Ce projet, porté et promu initialement par les Italiens, a été rapidement adopté par les pays de l’Europe du sud. Après l’Espagne cette année, la France et le Portugal réfléchissent déjà à l’organisation des deux prochaines éditions. Au lieu de l’approche unilatérale adoptée dans ces deux éditions par l’Italie et l’Espagne, les Français pensent étendre la portée de l’événement. Ils étudient la possibilité de fédérer l’ensemble des pays du bassin nord avec leurs voisins du sud, en marge de la présidence française de l’Union européenne au deuxième semestre 2008. Mais cette option est encore au stade embryonnaire de réflexion.
La délégation marocaine à cet évènement est certes plus étoffée que l’édition précédente. Une dizaine d’entreprises ont fait le déplacement contre cinq l’année dernière. Mais ce nombre ne correspond ni à l’intérêt des entreprises espagnoles pour le Maroc, ni aux investissements potentiels. Les organisateurs s’attendaient à une participation marocaine plus importante. D’autant plus que le gouvernement de la communauté autonome de Valence avait signé un accord avec le ministre du Commerce et de l’Industrie pour les investissements de la région au Maroc. Rappelons que la quasi-totalité des investissements espagnols au sud de la Méditerranée est concentrée au Maroc. Cette présence limitée est liée, selon les participants, au manque de communication par rapport à l’événement.
Dans son plaidoyer pour le Maroc lors de la séance inaugurale, Mohamed Chaâbi, vice-président de la CGEM, s’est appuyé sur les indicateurs macro-économiques encourageants de 2006. Il a aussi rappelé les cadres d’investissement clairs que le Maroc s’est volontairement imposés (Emergence, Azur...). « Le Maroc offre des opportunités très profitables de cotraitance pour les entreprises espagnoles. Cela leur permettra de mieux conquérir les marchés internationaux », indique-t-il.
Pour sa part Leïla Sbiti, DGA des investissements extérieurs, a présenté les résultats de la dernière étude de perception menée par Ernst and Young auprès d’un échantillon d’entreprises étrangères par rapport à l’attractivité du Maroc. De part sa fonction à la tête du réseau Anima, qui rassemble les agences de promotion d’investissement dans la Méditerranée, elle a aussi plaidé pour l’attractivité de la région face à la prédominance de nouvelles destinations d’investissement (Chine, Inde...). « L’Europe est le premier partenaire économique du sud de la Méditerranée. Toutefois, cette région ne reçoit que 4 pour cent des investissements européens », précise-t-elle.
L’attractivité du Maroc pour les investisseurs espagnols fait des jaloux parmi ses voisins maghrébins. Les Algériens et les Tunisiens se sont déplacés en masse à Valence. Ils déclarent ouvertement leur détermination à décrocher une part plus importante des investissements espagnols en forte progression d’une année á l’autre. Les deux pays ont dépêché de fortes délégations officielles. De plus, une trentaine d’entreprises algériennes et une vingtaine d’autres tunisiennes ont pris part à l’événement. La Tunisie compte même installer une représentation permanente en Espagne pour promouvoir son image auprès des investisseurs espagnols. Quant à l’Algérie, elle se prépare à la visite du Roi d’Espagne Juan Carlos I.
Les arguments des Maghrébins se sont concentrés sur les chantiers d’infrastructures et l’ouverture renforcée de leur économie. L’Agence tunisienne de promotion des investissements (FIPA) propose même de faire venir les investisseurs intéressés à sa charge et les accompagner tout au long de leur processus d’implantation.
Outre ces deux pays, les autres participants se sont limités à une présentation standard de leur CV pour les investisseurs espagnols. Leurs délégations ont été beaucoup moins étoffées que celles des pays du Maghreb. Les tensions politiques au Machrek réduisent fortement l’attractivité de cette région pour les investissements européens, en dépit des efforts fournis principalement par la Jordanie. Le reste des participants présente une attractivité indéniable. Les représentants de la Turquie et d’Egypte offrent des arguments séduisants pour les Espagnols. Pour leur part, Malte et Chypre ont profité de leur adhésion à l’Union européenne pour devenir des hubs de services incontournables dans la région.
Face à ces sollicitations, les Ibériques présentent une offre claire. Ils sont convaincus de l’intérêt d’investir au sud de la Méditerranée. Mais ils exigent plus de visibilité par rapport au climat et procédures d’investissement. Les remarques concernent principalement la lenteur des procédures administratives et les niveaux élevés d’imposition.
La deuxième journée du congrès a été dédiée aux rencontres bilatérales entre les participants. Plus de 200 entreprises espagnols, tous secteurs confondus, ont pris part à l’événement. Leurs ambitions variaient de l’importation directe de leurs produits et services aux possibilités d’installation au sud de la Méditerranée. Encore faut-il qu’elles trouvent des interlocuteurs sérieux parmi les 80 entreprises du bassin sud représentées à l’événement.
L’Economiste