Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.
Le seul survivant parmi les kamikazes qui ont perpétré les attentats du 16 mai, au centre de Casablanca, est un jeune homme qui n’a jamais éveillé les soupçons de ses voisins, des commerçants de son quartier, ou même des autorités locales.
Plusieurs voisins en ont témoigné, deux jours après son équipée sanglante qui a fait trois victimes à l’hôtel Farah en plein centre ville, à 10 km de sa banlieue déshéritée.
Situé dans la préfecture de Moulay Rachid - Sidi Othman, le lotissement Massira 3 ressemble à tous ces quartiers où les autorités ont donné un lopin de terre aux anciens habitants des bidonvilles pour construire en dur.
De l’extérieur, la petite maison de deux étages n’a rien de sordide, elle peut même, comme ses voisines, faire pâlir d’envie les habitants des baraques entassées non loin de là. La rue est bitumée et les enfants qui y jouent n’ont rien de misérable.
Selon les voisins, Abdessamad, connu sous le sobriquet de "Ould Chouaiye" (fils du rôtisseur), habitait seul dans la maison. "Il était très tranquille, il ne parlait à personne", affirme un homme, entouré d’un petit groupe de voisins qui acquiescent. "On savait seulement qu’il était gardien de voitures", ajoute cet homme.
A bonne distance du moqaddem (agent de surveillance du quartier), le même homme précise que Abdessamad a perdu son père récemment et qu’il habitait seul dans cette maison qui appartient à son oncle, "policier de son métier". "Sa mère et ses frères et soeurs habitent à Sidi Moumen (préfecture voisine de Moulay Rachid)", a-t-il ajouté.
Méfiants devant l’irruption d’étrangers, peu d’habitants du quartier acceptent de témoigner, et personne ne paraît savoir si le jeune homme qui fait l’actualité était affilié ou non à une organisation extrémiste. "Il portait une barbe comme beaucoup de jeunes mais c’est tout" assure un voisin.
Le quartier n’est guère accueillant. Les taxis refusent de s’y aventurer, prétextant le risque de se perdre près d’un souk où s’amoncellent planches, bâches, tôles et immondices dans lesquelles des chèvres mâchent placidement des sacs en plastic.
"Il faut parler de ces terroristes pour que ce genre de crimes ne se reproduisent plus, nous n’avons jamais connu ça chez nous et tout ce que nous voulons c’est vivre décemment" lance un commerçant.
Dans la rue du kamikaze, quelques voisins, barbus pour la plupart, sont sur le trottoir à une distance respectable de la voiture délabrée du moqaddem. Ils ont vu arriver la brigade antiterroriste, qui vient à peine de quitter les lieux.
"Ils avaient des chiens avec eux. Ils ont forcé la porte" affirment, très excités, des jeunes du quartier. "On n’a jamais vu ça ici", dit gravement un quinquagénaire.
Leur jeune voisin tranquille a tué d’un coup de poignard, vendredi soir, un agent de sécurité de l’hôtel Farah qui tentait de l’attraper. Il a été immobilisé par plusieurs personnes accourues sur les lieux, dont un chauffeur de taxi, avant d’être livré à la police.
AFP
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