
Dans une interview, Walid Regragui, sélectionneur des Lions de l’Atlas, a affirmé que « l’équipe du Maroc est l’une des plus difficiles à entraîner ».
L’AS Nancy et les Girondins de Bordeaux, respectivement 2ème et 3ème du championnat de France, réalisent un excellent début de saison. Les Marocains Youssouf Hajji et Marouane Chamakh n’y sont pas pour rien, et comptent bien faire profiter les Lions de l’Atlas de leur forme actuelle.
Les Marocains rêvent d’un titre continental, ont-ils raison d’y croire ?
Chamakh : Je crois que oui. On a à peu près le même groupe qu’en 2004, mais tout le monde a plus d’expérience. On a tous progressé. Beaucoup de choses se sont passées, comme cette élimination en
Coupe du monde. Elle s’est jouée à un quart d’heure près. Ensuite, il y a eu cette Coupe d’Afrique où on est tombés dans le groupe de la mort, avec la Côte d’Ivoire et l’Egypte, qui sont arrivées toutes les deux en finale. Tout cela s’est joué sur pas grand-chose. Mais vu le groupe et vu l’état d’esprit, je suis confiant.
Hajji : Quand on voit nos matchs amicaux, on a le droit de rêver. On connaît nos qualités, on a des joueurs qui explosent actuellement. Cela me rappelle l’avant CAN 2004. Tout le monde est en pleine forme, mais cette fois, on nous attend.
Vous avez une revanche à prendre ?
Hajji : Oui, je le sens comme ça. On a loupé quelque chose. On a fait un bon parcours en 2004, mais on a loupé la CAN 2006 et la qualification pour la Coupe du monde 2006. D’ailleurs, je pense qu’on a été éliminés au Kenya plus qu’en Tunisie. Aujourd’hui, on a l’opportunité de rattraper tout ça, on en est conscient.
Que vous a apporté Henri Michel ?
Chamakh : De la sérénité, de la confiance. Il y a une meilleure ambiance dans le groupe, et ça se ressent sur le terrain. Mais attention, on bosse dur. Le préparateur physique ne nous fait pas de cadeau. Et puis, Henri Michel, c’est quelqu’un qui compte. Je me souviens de l’équipe de 1998, c’est celle qui m’a fait rêver.
Hajji : Il nous laisse beaucoup de liberté offensive, il aime le jeu… Quand on a le ballon, on peut permuter, on peut jouer comme on veut. ça tombe bien, parce qu’on a les joueurs pour ça. Et en phase défensive, c’est très rigoureux…
Vous vous sentez plus forts aujourd’hui qu’en 2004 ?
Hajji : Je sais qu’on est plus forts, mais ça va être complètement différent. On a fait deux CAN dans des conditions européennes, en Tunisie et en Egypte. Le Ghana, c’est autre chose. Mais nos matchs amicaux me donnent de bonnes raisons d’espérer.
Marwane, raconte-nous ton faux départ pour Lyon l’an passé ?
Chamakh : C’est vrai que je voulais partir jouer la Ligue des Champions, jouer le titre. Et Lyon a insisté plus de trois mois. Aujourd’hui, c’est digéré, mais la même année, il y a eu la non-qualification pour la Coupe du monde. Pendant un mois, en championnat de France, je ne pensais qu’à ce match contre la Tunisie à Radès. À la mi-temps, on s’est tous regardés en nous disant qu’on avait fait le plus dur, qu’on était à 45 minutes de la qualification, qu’il faut tout donner, quitte à vomir. Il ne nous ont pas fait peur. C’est vrai qu’ils nous avaient bien bougés à Rabat… Mais à Radès, c’est eux qui avaient peur.
Passons aux bons souvenirs, le but contre l’Algérie ?
Chamakh : Je me rappelle de tout, surtout du contexte. Je venais d’arriver, je n’avais pas saisi l’importance de ce match. Lorsqu’on a appris qu’on jouait contre l’Algérie, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner, tout le monde me disait que c’était le match à ne pas perdre. Et là, j’ai compris, et je me suis mis une pression terrible tout seul, la plus grosse de ma vie. Lorsqu’on perd 1-0, je tape le poteau, je me dis que ça ne rentrera jamais, j’en avais déjà les larmes aux yeux. Puis, il y a eu l’égalisation, la délivrance, un tremblement de terre. Aujourd’hui encore, les gens me parlent de ce but, en France comme ici.
Finalement, qu’est-ce qui pourrait nous arrêter ?
Chamakh : La pression, il faut la gérer correctement. À mon avis, tout peut bien se passer. L’ambiance est bonne, il n’y a pas de clans.
Hajji : Oui, la seule chose qui me fait peur, c’est nous-mêmes, la pression qu’on peut se mettre tout seuls. On sait qu’en pleine confiance, on peut battre tout le monde. Alors, il faut jouer en confiance.
TelQuel - Réda Allali
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