Considéré comme l’un des joueurs les plus prometteurs de votre génération, vous n’arrivez pourtant à faire parler de vous qu’au bout de dix ans de carrière professionnelle. Comment expliquez-vous ce retard à l’allumage ?
Au lendemain de mon départ du Moghreb de Fès, en 1997, pour l’AJ
Auxerre, j’ai eu un long passage à vide, dû essentiellement à des blessures répétées. Ce sont ces blessures qui ont handicapé ma carrière. Mais depuis 2001, date à laquelle j’ai rejoint le championnat des Pays-Bas, je n’ai pas eu à me plaindre. J’ai réussi de belles choses avec les deux clubs où j’ai joué, que ce soit avec Willem II ou l’AZ Alkmaar, avec lequel j’ai réalisé un bon parcours en coupe de l’UEFA. Cette saison, j’ai même remporté le championnat du Portugal avec le FC Porto, un club qui n’est plus à présenter. Seulement, mes performances étaient très peu médiatisées, en tout cas moins que ce but marqué contre l’Olympique de Marseille, ou ce dernier match avec la sélection marocaine. En plus, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions pour montrer ce que je valais, car je n’étais pas souvent appelé en équipe nationale. Aujourd’hui, je suis de retour.
Votre passage infructueux à l’AJ Auxerre n’était-il pas dû également à des rapports tendus avec l’entraîneur Guy Roux ?
Pas du tout ! C’est juste que j’ai été vraiment peu chanceux avec ce club. Lors de mon premier jour d’entraînement, je me suis fracturé la jambe. À mon retour, après des mois et des mois de repos et de rééducation, c’était au tour du genou ! Et c’était souvent ainsi. J’aurais préféré que mon passage à Auxerre se passe autrement, mais bon, le destin a tranché.
Votre départ à l’étranger n’était-il pas un peu prématuré, comme le pensent certains ?
Chacun est libre de faire les interprétations qu’il veut. Personnellement, je reste convaincu d’avoir fait le bon choix. À l’époque, j’avais vingt ans. J’avais besoin d’apprendre davantage et de perfectionner mon football. Je ne pouvais pas trouver mieux que l’AJ Auxerre pour réaliser ces objectifs. Ce club est réputé pour avoir l’un des centres de formation européens les plus performants. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’AJA était un grand club européen où évoluaient des joueurs de gros calibre et qui, à l’époque, participait régulièrement à la Ligue des champions.
Votre contrat avec le FC Porto expire bientôt. Comptez-vous le reconduire ?
Pour le moment, je n’y pense pas trop. Je me concentre pleinement sur la compétition, notamment la Ligue des champions et la prochaine Coupe d’Afrique des nations. Mais bon, il est clair que ça ne me dérangerait pas de rester à Porto. C’est quand même l’un des plus grands clubs d’Europe, qui est présent depuis des années en Ligue des champions. Mais si, demain, j’ai d’autres propositions, je prendrai le temps de les étudier.
Comment avez-vous vécu ce match France-Maroc ?
D’abord, c’était très émouvant de jouer dans l’un des plus grands stades européens, devant des dizaines de milliers de Marocains : on se serait cru au pays ! Quant au match lui-même, disons que nous ne sommes pas mécontents de ce que nous avons réalisé ce soir-là. Nous avons présenté une très belle image de notre football et prouvé que nous étions capables de rivaliser avec les plus grandes équipes. Au final, ce match, et la manière avec laquelle on l’a abordé, ont boosté notre moral et nous ont redonné confiance. C’est ce dont nous avions besoin avant la Coupe d’Afrique des nations.
Justement, pensez-vous que les Lions de l’Atlas montreront le même visage durant la CAN ?
Il est clair que jouer à moins deux degrés ou à quarante degrés, ce n’est pas la même chose. Mais en tout cas, il faudra que nous fassions preuve de volonté et de professionnalisme pour nous adapter à toutes les situations. Durant cette CAN, il va falloir jouer avec la même détermination et le même état d’esprit qu’au Stade de France. Et n’oublions pas que les conditions difficiles ne s’appliquent pas seulement à nous, mais aussi à l’adversaire. C’est donc l’équipe la mieux préparée qui ira le plus loin dans cette compétition. Et nous ferons tout pour que ce soit la nôtre.
TelQuel - Mehdi Sekkouri Alaoui