Un journal espagnol condamné pour avoir diffamé une société marocaine
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Le Maroc n’aurait pas droit à l’amitié des Espagnols. C’est, en tous les cas, le message que véhiculent les extrémistes de la droite espagnole, dont l’un des supports médiatiques, "MinutoDigital", un torchon électronique qui a publié une liste noire des "Espagnols, amis du Maroc".
Ce soi-disant journal "d’information sans complexes" n’est pas à sa première sortie aux relents fascistes, il ne cesse de distiller, lui et ses coreligionnaires "Libertad Digital" et "El Semanal Digital" (NDLR, un mal qui gangrène le monde digital), toutes sortes de messages haineux, souvent racistes, à l’endroit du Maroc, de son peuple et de ses institutions.
"Elles sont nombreuses, les personnalités espagnoles qui peuvent être considérées comme amies et admiratrices du Maroc : politiciens, entrepreneurs, universitaires, journalistes", dénonce le journal qui nous apprend pour la première fois qu’il y a en Espagne des journalistes amis du Maroc !! On aurait aimé que les "illuminés digitaux" nous fournissent les noms de quelques plumes journalistiques "amies" du Maroc. Mais la liste noire, digne des périodes les plus fascistes de l’histoire de l’Europe, ne nous a pas gratifiés de ces noms "amis".
Les personnalités excommuniées par cette communauté digitale "sont nombreuses dans les régions proches du Maroc, l’Andalousie et les Canaries mais certaines sont aussi au pouvoir central", avertit le journal comme s’il craignait qu’un jour ces régions ne déclarent allégeance au "Sultan de los moros".
La majorité des personnalités fichées sont des politiques de gauche, dont la tête d’affiche est bien évidemment l’ancien Premier ministre socialiste Felipe Gonzalez, taxé par les ultras de la droite espagnole d’"ami de los moros". L’unique tort de toutes ces personnalités, c’est d’avoir la conviction que ces deux grandes nations sont appelées à s’entendre et à surmonter leurs différends.
Jetons un coup d’oeil sur l’acte d’accusation de certains suspects, voire coupables aux yeux des adeptes de la néo-inquisition.
Felipe Gonzalez : "L’ex-président (du gouvernement) socialiste a participé à la délégation marocaine qui a tenté d’obtenir de la FIFA l’organisation du Mondial de football de 2010. Il a aussi présenté au sultan Mohammed VI, son patron, le multimilliardaire mexicain Carlos Slim". Quelle malchance, quel malheur que le ridicule ne tue pas !
Juan Goytisolo : "L’écrivain espagnol vit à Marrakech. Anti-franquiste et critique envers le traitement réservé aux immigrants marocains en Espagne et en Europe, il ne dit rien sur le caractère tyrannique du régime marocain, ni sur l’invasion du Sahara. Il n’a pas non plus condamné la persécution des dissidents, ni la répression des Rifains". Des inquisiteurs qui s’érigent en humanistes et en défenseurs des droits de l’Homme. Là, ça dépasse le ridicule.
Jordi Pujol : "La Generalitad catalana (gouvernement autonome catalan, NDLR) a ouvert sous son mandat une délégation à Casablanca, le principal centre économique du Royaume. Il y a quelques années, il a nommé à la tête de cet organisme l’ex-dirigeant Esquerra Republicana de Catalu-a (ERC, Gauche républicaine) Angel Colom". Un homme intelligent qui a compris il y a plus de 25 ans que le facteur économique peut venir à bout de tous les autres différends entre l’Espagne et le Maroc.
José Miguel Zaldo Santamaria : "Le président du Comité d’affaires hispano-marocain du patronat CEOE (Confédération espagnole des organisations d’entreprises) et membre du Comité Averroès soutient que le Maroc est en train de se moderniser et que l’Espagne se doit de l’appuyer. En 2002, il a critiqué la +vision véhiculée par certains médias sur le Maroc+ et qui ne correspond pas, selon lui, à la réalité".
Ce dynamique homme d’affaires basque est à leurs yeux coupable de tentative de jeter les bases d’un partenariat stratégique entre les deux pays, plus fort et plus solide que les aléas de la politique. Il est coupable d’avoir une vision objective et impartiale, plus juste avec le Maroc. Il devrait alors être excommunié pour ce crime impardonnable.
José Solis, avocat et ancien ministre sous Franco, Jeronimo Saavedra, ancien ministre socialiste, Maximo Cajal, diplomate de gauche et d’autres hommes d’Etat sont accusés, aux côtés des "musulmans espagnols", d’être des "amis du Maroc". Un jour, les néo-inquisiteurs demanderont peut-être à ce que ce "crime" tombe sous le coup du code pénal espagnol.
Tarik Mazigh - Libération
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