
Une étude de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le Supérieur (Ondes), parue cette semaine, met en évidence un obstacle majeur à l’emploi en France : le port du voile.
Peur des représailles, incompréhension face à l’aversion croissante contre les musulmans, les Néerlandais d’origine marocaine expriment leur désarroi alors que les représailles se sont multipliées depuis l’assassinat il y a deux semaines, au nom de l’islam radical, de Theo van Gogh.
"J’ai peur après toutes les attaques de mosquées. Beaucoup de gens me regardent différemment dans la rue et pourtant on n’est quand même pas tous responsables de l’assassinat de Theo van Gogh !", affirme une lycéenne, les cheveux rassemblées sous un voile rose, qui préfère taire son nom.
Dans le quartier Baarsjes, dans l’ouest d’Amsterdam, non loin de là où résidait l’assassin présumé de Theo van Gogh, un Maroco-néerlandais de 26 ans qui a été arrêté, le meurtre et les représailles qui l’ont suivi ont marqué les esprits.
Sur les 35.000 habitants du quartier, 50% sont d’origine étrangère dont 12% d’origine marocaine, une proportion que l’on retrouve globalement à Amsterdam ou Rotterdam (sud).
Une vingtaine de mosquées, églises ou écoles islamiques ont été attaquées depuis le 2 novembre aux Pays-Bas et, selon un sondage, 40% des Néerlandais souhaitent que les 900.000 musulmans ne se sentent plus chez eux (16 millions d’habitants aux Pays-Bas).
"Le problème c’est que tous les musulmans sont mis dans le même sac parce que Mohammed Bouyeri, un extrémiste, a commis un meurtre condamnable, qui d’ailleurs est contraire à tout ce que prône l’islam", regrette Hasan, un étudiant de 22 ans né aux Pays-Bas de parents marocains.
"On ne met pas tous les Néerlandais dans le même sac parce qu’un extrémiste brûle une école islamique", s’indigne-t-il.
Dans la boulangerie "La croissanterie", qui propose les traditionnels "pains pour le café" néerlandais aux côtés de gâteaux marocains, plusieurs clients acquiescent. Certains évoquent les remarques désobligeantes qui leurs sont adressées.
"Un chauffeur de bus a dit à ma femme, qui porte le voile, qu’il ne voulait pas transporter de terroriste, ce n’est tout de même pas normal", proteste Marwan, chauffeur de taxi installé aux Pays-Bas depuis 14 ans.
"Après ces deux semaines et tout ce qui s’est passé, nous les +allochtones+, les habitants d’Amsterdam d’origine marocaine sommes confrontés à cette question : sommes nous chez nous ou non ?", demande Abdel Boulal, un instituteur qui anime depuis plusieurs années une association pour le rapprochement entre les Néerlandais de souche et les immigrés.
Pour la plupart des jeunes, nés et élevés aux Pays-Bas, la réponse ne peut être qu’affirmative. "Je suis né ici, mes frères et soeurs sont nés ici, on parle néerlandais. Bon sang il faut que les gens réalisent qu’on se battrait pour ce pays s’il était attaqué", s’emporte Hatim.
Beaucoup avouent leur "lassitude" d’être continuellement vus et désignés dans la presse comme des "Marocains" et d’avoir à se justifier pour chaque acte d’un membre de la communauté.
S’ils comprennent cette "lassitude", Naïma Azough, députée d’origine marocaine et Mustapha Laboui, élu local, estiment cependant que la communauté doit continuer de se faire entendre comme elle l’a fait pour condamner l’assassinat de Theo van Gogh et l’extrémisme islamiste.
Mme Azough prône une action forte du gouvernement pour renforcer la cohésion.
La visite de la reine Beatrix à un centre multiculturel, et du Premier ministre Jan Peter Balkenende dans une mosquée sont saluées dans le Baarsjes.
"C’est un signe important qui montre qu’on fait partie du pays, qu’on peut lutter ensemble", commente Habib.
Afin de combler le fossé entre "autochtones" et "allochtones", la plupart prônent le dialogue, un peu à la manière de celui engagé dans le Baarsjes après le 11 septembre, "seul moyen pour lutter contre l’ignorance qui a créé la peur".
Afp
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