Immobilier : les dessous-de-table qui plombent les acheteurs marocains

26 mai 2024 - 14h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

La députée du groupe parlementaire du progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, Loubna Sghiri dénonce les promoteurs immobiliers qui ont mis en place un système généralisé de « noir » et escroquent les demandeurs de logements sociaux. Elle appelle la ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, Fatima Zahra Mansouri, à agir.

Les dessous-de-table dans le logement social au Maroc font polémique. Dans une question écrite adressée à la ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, Fatima Zahra Mansouri, la députée Loubna Sghiri a affirmé que plusieurs personnes à Casablanca, comme dans d’autres villes du royaume, ont été surpris, lors de leurs recherches pour acheter des appartements de logement social fixés au prix de 250 000 dirhams, de trouver des promoteurs proposant des appartements à des prix allant de 310 000 à 350 000 dirhams sous prétexte que ces appartements sont bien équipés. Selon elle, il est inadmissible de contraindre les citoyens concernés à payer des dessous-de-table, alors que la licence obtenue par le promoteur concerne un projet de logement social dont le prix est fixé à 250 000 dirhams.

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Autre fait dénoncé par l’élue : plusieurs promoteurs refusent, selon elle, que les citoyens recourent à la banque pour acheter des appartements par le biais de prêts, pour des raisons obscures. Dans le cas échéant, ils exigent que les futurs acheteurs paient 80 % du prix de l’appartement en espèces. Ainsi, le promoteur peut ajouter 60 000 dirhams et plus au prix de l’appartement, pour le vendre à 310 000 dirhams, ce qui représente pratiquement la valeur de la subvention que l’État accorde à chaque citoyen qui achète un appartement de logement économique, dénonce encore la députée, précisant par ailleurs que plusieurs promoteurs ont contraint des personnes à payer 20 000 ou 30 000 dirhams en plus du prix de l’appartement fixé à 250 000 dirhams.

Après avoir dépeint un tableau sombre de la situation, Loubna Sghiri demande à Fatima Zahra Mansouri, d’en finir avec les lobbies de la corruption qui privent l’État de ses ressources en fraudant sur les licences, en évitant de payer des impôts par le biais des dessous-de-table et en escroquant les citoyens en détournant les subventions financières qui leur sont destinées pour les encourager à acheter des logements.

À lire :Les MRE bénéficient d’une exonération fiscale pour l’achat de logements sociaux

Au 23 mai 2024, 11 749 personnes ont déjà pu bénéficier de l’aide directe au logement, sur un total de 73 711 demandes déposées. De nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont sollicité cette aide. Avec un taux de 35,9 %, la région Fès-Meknès est en tête, suivie de la région Casablanca-Settat (34,54 %), puis de la région de l’Oriental (6,5 %) et enfin de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (environ 4 %). L’aide accordée varie en fonction du prix du logement et des revenus du ménage. Elle permet ainsi aux bénéficiaires de financer une partie de l’acquisition. Pour 57 % des demandes acceptées, le prix du logement se situe entre 300 000 et 700 000 dirhams.

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