Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.
L’existence d’un lien entre les attentats meurtriers de Casablanca et une organisation terroriste internationale a été officiellement confirmée, lundi 19 mai au soir au Maroc, où les autorités assurent avoir identifié tous les kamikazes impliqués.
Des "avancées remarquables" de l’enquête ont été annoncées par le ministre marocain de l’intérieur, Mustapha Sahel.
L’identité des quatorze kamikazes a pu être établie. L’enquête a permis de "confirmer nos présomptions sur la connexion avec le terrorisme international", a indiqué M. Sahel, s’exprimant sur une chaîne de télévision publique. Il a révélé par ailleurs que deux kamikazes avaient survécu et se trouvaient entre les mains de la police.
M. Sahel n’a pas donné de nouvelles indications sur l’origine des kamikazes, désormais tous connus - les huit premiers identifiés avaient été signalés comme étant tous des Marocains. Ils vivaient dans la banlieue déshéritée de Sidi-Moumen, à Casablanca, et étaient âgés de 18 à 24 ans. Les kamikazes s’étaient rasé la barbe juste avant leurs opérations, rapportaient, lundi, les médias marocains. Et trois d’entre eux affichaient une ressemblance frappante suggérant qu’ils pourraient être frères, selon Al-Ittihad-al-Ichtiraki.
"L’arrestation des deux terroristes encore vivants a permis de faire des avancées remarquables en termes de renseignements", a indiqué le ministre, soulignant notamment : "Le réseau qui a commis des actes terroristes à Casablanca a été identifié en entier." M. Sahel a remercié "les services de sécurité des pays amis pour leur collaboration technique en matière d’identification".
Le ministre marocain de la communication, Nabil Benabdellah, porte-parole du gouvernement, a de son côté déclaré lundi qu’il était prématuré d’affirmer que les kamikazes de Casablanca étaient liés au réseau Al-Qaida. "Nous serons affirmatifs sur ces questions dès que nous en aurons la preuve concrète", avait-il dit. Une connexion internationale avait été évoquée par le ministre de la justice, Mohamed Bouzoubaa, qui avait révélé que des kamikazes étaient "récemment venus d’un Etat étranger", sans autre précision. Il avait ajouté que les terroristes avaient un rapport avec un groupe marocain, Assirat Al-Moustaqim (Le Droit Chemin). Ce groupe intégriste s’est fait connaître en janvier dans une affaire d’assassinat par lapidation d’un homme accusé de "dépravation".
COOPÉRATION ET ARRESTATIONS
Sur le plan international, cinq grands pays européens, réunis en Espagne, ont décidé lundi de mettre en commun tous les éléments qu’ils recueilleraient, au Maroc et ailleurs, pour favoriser une analyse commune dans la lutte contre le terrorisme. Quatorze policiers français et six espagnols se trouvent au Maroc, et le président américain, George W. Bush, a offert l’aide des Etats-Unis pour la recherche des terroristes. Trois Français, trois Espagnols et un Italien ont été tués dans ces attaques.
Le quotidien arabophone Al-Ahdass-al-Maghribia a rapporté, lundi, que les services de sécurité marocains avaient arrêté un diplômé de chimie après la découverte de matériel pouvant servir à la confection de bombes dans un repaire présumé des terroristes. Un engin explosif a également été découvert dans cette maison du quartier Massira de Casablanca. Selon le quotidien, généralement bien informé sur les questions de sécurité, au moins deux Egyptiens et un Saoudien étaient interrogés à Casablanca par les services de sécurité en liaison avec les attentats.
Les autorités de Tanger ont également annoncé l’interpellation de deux suspects, l’un d’origine afghane possédant la nationalité française, l’autre de nationalité tunisienne. Ils ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à quitter Tanger samedi. Ils étaient arrivés au Maroc, il y a une semaine environ, via l’aéroport international de Casablanca. D’après les premiers résultats de l’enquête, l’un des suspects se trouvait à Casablanca et l’autre à Tanger au moment des attaques.
Les attentats marocains sont survenus quatre jours après un triple attentat-suicide contre des résidences d’expatriés à Riyad, en Arabie saoudite, qui a fait 34 morts, sur fond d’alertes diffusées par les Etats-Unis et plusieurs autres pays occidentaux quant au risque d’attentats liés à Al-Qaida. Dans une cassette qui lui avait été attribuée en février, le chef du réseau Al-Qaida, Oussama Ben Laden, avait cité le Maroc, allié traditionnel des Etats-Unis dans le monde arabe, parmi les pays "apostats" qu’il convenait de "libérer". Les attaques perpétrées le 16 mai dans le centre de Casablanca, à la bombe et à la voiture piégée ont fait 41 morts et une centaine de blessés, selon un bilan officiel.
Lemonde.fr avec AFP et Reuters
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