le festival de Fès des musiques sacrées du monde présenté au Sénat français

23 avril 2004 - 10h59 - Culture - Ecrit par :

Le festival de Fès des Musiques sacrées du Monde soufflera le 28 mai sa dixième bougie dans des lieux chargés d’histoire, où cohabitaient en parfaite harmonie, plusieurs cultures et traditions ayant creusé, à travers les siècles, un sillon dans le limon de la ville de Fès.

En dix ans, ce sont 164 troupes différentes qui se seront produites dans les enceintes de Bab Makina, du Musée Batha, de Bab Boujolud et dans d’autres lieux qui éveillent les souvenirs de la grandeur de Fès, siège de la prestigieuse université Al Karaouiyine.

164 troupes venues présenter les grandes traditions des musiques sacrées des trois religions monothéistes mais aussi celles de l’hindouisme, du bouddhisme, ou encore du chamanisme amérindien des deux Amériques. C’est sur ce trésor d’expériences musicales décennales que se penche cette édition anniversaire, dont le programme a fait l’objet, lundi, d’une rencontre de presse organisée dans les Salons de Boffrand au Sénat français, sous le patronage du M. Christian Poncelet, président du Sénat.

« A travers le festival des musiques sacrées du monde, c’est toute la spiritualité d’une ville et la générosité d’un peuple qui se dégagent, fructifiant ainsi un patrimoine aussi diversifié et généreux que les hommes, les femmes et la nature qui composent la population marocaine », a souligné M. Poncelet dans une lettre adressée aux organisateurs.

Evoquant la dimension humaniste de cette manifestation qui s’est transformée au fil des années en « lumière spirituelle », M. Poncelet s’est félicité du succès grandissant du Festival, qui a acquis par sa finalité spirituelle et sa dimension universelle d’amour et d’entente entre les peuples, une ampleur internationale exemplaire.

Présentée par le président du festival, M. Mohammed Kabbaj, la programmation artistique qui se prolonge jusqu’au 5 juin, apporte un lot important de novations : première ouverture sur Youssou N’Dour, qui viendra à Fès pour donner le premier concert de son dernier opus dédié à la paix et à la tolérance. Se succèderont au fil des jours, les Moines danseurs du Tibet, les choeurs Sirin de Moscou, les Tallis Scholar d’Angleterre, ou encore la prestigieuse troupe orientale Sapho qui regroupe des musiciens palestiniens et israéliens.

Le Maqâm iraki qui renvoie l’auditeur vers l’âge d’or des empires ommeyades et abbassides sera interprété par l’illustre bagdadi Hussein al Adhami, alors que le Syrien Sabah Fakhri saura imposer, comme à son habitude, sa magnificence aux spectateurs charmés par les harmonies variées des Mouachahat.

Le soufisme et les musiques chrétiennes, juives et celtiques seront savamment mises en scène par les « Derviches tourneurs de Konya » (Turquie) et « l’Ensemble de la paix » (France), ainsi que par l’une des voix et figures légendaires de la musique noire de ce siècle, Marim Makeba (Afrique du Sud).

Sur le site de Volubilis, le maître-chanteur de l’amazigh, Mohammed Rouicha, dont le timbre de sa voix forte et émotionnelle renvoie au riche répertoire de chants sacrés et traditionnels du Moyen Atlas, interprètera des chants amazigh et arabe, au rythme de son fidèle « compagnon » loutar, instrument emblématique de la musique berbère.

Musique religieuse, chants sacrés des églises, chants orientaux transmettant des messages de paix et d’amour, cérémonies rituelles marocaines et autres genres musicaux sont au menu de cette dixième édition placée sous le thème « Traces de lumières ». Outre la riche floraison de concerts, des personnalités d’horizons multiples seront au rendez-vous du 29 mai au 2 juin, pour "Les Rencontres de Fès", pour témoigner par leurs réflexions, leurs trajectoires de vie, leurs ressources spirituelles et actions concrètes, des possibilités réelles de renforcer le dialogue et l’entente entre les peuples.

« Les spiritualités face aux problèmes du monde », « Pour une démocratie globale », « Les cultures de paix au Moyen-Orient », « Les économies solidaires », constitueront les principaux thèmes de ces Rencontres placées sous le signe « donner une âme à la mondialisation ». A rappeler que le festival de Fès fut désigné en 2001, par l’ONU comme l’un des événements majeurs ayant contribué, d’une façon remarquable, au dialogue des civilisations.

Parallèlement au festival, s’est développé un réseau international de soutien et de mondialisation de ces événements, regroupant des personnalités, des professionnels du spectacle, voire de simples mélomanes souhaitant contribuer à faire connaître le festival et l’esprit qui l’anime. Ainsi est née aux Etats-Unis, l’organisation Sprit of Fès, qui a programmé, en collaboration avec l’agence CAMI de New York, du 6 mars au 6 avril 2004, une tournée de groupes ayant participé à différentes éditions du festival, à travers près de 20 grandes villes des Etats-Unis.

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