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Le royaume du Maroc, dont les finances publiques sont largement tributaires des recettes du tourisme, s’efforce de protéger ce secteur sensible face aux effets potentiellement dévastateurs de la guerre en Irak.
Les responsables marocains multiplient les initiatives pour limiter les répercussions de la guerre sur une activité qui représente, avec environ 2 milliards de dollars par an, l’un des principaux postes d’entrée de devises avec l’exportation de phosphates et les transferts financiers des marocains résidents à l’étranger.
Annonçant à Rabat un « plan d’action » pour soutenir ce secteur, le ministre marocain du tourisme, Adil Douiri, a assuré que le nombre de visiteurs étrangers a baissé de moins de 10% dans le royaume depuis le début de la crise irakienne. Il a jugé cette baisse « assez faible » dans le contexte de la guerre en Irak.
Des actions de communication qui seront lancées à l’étranger s’efforceront de décrire un Maroc « proche, amical, accueillant et chaleureux », a indiqué le ministre. D’autres mesures visent le soutient de l’industrie hôtelière nationale et la promotion du tourisme intérieur.
La montée de l’islamisme dans le Royaume constitue une source d’inquiétude
Les responsables économiques du pays redoutent les effets dissuasifs que pourraient avoir sur les touristes occidentaux les images de manifestations antiguerre, marquées par des slogans virulents contre les Etats-Unis et la Grande Bretagne, si elles devaient donner lieu à d’importants débordements.
Le roi Mohammed VI du Maroc avait lui-même pris la précaution, dès le début de l’offensive militaire américano-britannique en Irak, d’appeler les Marocains à « faire preuve de pondération, de sagesse et de discipline ».
« L’ordre public » sera assuré « quelles que soient les conditions », et des instructions ont été données pour que soit « garantie la sécurité des personnes et des biens », a prévenu le souverain, conscient de la très forte mobilisation de la « rue » marocaine contre la guerre.
Le souvenir de la guerre du Golfe de 1991 est resté dans l’esprit de tous les professionnels du tourisme, avec la chute brutale de l’activité qui ne s’était pleinement rétablie qu’après plusieurs années de vaches maigres.
Les effets de la guerre en Irak s’ajoutent déjà à ceux, encore sensibles, des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, même si le Maroc peut se targuer d’avoir assez bien « résisté » à la psychose liée à la campagne internationale de lutte contre le terrorisme.
Avec 1,9 million de touristes étrangers venus au Maroc de janvier à octobre 2002, le flux global avait déjà régressé de 5,8% par rapport à la même période de 2001, selon les chiffres officiels. Les visites de touristes américains ont été les plus affectées, avec un recul de 26% au cours de la même période.
La montée de l’islamisme politique dans le royaume constitue également une source d’inquiétude potentielle pour les touristes occidentaux. Ahmed Raïssouni, président du Mouvement unification et réforme (Mur), l’un des principaux courants islamistes marocains, s’est récemment élevé contre la « déliquescence morale qui vient du tourisme ». Le spectre d’une crise durable du tourisme inquiète d’autant plus le Maroc que ce secteur est considéré comme l’une des clefs du développement économique du pays pour la décennie à venir. Un ambitieux plan de développement touristique a été lancé, comportant notamment la création de six nouvelles stations balnéaires, avec l’objectif de porter à 10 millions le nombre annuel de touristes à l’horizon 2010. – (afp) l
Le tourisme international menacé
L’industrie mondiale du tourisme risque de souffrir du conflit en Irak, a déclaré vendredi à Rome le secrétaire général de l’organisation mondiale du tourisme (OMT), Francesco Frangialli, dans une interview à l’AFP. « Nous sommes préoccupés sur le court terme, la guerre arrive à un moment où les entreprises et les industries de tourisme sont fragilisées par deux ans de difficultés », a précisé M. Frangialli, venu à Rome pour une conférence européenne sur la protection des mineurs contre le tourisme sexuel. « Si la guerre avait été courte, l’année 2003 n’aurait pas été nécessairement mauvaise, on aurait pu espérer une croissance de 2% des voyages internationaux sur l’ensemble de l’année, mais là on ne sait pas où l’on va », a-t-il ajouté. M. Frangialli reconnaît son « inquiétude » face à « une guerre qui ne se passe pas aussi bien que ce que pensaient ceux qui l’ont engagée » et à laquelle s’ajoutent « les problèmes sanitaires », notamment la pneumonie atypique. – (afp)
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