Richard Robert est le deuxième fils d’une fratrie de trois. Le plus jeune, David, de dix ans son cadet, lui-aussi converti à l’islam, était en garde-à-vue jeudi dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage), selon des sources informées du dossier.Voisins de la famille, anciennes et présentes relations du jeune homme, interrogés sous le couvert de l’anonymat, expriment leur étonnement face aux accusions portées contre Richard Robert et dépeignent une famille de souche rurale sans histoire.Les parents de Richard et David Robert, d’origine modeste, sont unanimement respectés dans le minuscule hameau où ils vivent depuis une trentaine d’années dans un pavillon, construit en partie par eux-même.Le père, souffleur de verre dans une verrerie fabriquant des vitraux, et qui faisait en plus un peu de commerce de bois, est présenté par ceux qui le côtoient comme un infatigable travailleur. La mère est restée à la maison pour élever ses trois enfants.Blond aux yeux bleus, né au Chambon-Feugerolles (Loire), Richard Robert s’est converti à l’Islam vers l’âge de 17 à 18 ans, dans une mosquée turque située à quelques kilomètres du domicile familial et qui a été récemment détruite dans le cadre de la construction d’un équipement routier."Il a fréquenté notre mosquée pendant six mois puis il est parti en Turquie", se souvient Ibrahim Tekeli, qui présidait alors l’association culturelle et sportive turque d’Andrézieux-Bouthéon. "Il y a six ou sept ans je l’ai croisé et il a m’a invité chez lui pour me présenter sa femme. S’il avait été intégriste, il n’aurait pas fait ça", ajoute M. Tekeli, qui assure que celui qui se faisait alors appeler "Jakup" était " droit et honnête"."très poli et gentil"L’honnêteté du jeune homme est également soulignée par Alice et Jacques Bag, qui possèdent un garage automobile à Saint-Etienne où Richard Robert a acheté des voitures d’occasion, jusqu’à la fin de l’année dernière, pour les vendre au Maroc."Il n’était pas agressif, comme le sont parfois les jeunes, mais toujours très poli et gentil. Parfois il nous payait le solde de la voiture après l’avoir vendue, à son retour en France", explique l’épouse du garagiste. Ce dernier déclare : "pour moi, ce n’est pas possible qu’il ait fait ça, car je connais mes clients et j’aime beaucoup ce garçon".Richard Robert avait confié à ce couple turc revêtir plus rarement la traditionnelle djellaba en France depuis les attentats du 11 septembre 2001, à New-York, à cause des gens qui font l’amalgame entre musulmans et islamistes.Ahmed Abdel Wahoud, qui gère depuis 1996 la librairie-bibliothèque musulmane Al Calam, à Saint-Etienne, se souvient de ce client comme quelqu’un de " discret, qui s’exprimait peu et qui ne participait pas aux débats publics et conférences sur la pratique citoyenne de l’islam ni aux rencontres inter-religieuses que nous organisons".Réputé pour son ouverture et son indépendance vis-à-vis des différentes tendances de l’islam, Mohammed Chérif, imam guinéen de la mosquée de La Cotonne, à Saint-Etienne, reconnaît quant à lui que Richard Robert, alias " Jakup", prônait une "vision dure de l’islam qu’il tentait malheureusement d’imposer aux jeunes de son âge". Ajoutant toutefois : "la radicalisation, il a dû la trouver ailleurs qu’ici".Richard Robert, alias "Abou Abderrahmane", âgé de 31 ans, faisait l’objet d’un avis de recherche en tant que "suspect dangereux" dans le cadre des attentats suicide de Casablanca qui ont fait 43 morts et une centaine de blessés, le 16 mai.
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