
Des députés ont souhaité la poursuite de l’importation au Maroc de déchets depuis l’Europe. C’était jeudi, lors de la séance plénière consacrée au vote du projet de loi de finances 2025.
Les craintes d’attentats ne devraient pas dissuader une bonne partie des électeurs marocains d’accorder leurs suffrages aux islamistes "modérés" du Parti pour la justice et le développement (PJD) lors des élections législatives de vendredi.
Le PJD, dont l’interdiction avait été un moment envisagée après les attentats suicide qui avaient fait 45 morts en 2003 à Casablanca, devancera vraisemblablement les 32 autres partis en lice pour le scrutin du 7 septembre.
Sept kamikazes s’inspirant d’Al Qaïda se sont fait sauter en mars et en avril derniers à Casablanca et un autre a tenté de faire exploser un autocar de touristes en août à Meknès.
L’organisation Al Qaïda au Maghreb islamique a annoncé en juillet qu’elle allait multiplier ses coups contre les dirigeants "corrompus" de la région.
Tout nouvel attentat avant les élections donnerait de nouvelles munitions à l’élite laïque marocaine, qui tient le PJD pour "moralement responsable" de ces violences d’inspiration djihadistes.
"Le risque d’attentats terroristes reste très présent, mais je ne crois pas que des attentats en pleine campagne auraient une influence sur l’élection", déclare pourtant Taoufik Bouachrine, expert en sécurité.
"La branche maghrébine d’Al Qaïda et les cellules qui lui sont liées n’ont pas d’ordre du jour politique précis. Ils veulent seulement répandre la peur et miner la confiance dans l’Etat", estime-t-il.
"ROYALISTES ET MODERES"
Les partis traditionnels s’efforcent d’établir un lien indirect entre PJD et terrorisme, en assurant que le premier fournit au second son corpus idéologique.
"Les électeurs devront choisir entre ceux qui veulent pousser le Maroc dans le tunnel noir de l’obscurantisme (...) et ceux qui défendent la démocratie et le progrès", affirme Mohamed el Yazghi, leader de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).
La direction du PJD récuse l’accusation. "Nous faisons tous partie du même front contre le terrorisme, que nous soyons socialistes ou islamistes", rétorque Lahcen Daoudi, un des chefs du PJD.
"Ce sont la misère sociale, la pauvreté et le chômage qui poussent les jeunes vers l’extrémisme. Nous, au PJD, nous sommes conscients qu’il faut expliquer aux gens que la violence est inutile", souligne-t-il.
Le PJD, qui dispose de 42 sièges sur 325 dans la Chambre des représentants sortante, fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption et se positionne comme le meilleur rempart contre le terrorisme.
"Je pense que des attentats terroristes bénéficieraient aux islamistes modérés car l’opinion publique les considère comme une alternative à l’islamisme radical", souligné Mohamed Darif, un spécialiste des groupes islamistes au Maghreb.
L’écrivain laïque Saïd Lakhal souligne au contraire que "le PJD est un parti religieux qui n’a pas renoncé à sa culture fondamentaliste et à la confrontation". Avec d’autres, il craint que l’islamisme ne conduise le Maroc sur la voie de la violence expérimentée par l’Algérie dans les années 1990.
Mais un diplomate occidental exclut cette hypothèse, du moins à court terme. "En Algérie, les islamistes cherchaient alors à remplacer l’establishment dominé par les militaires. Ici, les islamistes sont royalistes, plus modérés et réclament simplement de participer au pouvoir."
Lamine Ghanmi - Reuters
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