France : les imams vent debout contre le projet de « labellisation »

2 décembre 2020 - 14h00 - France - Ecrit par : S.A

La création d’un Conseil national des imams (CNI) en France confiée au Conseil français du culte musulman (CFCM) n’est pas du goût de bon nombre d’imams indépendants et de certaines organisations musulmanes. Ils voient à travers le futur CNI une instance propice pour l’entérinement de l’ingérence totale des pays étrangers sur l’islam de France.

Le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) «  émet des réserves sérieuses quant à son efficacité, sa pérennité, sa dépendance vis-à-vis des pays étrangers et l’adhésion de la base à ce projet  », indique un communiqué publié au nom du CMR par le recteur de la Grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane. Pour le responsable, le CNI ne fera que «  renforcer le désintérêt que les musulmans de France cultivent depuis 2003 à l’égard  » du CFCM. Puisque ce sont les présidents des neuf fédérations musulmanes qui composent le CFCM (qui ne sont pas imams) ainsi qu’un imam par fédération, choisi par son président qui dirigeront le futur conseil.

«  Comment ça se fait qu’on impose par le haut un Conseil national des imams ? Les imams sont majeurs et vaccinés, et sont capables de s’organiser d’eux-mêmes  », réagissait dans les colonnes du journal Le Monde l’imam Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux. Mohamed Bajrafil, lui, a décidé, vendredi 20 novembre, de cesser d’être imam. Pour lui, l’annonce de ce CNI a été «  la goutte d’eau  ». «  Le CFCM propose de me ’labelliser’ comme imam, alors que je suis universitaire et j’officie depuis 21 ans sans n’avoir jamais été salarié par une mosquée !  », s’est-il indigné, auprès de La Croix.

«  De quel droit un professeur de mathématiques, un avocat ou un chauffeur de bus (certaines des professions des présidents de fédérations du CFCM, NDLR.) viennent nous donner des leçons ? Les imams sont des professionnels qui ont besoin d’être formés, accompagnés et rémunérés, pas des enfants à qui l’on peut taper sur les doigts dans une démarche populiste !  », fulmine de colère Abdelali Mamoun, imam indépendant exerçant dans le Val-de-Marne.

Aux yeux des imams qui s’opposent au futur CNI, le président français Emmanuel Macron se fourvoie quant à sa méthode d’éradiquer «  l’islam consulaire  ». «  Le CFCM devrait plutôt s’appeler CECM, Conseil étranger du culte musulman  », ironise M. Mamoun. Celui-ci rappelle que les fédérations du CFCM entretiennent des liens rapprochés avec l’Algérie, le Maroc et la Turquie. «  L’organisation du culte subissait déjà l’ingérence consulaire, et cela va maintenant être au tour des questions théologiques ! Avec le CNI, l’État français entérine l’ingérence totale des pays étrangers sur l’islam de France  », redoute-t-il.

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