L’industrie pharmaceutique marocaine de plus en plus compétitive

19 août 2007 - 01h10 - Economie - Ecrit par : L.A

L’industrie pharmaceutique marocaine a connu ces dernières années une évolution tant quantitative que qualitative. L’Organisation Mondiale de la Santé l’a même notée à égalité avec ses consoeurs européennes. Mais les responsables de ce secteur affirment que le Maroc doit augmenter la formation et les investissements s’il souhaite devenir un véritable acteur sur les marchés mondiaux.

Au cours des vingt dernières années, l’industrie pharmaceutique marocaine a enregistré une croissance considérable. Ses salariés sont pleinement satisfaits de ces résultats, mais affirment que beaucoup reste encore à faire pour asseoir un développement durable. Selon l’Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique (AMIP), les performances de ce secteur et son niveau d’expertise sont désormais reconnus par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui le classe à égalité avec son homologue européen.

En 1965, le Maroc ne comptait que huit usines pharmaceutiques, contre trente-cinq aujourd’hui, dont la production répond aux normes de qualité internationales. Ces usines ont un chiffre d’affaires annuel combiné de cinq milliards de dirhams et sont évaluées à plus de deux milliards de dirhams au total. Les investissements annuels totalisent plus de trois cents millions de dirhams et le secteur emploie 37 000 personnes. En moyenne, huit à dix pour cent de la production sont exportés vers des pays européens, arabes, asiatiques et africains.

Le président de l’AMIP, Omar Tazi, affirme que l’industrie pharmaceutique marocaine permet au pays "de disposer des traitements essentiels et d’assurer l’auto-suffisance du pays en termes de médicaments, ce qui en fait un secteur industriel stratégique pour le pays". L’entrée en vigueur de la couverture médicale obligatoire a également eu un impact sur cette industrie, qui a enregistré une augmentation de dix pour cent de ses ventes au cours du premier trimestre de cette année.

Mais ce secteur a néanmoins perdu une partie de sa part de marché intérieur. Les entreprises marocaines fournissaient entre 80 et 85 pour cent de la demande intérieure il y a cinq ans, et elles ne satisfont aujourd’hui plus de 70 pour cent de celle-ci. Les 30 pour cent restants sont couverts par des importations à faible coût, essentiellement en provenance d’Europe.

Cette perte de parts de marché ne semble toutefois pas inquiéter les experts. M. Tazi affirme qu’il est acceptable d’importer plus, dans la mesure où la demande de médicaments sophistiqués qui ne sont pas produits localement a augmenté. Comme les consommateurs dans d’autres pays, les Marocains cherchent de nouvelles thérapies. Ils ont besoin de nouveaux médicaments, dont la plupart ne sont pas produits localement, parce que les coûts de recherche et de développement sont très élevés.

Selon l’AMIP, une étude des classes thérapeutiques montre que dans leur immense majorité, les médicaments sont destinés à aider le système digestif et le métabolisme, traiter les infections et le système nerveux central. Ce dernier représente près de la moitié du marché.

Les salariés du secteur ont formulé quelques revendications. Ils espèrent que les autorités apporteront soutien et investissement pour renforcer la compétitivité du secteur sur le plan mondial. Les fabricants locaux sont obligés d’améliorer en permanence leurs équipements et leurs conditions de travail. M. Tazi explique que bien que l’industrie pharmaceutique n’ait eu que peu de problèmes pour adhérer aux normes européennes, la situation concernant les normes américaines est plus complexe et nécessitera une augmentation significative des investissements.

Les pharmaciens ont appelé à des réformes du secteur. Mohamed Lghaouti Laghdef, président du Conseil Régional de l’Ordre des Pharmaciens du Nord, a indiqué que la profession devrait être revue, en mettant plus l’accent sur la spécialisation dans le domaine pharmaceutique, comme le font la plupart des pays développés. "Au Maroc, 77,5 pour cent des pharmaciens travaillent dans des dispensaires. Le reste travaille dans la biologie (250 pharmaciens) ou l’industrie (150 pharmaciens). Seuls deux pour cent des pharmaciens travaillent pour l’Etat", précise-t-il.

Magharebia - Sarah Touahri

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Compétitivité

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 31 décembre

Le gouvernement vient d’annoncer, une nouvelle fois, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national.

Le Maroc forme 2800 médecins et 5600 infirmiers pour la médecine de famille

Afin de développer et consolider la médecine de famille en facilitant l’accès aux soins et services de santé aux Marocains, le gouvernement entend former 2800 médecins et 5600 infirmiers d’ici 2030.

Une maladie menace les enfants marocains

La propagation de la maladie de leishmaniose dans plusieurs provinces marocaines préoccupe le Parlement. Une députée a interpellé le ministre de la Santé et de la Protection sociale Khalid Ait Taleb sur ce sujet.

Le Maroc met fin à la fiche sanitaire

Quelques jours après avoir annoncé la fin de l’état d’urgence sanitaire, les autorités marocaines portent à la connaissance des voyageurs que la fiche sanitaire n’est plus une obligatoire pour accéder au territoire.

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

Maroc : bonne nouvelle pour le personnel de la santé militaire

Au Maroc, le gouvernement a décidé de revaloriser les primes de risque attribuées au personnel de la santé militaire bénéficiant du statut de salariés des Forces armées royales (FAR).

Atteint par le Covid-19, Noussair Mazraoui donne de ses nouvelles

L’international marocain Noussair Mazraoui a reçu le soutien de ses fans qui ont appris qu’il a attrapé le Covid-19 lors de sa participation à la coupe du monde Qatar 2022. À son tour, il leur a exprimé sa gratitude.

Diabète : les précautions pour passer un mois de Ramadan en toute sérénité

Le mois de Ramadan est un mois sacré pour les musulmans. Néanmoins, quelques précautions sont à suivre scrupuleusement par certaines personnes à risque souffrant de maladies chroniques, telles que le diabète.

Ces plantes qui empoisonnent les Marocains

L’intoxication par les plantes et les produits de pharmacopée traditionnelle prend des proportions alarmantes au Maroc. Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) alerte sur ce problème de santé publique méconnu du grand public.

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.