Une fois nommé, l’impétrant doit mener les tractations pour former un gouvernement s’appuyant sur une majorité parlementaire. Avec la présence de 24 partis à la Chambre des représentants, dont seulement sept ont plus de dix sièges, la tâche n’est pas facile, et cela risque de prendre du temps même si le Parlement doit ouvrir sa session le 5 octobre.
Le secrétaire général de l’Istiqlal, Abbas El Fassi, a affirmé à l’AFP qu’il entendait maintenir son alliance avec les socialistes de l’USFP, les grands perdants du scrutin. "Nous respecterons les engagements que nous avons signés avec nos amis de la Koutla démocratique en vertu desquels nous devons nous concerter pour avoir une position commune sur la formation du gouvernement".
La Koutla, alliance créée en 1992 sous le règne du roi Hassan II, est composée de l’Istiqlal, de l’Union socialiste des forces populaires et du Parti du progrès et du socialisme qui étaient tous des partis d’opposition à l’époque.
Si l’Istiqlal et le PPS ont réalisé de bons scores par rapport à 2002 (respectivement 52 et 17 sièges), l’USFP a été le grand perdant du scrutin de vendredi avec seulement 36 députés, contre 50 il y a cinq ans. Sonnés par leur défaite, les socialistes sont divisés. "Il y a ceux qui veulent reconduire l’expérience de 2002, ceux qui exigent un débat interne pour déterminer dans quelles conditions participer au prochain gouvernement et enfin ceux qui sont hostiles à cette participation. Ce sont les instances du parti qui trancheront", a déclaré Ali Bouabid, un responsable de l’USFP et fils de l’ancien Premier secrétaire Abderrahim Bouâbid.
Si les socialistes choisissaient de rejoindre l’opposition, l’Istiqlal a la possibilité de s’allier avec des partis du centre-droit comme le Mouvement populaire (MP, berbériste) qui a obtenu 43 sièges et le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) qui a 38 députés.
Avec la transparence du scrutin reconnue par des observateurs étrangers et saluée par la communauté internationale et la prééminence du plus vieux parti du Maroc, le roi se trouve dans une position très confortable. "Le souverain est très à l’aise dans cette configuration, mais de toute façon il n’y a pas d’enjeu de pouvoir mais de gouvernance", estime Mohamed Layadi, professeur de sociologie à l’université de Casablanca.
Quant aux islamistes qui rêvaient de devenir la première force du pays, ils resteront selon toute vraisemblance dans l’opposition. "Nous sommes majoritaires en nombre de voix et nous avons obtenu cinq sièges supplémentaires mais les autres partis ont utilisé l’argent et les notables pour gagner", a affirmé le numéro deux du Parti Justice et Développement (PJD), Lahcen Daoudi.
"A moins que l’on fasse appel à nous, nous resterons dans l’opposition, nous continuerons le combat et nous préparerons les municipales de 2009. Cela fait dix ans que nous sommes dans l’opposition et nous gardons toute notre sève", a-t-il ajouté.
AFP