Environ 2.000 personnes ont manifesté samedi à Ajaccio pour protester contre la recrudescence des violences racistes en Corse visant la communauté maghrébine, un "grand succès" pour les organisateurs. Le départ de la manifestation, prévu à 14h30, a pourtant été retardé d’une heure après un coup de téléphone anonyme au commissariat annonçant la présence d’une voiture piégée devant un supermarché au beau milieu de la principale artère commerçante de la ville, par laquelle le cortège devait se rendre à l’Assemblée de Corse. Les artificiers ont dû inspecter une à une toutes les voitures garées là avant de lever l’alerte. Une seconde fausse alerte à la bombe, dans l’Assemblée de Corse cette fois, a retardé de quelques minutes l’entrée d’une délégation des organisateurs de la manifestation qui y étaient attendus.
Policiers en civil discrètement positionnés sur le parcours, dont ceux du groupe d’élite du GIPN, cars de CRS et gendarmes mobiles prêts à intervenir : la manifestation était placée sous très haute surveillance. Car deux groupuscules, le Mouvement clandestin autonome (MCA) et les Clandestini Corsi, qui revendiquent régulièrement des attentats visant les biens des Maghrébins, avaient menacé récemment les associations antiracistes de représailles.
Une recrudescence qui inquiète
Selon le rapport de l’écrivain Jean-Christophe Rufin sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme publié mardi par le gouvernement, plus de la moitié des violences racistes commises en France surviennent en Corse, visant quasi-exclusivement la communauté maghrébine. Un sujet d’inquiétude récurrent sur l’île, au point de provoquer la venue remarquée dans la manifestation d’une équipe de la télévision du Qatar Al-Jazira.
L’objectif premier de cette manifestation, lancée à l’appel du collectif corse antiraciste Ava Basta, de la Ligue des droits de l’Homme et d’Amnesty international, était de "demander à l’Assemblée de Corse qu’elle vote une motion unique condamnant le racisme et la xénophobie", selon André Paccou, délégué régional de la LDH. Le 24 septembre, les 51 élus de l’Assemblée de Corse n’avaient pas réussi à s’entendre sur une motion unique, les uns voulant y englober le racisme "anti-Français", d’autres réclamant un débat sur la notion de "peuple corse".
"Je ne pense pas que la Corse soit plus raciste que les autres régions mais ici cela prend des formes plus violentes de la part d’une infime minorité", a expliqué l’écrivain corse Gabriel-Xavier Culioli, membre de la LDH et Ava Basta. "Mais le succès d’aujourd’hui montre aussi, en pourcentage de la population, que la Corse est l’endroit où l’on manifeste le plus contre le racisme", a-t-il conclu.
Lci.fr