Les MRE,des partenaires incourtournables pour un Maroc moderne

11 août 2003 - 11h03 - Maroc - Ecrit par :

La rentrée massive de Marocains résidant à l’étranger pour passer les vacances auprès de leurs familles est un moment privilégié pour s’intéresser à cette composante importante de la population marocaine.

Deux événements importants semblent marquer l’actualité à ce niveau : l’institution de la Journée nationale de migrant le 10 août de chaque année et la publication de la stratégie du ministère chargé de la Communauté marocaine à l’étranger.
Organisé sous le thème "Ensemble pour le développement de la région", le premier événement est présenté comme un espace de rencontres, de dialogue et de concertation entre les MRE et les partenaires économiques et sociaux. C’est là une initiative louable qui, si elle est menée avec sérieux et professionnalisme, pourrait déboucher sur des projets d’investissement contribuant à la dynamique économique régionale, tout en raffermissant les liens d’attachement et d’appartenance de nos concitoyens résidant à l’étranger à la mère-patrie.
La stratégie du ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l’étranger s’articule autour de quelques priorités (notamment la modernisation des systèmes d’éducation et d’enseignement au profit des enfants de la CME, la création d’espaces polyvalents et la garantie du droit à la pleine citoyenneté par le biais d’une meilleure participation politique) et un programme d’action à court et moyen terme. Ce dernier touche à des questions variées allant de la législation à la coopération avec les pays partenaires en passant par le rôle des représentations diplomatiques et de la société civile et l’implication des MRE dans le développement économique du Maroc.
Si la confection d’une telle stratégie constitue une avancée indéniable dans la concrétisation de l’intérêt que le Maroc porte à la Communauté marocaine résidant à l’étranger, elle appelle de notre part quelques remarques préliminaires. La première remarque est relative au soubassement sur lequel a été élaborée cette stratégie.
Un diagnostic de la situation de la CME et des mutations qu’elle connaît, a-t-il été fait ? A-t-on procédé à des enquêtes pour appréhender les attentes et les aspirations des deuxième et troisième générations et leurs perceptions du Maroc, leur pays d’origine ? Le document de stratégie n’aborde pas ces questions et ne présente aucune donnée à ce sujet, ce qui nuit quelque peu à sa fiabilité et amène à relativiser son caractère scientifique.
La deuxième remarque se rapporte à l’absence d’objectifs chiffrés et d’un échéancier précis, ce qui rend difficile toute opération de suivi-évaluation ultérieure. De même, la contribution des différents intervenants institutionnels (départements ministériels, Fondation Hassan II, Fondation Mohammed V pour la Solidarité, etc.) n’est pas précisée. Dans ces conditions, on peut se demander s’il s’agit réellement d’une stratégie engageant l’ensemble des acteurs concernés par ce dossier, ou si c’est un document qui concerne le seul ministère délégué chargé de la CME.
On relève également l’absence de toute référence aux moyens et ressources qui seront mobilisés pour l’exécution de la stratégie en question.
En ce qui concerne l’analyse comparative des rapports sociaux entre les sexes, la situation et les besoins spécifiques de la femme marocaine émigrée n’est pas prise en compte, en dehors d’une vague référence à "l’encouragement du partenariat entre les associations marocaines et étrangères pour faire de la lutte contre la violence et toutes les formes de discrimination et la défense des droits de la personne humaine un combat commun".
Last but not least, la question de la représentation politique de la Communauté marocaine à l’étranger n’est abordée nulle part dans le document de stratégie. Est-ce un oubli ? A-t-on estimé que c’est une question trop délicate pour être traitée par le seul département chargé de l’émigration ? Pourtant, il s’agit là d’une revendication fondamentale de nos concitoyens résidant à l’étranger et une condition sine qua non pour garantir la mobilisation de la CME et son implication réelle dans l’édification d’un Maroc moderne et démocratique. Y’est-il pas grand temps de procéder à la création d’un Conseil supérieur de l’Emigration, à l’instar de ce qui existe en Espagne ou au Portugal ?
Ce sont là quelques remarques rédigées "à chaud" et qui ne diminuent en rien de l’intérêt et de la valeur du document de stratégie confectionné par le ministère chargé de la CME. Notre souhait est que l’opportunité offerte par la publication de ce document soit saisie pour initier son débat national sur les meilleurs moyens de faire de nos concitoyens résidant à l’étranger des acteurs à part entière du projet de société moderne et démocratique que le Maroc s’efforce d’édifier.

Albayane

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