit de travail, leur unique source de vie. Depuis cinq jours, leurs kiosques sont démontés et rangés près de leur maison. « Même nos marchandises, nous n’avons pas eu assez de temps pour les écouler. Qu’allons-nous en faire et comment pourrions-nous régler nos crédits si nous ne travaillons plus ? ! », se demandent-ils, affolés.
Aucune explication ne leur a été fournie par les autorités publiques de la ville qui se sont contentées de faire appliquer la décision à la date fixée. Pourtant, certains d’entre eux savent pertinemment que « Souk Jamaâ » représentait un lieu de commerce anarchique. « On travaillait, ici, n’importe comment sans se plier à une certaine organisation. Mais l’on s’attendait à ce qu’on nous organise et non à ce qu’on nous expulse carrément ! »
En fait, l’origine même du transfert de ces vendeurs ambulant à « Souk Jamaâ » n’est pas accréditée par une loi quelconque. C’était une décision délibérée prise par un ancien wali de la ville dont l’acte était sans fondement légal.
Selon une source sûre contactée à la Wilaaya du Grand Casablanca, la décision de M. Benhima a pour but de rétablir la loi et la réglementation. Un objectif qui traduit à la volonté du wali de mettre fin à l’anarchie que connaît la ville et récupérer les domaines publics. Ces commerçants, étant dotés d’autorisations de vendeurs ambulants, n’ont pas à occuper constamment la voie publique, explique la même source, ajoutant que cette décision s’est imposée d’elle-même puisque l’ancienne médina est soumise à une restructuration basée justement sur le respect de l’organisation légale de la ville. De plus, la wilaya estime que l’expulsion de ces vendeurs ambulants de « Souk Jamaâ » dispensera, enfin, les propriétaires des anciennes boutiques de la concurrence déloyale qui a poussé certains d’entre eux au bord de la faillite.
Leila HALLAOUI
Liberation Maroc
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