Lorsqu’ils reviennent au Maroc pour les vacances, les Marocains Résidant à l’étranger retrouvent leurs origines. La famille, le quartier, la ville, la région, tout leur rappelle qu’ils sont toujours Marocains et qu’ils le demeureront pour toujours. Les soins dont ils bénéficient sont à la mesure de ce que le pays attend d’eux. Et les attentes sont nombreuses. Le Maroc a besoin de leurs devises et de leur savoir-faire, deux éléments utiles pour une participation efficiente au développement du pays. Beaucoup ont regagné le pays d’origine de manière définitive pour créer leur propre entreprise ou exploiter directement un terrain agricole, pour ceux qui tiennent toujours à la terre de leurs ancêtres. On leur doit beaucoup dans certains domaines qu’ils ont modernisés. Ils sont par exemple très dynamiques dans le commerce de détail avec leurs libre-services conçus à l’image de ce qui se fait en Europe. Le métier, ils l’ont appris dans leurs pays d’accueil durant les nombreuses années qu’ils y ont passées. Les plus industrieux ont foncé tête baissé dans le travail, consommant juste le nécessaire sur place pour réaliser la plus grande épargne possible. Une fois au pays, ils sont du coup propulsés à un rang social plus élevé que celui qu’ils ont quitté des années auparavant. Leur labeur ne leur a pas permis uniquement d’entreprendre, mais également de gagner quelques marches dans l’échelle sociale. Tant mieux. Certains ont fait encore mieux. Plus jeunes, plus instruits et plus dynamiques, des dizaines de Marocains sont revenus avec des idées novatrices et assez de volonté pour les concrétiser. Ils ont créé des entreprises opérant dans les secteurs les plus modernes appliquant les méthodes de gestion les plus actuelles et introduisant un changement salutaire dans les relations de travail. Parfois la confrontation avec la mentalité préexistante ne se passe pas sans difficulté mais les uns et les autres ont appris à se comprendre. L’action des entrepreneurs de l’étranger (on les appellera ainsi faute de mieux) dépasse le cadre étroit, pour eux, de l’entreprise, ils veulent participer à tous les aspects de la vie de la société. Ils sont ainsi actifs dans tous les débats ce qui apporte à ceux-ci une note rafraîchissante, on ne peut pas le nier. Formés à l’économie moderne, à la politique moderne, ils n’arrivent souvent pas à se faire comprendre, tellement leurs idées paraissent lointaines de celles des politiciens. La dernière preuve est très récente et concerne justement une question politique. Le gouvernement a décidé de ne pas accorder le droit de vote aux MRE, ce que plusieurs d’entre ces derniers ont considéré comme une atteinte à leur qualité de citoyens. La question n’est pas une question de détail pour les MRE. L’un d’eux, a écrit une lettre au Premier ministre pour lui faire part du sentiment des Marocains résidant à l’étranger à l’égard de cette mesure qui contraste avec toutes les autres mesures de séduction que le gouvernement n’a pas arrêté de prendre pour que les MRE n’oublient pas de virer leurs économies dans les banques de leur cher pays. Le rédacteur de la lettre a appris la politique en Europe, pas au Maroc. C’est sa seule erreur, il aurait du rester au fait de ce qui se passe dans son propre pays, mais il ne pouvait tout faire à la fois. Bien sûr il a une autre nationalité, oui et après. Il est toujours Marocain, avec une carte nationale marocaine. La France où il a résidé avant lui a accordé ce droit civique, dès le moment où il a obtenu la nationalité. Quoi qu’il en soit, sans s’avancer sur ce terrain dont seuls les politiciens connaissent la nature et les limites, il s’agit avant tout de justifier et d’expliquer à ces Marocains qui ont choisi de rentrer au pays et participer à son développement, la finalité d’une telle décision. S’ils doivent rester hors champ politique, ils ont au moins le droit de savoir pourquoi. Sinon pourquoi seraient-ils venus. Le rédacteur de la lettre au Premier ministre ne connaît pas le langage tortueux de la politique : pour lui, le MRE ne peut se contenter de rapatrier des fonds à son pays, il veut savoir à quoi les devises servent et si possible avoir son mot à dire là dessus.
La question doit être traitée de manière urgente parce que les MRE ont beaucoup fait pour leur pays et il serait dommage que leur contribution économique cesse à cause d’une vision politique. On n’a qu’à se promener dans les petites villes du Maroc pour constater loin des statistiques et des discours abscons ce qu’ont fait les MRE. Des localités qui ont été durant des décennies de simples bourgades sans équipement et sans infrastructures sont devenues de vrais petites villes avec des immeubles neufs, des commerces, des cafés modernes et propres…etc.
Hakim Arif pour le reporter