
Les nouveaux billets de banque et pièces de monnaie émis par Bank Al-Maghrib (BAM) sont entrés en circulation ce vendredi 24 novembre 2023.
Le crédit à la consommation explose au Maroc. Une explosion qui a provoqué un surendettement considérable des ménages. Une enquête de Bank Al Maghrib tire la sonnette d’alarme.
C’est une activité assez dense et particulièrement forte qu’ont connue les sociétés de crédit à la consommation en 2007. C’est ce qui ressort d’une enquête de Bank Al Maghrib, dont le rapport a été rendu public mardi 8 juillet 2008. Le même rapport parle d’un taux d’endettement relativement élevé chez les ménages marocains. Car, comme chacun sait, moins le revenu est suffisant, plus on a tendance à s’endetter. Ceux qui gagnent par exemple moins de 4.000 dirhams concentrent à eux seuls 48% du montant global des crédits distribués en 2007.
Les salariés du secteur privé et les fonctionnaires représentent 87% des bénéficiaires, contre 4% pour les artisans et les commerçants et 3% pour les professions libérales. À force de rivaliser d’offres de financement, alléchantes, les sociétés de crédit à la consommation ont réussi à distribuer environ 30 milliards de dirhams de crédits en 2007. Ce qui élève l’encours de ces crédits à environ 60 milliards de dirhams. Enorme, disent certains, normal, rétorquent les autres.
Facilité
Comme on s’y attendait, le rapport de Bank Al Maghrib avance que ce sont les habitants de Casablanca et ceux de Rabat qui s’endettent le plus. 46% des dossiers de crédit signés en 2007 leur reviennent. Pour les ménages qui gagnent moins de 3.000 dirhams par mois, le taux d’endettement s’est établi à 45%, contre 12% pour les débiteurs qui touchent plus de 20.000 dirhams. Le taux d’endettement correspond au rapport entre les crédits contractés par un client et ses revenus déclarés à l’établissement prêteur.
Chez Bank Al-Maghrib, on souligne que le taux d’endettement est inversement proportionnel au revenu. Idem pour le taux de créances en souffrance. Il est de 15% pour la tranche de revenus inférieurs à 3.000 dirhams et de 12% pour les personnes dont le revenu est supérieur à 20.000 dirhams. En effet, depuis quelques années, la procédure de recouvrement des crédits auprès de leurs titulaires s’est accélérée et les sociétés de crédit peuvent aujourd’hui avoir recours à la justice pour récupérer son dû. Plusieurs clients ont perdu leurs biens en saisie parce qu’ils n’ont pas pu honorer le remboursement de leurs échéances. C’est aussi cela qui explique l’explosion actuelle du crédit à la consommation.
Impévus
N’importe qui aujourd’hui peut contracter un crédit. Il suffit pour lui de justifier un revenu régulier sur lequel vont s’exercer les prélèvements. Le reste n’est fait que pures formalités. La concurrence féroce entre les sociétés a aussi rendu très simple et rapide la procédure d’octroi d’un crédit. Entre le dépôt de la demande et la réponse de l’agent, c’est une affaire d’une heure. Dans les cas les plus délicats, c’est l’affaire d’une journée. Mais derrière cette simplicité et cette souplesse dans la satisfaction des demandes de crédit se cachent bien des problèmes.
Problèmes liés principalement au non remboursement du crédit à la suite d’une perte d’emploi ou d’une crise financière majeure. Là, les sociétés, poussées par des considérations de profit, sont intransigeantes. Leur principe est simple : vous avez contracté un prêt et vous vous êtes engagé à le rembourser, alors il faut respecter votre engagement. Et ce, quels que soient les imprévus de la vie. Certaines sociétés tentent de remédier à cela en incluant dans le contrat de crédit une clause stipulant la suspension du remboursement à la demande du client. Mais, généralement cette suspension ne dépasse pas 6 mois.
Bien entendu, cette clause n’est pas gratuite. Elle est assortie d’une majoration du taux d’intérêt et donc du montant de l’échéance à la reprise du remboursement. Malgré tous ces problèmes, nombreux sont ceux qui vantent les mérites du crédit à la consommation et ses avantages pour l’éclosion d’une classe moyenne.
Non seulement, il a facilité à la vie à de nombreux ménages marocains en leur permettant d’acheter tout ce dont ils ont besoin, mais il a ancré dans notre société cette culture de consommation propre aux grands pays. L’accès à la voiture est désormais chose facile. Avec 0 dirhams en poche, on peut aujourd’hui s’offrir une belle voiture neuve de grande marque. Ou encore, on peut réaliser une petite épargne de 20 ou 30 mille dirhams par exemple, et le tour est joué. Idem pour l’équipement des maisons.
Il faut dire aussi que l’explosion du crédit à la consommation et la multiplication des sociétés spécialisés dans ce secteur ont permis aux magasins de vente d’électroménager de gagner en nombre. Pour gagner de la clientèle, ces magasins proposent même des offres de financement, à travers des conventions signées avec les sociétés de crédit. Et la réponse est donnée en un clin d’œil.
Si tout le monde se réjouit de ce développement considérable de ce moyen de financement, complémentaire à l’activité bancaire classique, des craintes sont soulevées par la banque centrale quant à l’explosion du surendettement des ménages. On a peur que la situation économique et financière ne dégénère pour ces ménages, surtout que la vie devient de plus en plus chère et que les salaires restent presque aux mêmes niveaux qu’il y a quelques années. D’où la promulgation de mesures susceptibles de contrôler cette frénésie. Mesures qui s’appuient sur la supervision, l’analyse puis le contrôle de la situation financière du client.
Depuis un certain temps, une Centrale des risques a été instaurée, qui permet à toutes les sociétés de crédit d’avoir un droit de regard sur l’historique des crédits du client. « Cette centrale, bien qu’elle ne fonctionne pas comme prévu, a le mérite de prévenir plusieurs cas de saisie et de poursuites judiciaires », affirme un haut cadre dans une société marocaine de consommation. Mieux vaut prévenir que guérir, conclut-il.
Source : Aissa Amourag - Maroc Hebdo International
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