Gonzalez Laya « sacrifiée » pour calmer la colère du Maroc

12 juillet 2021 - 10h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

La ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a été éjectée samedi du gouvernement à l’occasion du dernier remaniement opéré par Pedro Sanchez. L’Exécutif espagnol a trouvé en elle le fusible idéal pour tenter d’apaiser le Maroc dans la grave crise ouverte depuis l’accueil en avril de Brahim Ghali, leader du Front Polisario, dans un hôpital de Logroño.

En sortant Gonzalez Laya de son gouvernement, Pedro Sanchez fait un pas vers le Maroc avec qui l’Espagne est en crise depuis le 18 avril, date à laquelle Brahim Ghali a été admis dans un hôpital de Logroño pour « raison humanitaire ». Mais les origines de la tension entre les deux pays remontent à décembre lorsque le président Donald Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le Maroc avait alors lancé une diplomatie offensive pour amener l’Espagne à suivre l’exemple des États-Unis, écrit Ignacio Cembrero sur Elconfidencial.

À lire : Arancha González Laya emportée par la crise avec le Maroc

Avec la survenue de la crise migratoire de Ceuta, la ministre González Laya était devenue pour Rabat et pour certains partis espagnols comme le PP, la femme à abattre. En juin, Teodoro Garcia Egea, le secrétaire général du PP avait exigé la démission de González Laya pour sa gestion « calamiteuse » de la crise diplomatique avec le Maroc. Ces déclarations ont été fortement relayées par la presse marocaine, et principalement par la MAP, révélant l’aversion que suscitait Laya pour Rabat. Dans une déclaration en date du 27 mai à Rabat, l’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, rappelée par le gouvernement marocain au début de la crise, a aussi accusé Gonzalez Laya « de déformer les faits et de faire des commentaires inappropriés ».

À lire : Arancha González Laya tente de calmer la crise Maroc-Espagne en toute discrétion

Selon la presse marocaine, le départ de Gonzalez Laya constitue certes un geste d’apaisement de la part de Sanchez, mais « suffira-t-il à tourner la page de la crise entre Rabat et Madrid ? », s’interrogent certains médias marocains qui estiment que Rabat va continuer à insister pour que le gouvernement espagnol revoie sa position sur le Sahara.

Manuel Albares, 49 ans, diplomate de carrière, est le nouveau chef de la diplomatie espagnole. Il était depuis 18 mois, l’ambassadeur de l’Espagne en France. Pour le Maroc, Luis Planas, le ministre de l’Agriculture aurait été un bon choix pour ce poste au regard de son parcours. Ancien ambassadeur d’Espagne à Rabat (2004-2010), il est aussi favorable à l’offre d’autonomie pour le Sahara occidental formulée en 2007 par le Maroc.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Diplomatie

Aller plus loin

Pedro Sanchez a limogé Arancha Gonzalez Laya à la demande du Maroc

Le président Pedro Sanchez a démis de ses fonctions l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzales Laya, une semaine après que les autorités marocaines en ont...

Affaire Ghali : l’ex-ministre Arancha Laya convoquée par le juge

L’enquête sur l’entrée de Brahim Ghali en Espagne en avril dernier semble se diriger vers la responsabilité directe de l’ex-ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha...

Le nouveau ministre Albares veut «  renforcer les relations avec le Maroc  »

Le tout nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a officiellement pris fonction ce lundi. Dans son discours, le nouveau patron de la diplomatie...

L’Espagne multiplie les opérations de charme envers le Maroc

L’Espagne multiplie les gestes de bonne volonté envers le Maroc. Le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, a déclaré sur une chaîne locale que « le Maroc est un pays ami et un...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Maroc : pressions pour rompre les relations avec Israël

Alors que Israël intensifie sa riposte contre le mouvement palestinien du Hamas, de nombreux Marocains multiplient les appels à rompre les relations diplomatiques entre le Maroc et l’État hébreu. Au Maroc, de nouvelles manifestations ont été organisées...

La France adopte la carte du Maroc intégrant le Sahara

Après avoir changé sa position sur la question du Sahara, la France a adopté la carte complète du Maroc et de ses provinces du Sud. C’est du moins ce que semble montrer la télévision française.

Le plan de Staffan de Mistura sur le Sahara suscite la colère du Maroc

La proposition de partition du Sahara formulée par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité n’est pas du goût de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la...

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.