
Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.
Les dix condamnations à la peine capitale d’islamistes, samedi à Casablanca, ont donné le signal d’une guerre sans merci des autorités marocaines contre l’intégrisme islamiste jugé responsable des sanglantes attaques terroristes du 16 mai.
Dix peines de mort ont été prononcées dans la nuit de vendredi à samedi au terme d’un procès marathon contre 31 intégristes membres présumés de la Salafia Jihadia, un groupe marocain interdit impliqué dans les attentats-suicide du 16 mai à Casablanca.
Il s’agit du premier procès engagé contre un groupe islamiste après ces attentats qui ont fait 44 morts, dont 12 kamikazes, avec de lourdes condamnations prononcées malgré le fait que les prévenus avaient tous été arrêtés avant ces attaques, dans le cadre de diverses affaires de meurtre et d’agressions.
De nombreux autres procès sont attendus au cours des mois à venir dans différentes villes marocaines, avec sans doute d’autres condamnations à mort, lors de la comparution de près de deux cents prévenus arrêtés dans le cadre d’une vaste enquête lancée dans les milieux intégristes après le 16 mai.
L’enquête, qui se poursuit, a conduit jusqu’à présent à l’inculpation de 187 personnes, concernées "directement ou indirectement" par ces attentats, selon un décompte fait par l’AFP sur la base des indications obtenues auprès des parquets de Casablanca, Rabat, Kénitra et Tanger. Presque tous sont accusés d’appartenir à l’organisation Salafia Jihadia.
Dans le même temps une soixantaine d’autres intégristes présumés ont été inculpés par différents tribunaux du royaume pour diverses charges, notamment pour incitation à la violence, constitution de bande criminelle ou enlèvement.
Les autorités judiciaires marocaines paraissent décidées à sanctionner très sévèrement l’affiliation à des groupes intégristes interdits, assimilés à des organisations terroristes et tombant de ce fait sous le coup d’une nouvelle législation antiterroriste, très musclée, adoptée après les attentats.
Pour le groupe de Youssef Fikri jugé samedi, la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca, statuant en première instance, a prononcé, outre les peines de mort, des peines de prison à perpétuité pour huit prévenus, de 20 ans de prison pour sept accusés et de 10 ans pour cinq autres. Un accusé s’est vu infligé un an de prison.
Youssef Fikri, 25 ans, baptisé "l’émir du sang" dans la presse marocaine, chef présumé du groupe condamné, avait reconnu devant le tribunal avoir "tué les ennemis de Dieu". Il a été condamné à mort en même temps que Mohamed Damir, considéré comme son principal lieutenant.
Les huit autres condamnés à mort, âgés de 27 à 38 ans, l’ont tous été soit pour homicide volontaire, dans le cadre de divers meurtres commis au cours des deux dernières années, soit pour tentative d’homicide avec préméditation.
Les défenseurs ont huit jours pour introduire des pourvois en cassation.
Après l’annonce des premières peines capitales, la lecture de la suite des verdicts a été rendue quasiment inaudible dans la salle d’audience par un brouhaha émanant du banc des accusés, qui scandaient "Allah Akbar" (Allah est grand).
"Tu vas mourir en martyre", a lancé Mohamed Damir à l’un de ses co-inculpés lorsque son nom a été prononcé dans la liste des condamnés à la peine capitale.
Au cours de leurs plaidoiries, les avocats de la défense avaient souligné des irrégularités de procédures, des dépassements des délais de garde à vue, des imprécisions contenues dans les dossiers de police, et l’absence de "preuves irréfutables".
AFP
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