France : Un élève marocain souffrant de troubles exclu, sa famille porte plainte

15 juin 2024 - 18h00 - France - Ecrit par : S.A

La juge des référés du tribunal administratif de Rennes a donné raison au directeur de l’école Port-Horel, qui a exclu pour cinq jours un élève marocain souffrant « de troubles du comportement qui se caractérisent par de l’impulsivité et des réactions parfois inappropriées » et ayant commis des « gestes déplacés » sur des camarades de classe.

Élève en CM2 à l’école primaire publique Port-Horel, un adolescent marocain de 12 ans avait été écarté pour cinq jours, du 10 au 14 juin 2024, par une décision du directeur en date du 28 mai 2024. Sa mère déplore cette décision et saisit le 5 juin le tribunal administratif de Rennes dans le cadre d’un référé-liberté, une procédure d’extrême urgence destinée à sanctionner les atteintes « graves » et « manifestement illégales » aux libertés fondamentales consacrées par la Constitution (liberté d’expression, liberté de réunion, etc.), rapporte franceinfo. Dans son recours, elle explique que « le directeur porte une atteinte grave et manifestement illégale au droit à l’égal accès à l’instruction. […] La suspension intervient au moment du voyage scolaire de fin d’année, et le refus de faire participer un enfant au voyage […] constitue une discrimination fondée sur son handicap. » Selon les explications de sa mère, cet adolescent marocain arrivé en France en décembre 2022 souffre d’un Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) « associé à un léger déficit intellectuel ». Selon elle, ce bannissement du voyage de fin d’année allait « porter atteinte à l’état psychologique déjà fragile » de son enfant, qui a « déjà subi de nombreux traumatismes avant d’arriver en France ». Et de déplorer : son fils avait avant tout « besoin d’un accompagnement adapté » et de la mise en œuvre du protocole pHARe – un programme de lutte contre le harcèlement à l’école – « questionne sur la bonne compréhension des faits et sur la véracité des propos recueillis ».

À lire :Élève exclue pour port d’abaya : un père en garde à vue

La mère de l’adolescent marocain n’a cessé de répéter que le « caractère intentionnel de son comportement […] ne peut être retenu. « L’équipe pédagogique a amalgamé troubles du comportement et comportement perturbateur », fait-elle remarquer, arguant que son fils se trouve « à un âge déterminant dans l’acquisition des savoirs et l’apprentissage du vivre-ensemble ». Dans son recours, elle a tenté de contraindre l’école primaire publique de Plérin à accueillir de nouveau son fils, avec une pénalité de 200 € par jour de retard, et cela « jusqu’au terme de sa scolarité » prévue le 5 juillet 2024. Dans une ordonnance en date du 6 juin 2024 qui vient d’être rendue publique, la juge des référés du tribunal administratif de Rennes a débouté la mère du petit Marocain. Si elle admet que la « privation pour un enfant de toute possibilité de bénéficier d’une scolarisation […] est susceptible de constituer une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale », elle note toutefois que « la décision […] a été prise au terme du constat de faits répétés impliquant [l’enfant] au cours des derniers mois. « Ainsi, à la suite d’un signalement d’une famille, le protocole pHARe […] a été mis en œuvre au sein de la classe […] à la fin du mois de janvier, celui-ci se montrant agressif tant physiquement que verbalement envers les autres enfants ».

À lire :Rabat : un élève Marocain expulsé, le fils de l’ambassadeur épargné

La magistrate ajoute : « Les différents intervenants […] ont relevé qu’il éprouvait des difficultés dans la gestion de ses émotions lorsqu’il est contrarié, qu’il n’avait pas encore acquis l’ensemble des codes sociaux, n’avait pas encore réellement accepté ni intégré les règles de la vie collective, ce qui entraînait un comportement parfois inadapté avec ses pairs allant jusqu’à des gestes déplacés ». « Plusieurs mesures ont également été mises en œuvre au cours des mois qui ont précédé la décision […] pour tenter de faire cesser les agissements de [l’enfant], mesures qui n’ont pas permis de faire évoluer son comportement favorablement. […] Dans ces conditions, une exclusion limitée à cinq jours ne remet pas en cause la poursuite normale des études [de l’enfant] pour l’année en cours et ne saurait être regardée comme portant une atteinte manifestement illégale au droit de l’instruction », tranche-t-elle.

À lire :Espagne : une élève voilée interdite de suivre les cours

S’agissant de l’indemnité réclamée (500 €) par la requérante, pour son « préjudice psychologique », la magistrate déclare qu’il « n’appartient pas » à un juge des référés de se prononcer sur des « conclusions indemnitaires ». Il faudra attendre dix-huit mois à deux ans pour que le tribunal statue sur la légalité de cette décision du directeur de l’école Port-Horel par le biais d’une formation collégiale de trois juges. Au cas où cette décision serait jugée illégale, « la mère de l’enfant serait en droit de demander des dédommagements. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Rennes - Education - Enfant - MRE

Aller plus loin

Menacé d’expulsion, Amine, handicapé et élève brillant, restera finalement en France

Le tribunal administratif a tranché en faveur d’Amine Hachimy, élève brillant, lourdement handicapé, menacé d’expulsion vers le Maroc. La préfecture de la Gironde qui avait...

Élève exclue pour port d’abaya : un père en garde à vue

Visé par une plainte, le père d’une élève en abaya du lycée Ambroise-Brugière à Clermont-Ferrand, a été arrêté puis placé en garde à vue.

Espagne : une élève voilée interdite de suivre les cours

Une adolescente de 14 ans a été interdite d’accès en salle de classe à Malaga pour avoir porté le hijab. Sa famille dénonce l’acte « islamophobe » et demande sa réintégration...

Une vidéo crée l’émoi en Inde, un élève humilié en classe car musulman (vidéo)

Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux suscite la polémique en Inde. On y voit une enseignante encourager des élèves de sa classe à frapper un de leur camarade, apparemment...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

La directive européenne sur les banques étrangères exerçant dans l’Union européenne (UE) inquiète les autorités et les banques marocaines qui craignent une baisse drastique des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) du fait de cette...

Les Marocains du monde, au cœur d’une importante réunion à Rabat

Le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, a présidé la dixième réunion de la Commission ministérielle dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE)à Rabat hier, jeudi. Dans le cadre de cette réunion, il a mis en avant l’engagement du...

Marocains de l’étranger : des transferts d’argent records

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont envoyé 91,52 milliards de dirhams (MMDH) au Maroc entre janvier et septembre 2024.

La justice espagnole sépare une famille marocaine : Nasser Bourita réagit

Suite à la décision de la justice espagnole de retirer la garde des enfants à une famille marocaine établie dans le nord du pays, le ministère des Affaires étrangères a tenu à commenter cette décision et fournir quelques détails.

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Prix des billets de bateau pour les MRE : un réduction de 25 % ?

Une augmentation de 28 % du nombre des arrivées des Marocains résidant à l’étranger (MRE) a été constatée depuis le lancement de l’Opération Marhaba, selon Mohamed Abdeljalil, le ministre du transport et de la logistique, à la Chambre des Conseillers,...

Les transferts des Marocains du monde encore en forte hausse

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger se maintiennent à la hausse, selon les derniers chiffres dévoilés par l’Office des changes.

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements du primaire d’ici à l’année 2029-2030.

MRE : voici ce qui est interdit d’importer au Maroc

Chaque année, des millions de MRE rentrent au Maroc, notamment durant les vacances d’été. Par tradition, ils apportent des cadeaux pour la famille. Mais attention : la douane veille sur certains produits interdits ou d’autres qui nécessitent une...

Écoles privées au Maroc : mauvaise nouvelle pour les parents

Mauvaise nouvelle pour des parents d’élèves au Maroc. Des écoles privées prévoient d’augmenter encore leurs frais de scolarité à la rentrée prochaine.