Au Maroc, certains présidents de commune, candidats à leur succession à l’occasion de la session d’octobre, sont accusés d’avoir commencé à acheter les voix de certains élus pour garantir leur réélection.
La notoriété des partis politiques serait-elle sérieusement affectée ? A en croire les résultats du dernier sondage de 2007 Daba, elle l’est en partie. A titre d’exemple, seulement 5% des sondés disent connaître une formation politique telle le PPS (Parti du Progrès et du Socialisme). Qui aurait pensé qu’un parti se prévalant du progressisme donc, en principe, proche des citoyens, particulièrement des jeunes, ne soit pas assez connu ?
Une touche d’optimisme cependant. 50% des sondés citent spontanément le Parti de l’Istiqlal, alors que 45% retiennent l’USFP.
Fait surprenant : le PJD gagne de plus en plus en notoriété. Quelques années seulement après sa naissance, la formation d’Othmani est citée par 40% de l’échantillon. Loin devant des partis plus anciens tels l’UC, le FFD, le PND, le RNI ou encore le MP.
Plus surprenant encore, 59% des jeunes âgés entre 18 et 24 ans citent le Parti de la Justice et du Développement d’emblée. L’USFP, qui arrive en tête auprès de la même cible, fait un peu mieux. Il récolte 60% des réponses, juste devant le Parti de l’Istiqlal (58%).
Mais, paradoxalement, les jeunes ne manifestent pas un intérêt à adhérer à un parti politique, quel qu’il soit. Quelque 71% de l’échantillon ont en effet affirmé qu’ils n’allaient certainement pas adhérer à une formation. Actuellement, ils ne sont que 3% de jeunes âgés entre 18 et 29 ans à adhérer à un parti politique. Toutefois, l’intérêt des jeunes pour la chose politique pourrait évoluer, si certaines conditions sont réunies. Le sondage évoque plus de transparence (28%) auprès des partis, un langage simple (19%), plus d’honnêteté et moins de « magouilles » (19%).
Les partis tout comme les élus sont donc appelés à honorer leurs engagements. Il s’agit en premier lieu de rétablir la confiance entre le citoyen et l’homme politique. Il est vrai que 36% des sondés affirment ne pas faire confiance aux hommes politiques.
Pour intéresser un électorat jeune à la politique, il faudrait, selon le sondage, se rapprocher davantage de lui, notamment en apportant des réponses à ses attentes. L’on cite la création d’emplois en premier lieu (56%), les problèmes des jeunes (8%), le rajeunissement des partis (8%).
Côté campagne électorale, les jeunes souhaitent que les partis politiques incluent dans leur programme des engagements clairs et fermes sur des thématiques précises. La lutte contre le chômage arrive en premier. 73% des sondés ont identifié ce thème comme le plus important de tous. L’amélioration du système de santé et des soins (65%) vient juste après. La lutte contre la pauvreté et la précarité (54%) ainsi que la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics (40%) et l’alphabétisation sont autant de thèmes prioritaires.
A noter que la question de l’intégrité territoriale et la lutte contre l’insécurité et le terrorisme intéressent autant les jeunes que leurs aînés. Mais, force est de constater que la modernisation de l’administration par exemple ou encore le renforcement de la pratique démocratique n’intéressent qu’une faible partie de l’échantillon (respectivement 3 et 2%).
En tout cas, l’on a enregistré beaucoup d’attente à la veille du scrutin. Les programmes proposés par les partis, aussi ambitieux soient-ils, parviendront-ils à converger avec les besoins d’une population foncièrement jeune. Comment cette cible va-t-elle réagir le jour du scrutin ? Va-t-elle traduire ses attentes par un vote citoyen ? Ou observera-t-elle une attitude passive en boudant les urnes et du coup tourner le dos à l’avenir ? Le sondage a malheureusement révélé que 63% de l’échantillon ne prêtent aucune attention à ce qui se dit ou s’écrit dans la presse. Aucune attention (38%) n’est, non plus, accordée aux émissions télévisées traitant de la politique. Sans parler des émissions radiophoniques (51%) ou encore des rencontres et réunions publiques d’information (67%).
A rappeler que la structure de l’échantillon se composait d’un effectif de 583 urbains et 617 ruraux. Les femmes étaient au nombre de 583. Quant aux personnes interrogées qui sont sans instruction, elles ont représenté 45% de l’échantillon, alors que celles qui ont un niveau d’étude secondaire sont au nombre de 255 personnes.
Pertinence
Selon les concepteurs du sondage, la différence des cibles et des structures des échantillons de la première et de la seconde vague du sondage peut ne pas décliner une comparaison pertinente. A rappeler, les populations de référence des deux sondages sont les 18 ans et les plus de 18 ans. A noter que l’ensemble de l’échantillon est inscrit dans les listes électorales.
Jeune électorat
Les objectifs de la seconde vague du sondage 2007 Daba portent notamment sur la perception des Marocains vis-à-vis de la politique en général. Il s’agit de mesurer les différents degrés de cette perception particulièrement auprès d’un électorat jeune. Par ailleurs, le sondage a recueilli les attentes prioritaires des jeunes des élections et des formations politiques. L’objectif étant de mesurer les intentions de participation aux prochaines élections législatives.
L’Economiste - A. R. & J. E. H.
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