« La virginité est une obsession au Maroc »
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Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé la pénalisation des certificats de virginité que les médecins délivrent à leurs patientes dans le cadre d’un mariage religieux. Cette idée n’est pas du goût de la gynécologue Ghada Hatem.
"Certains médecins osent encore certifier qu’une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l’ordre des médecins. On va non seulement l’interdire formellement mais proposer la pénalisation", a déclaré le ministre dans interview accordée au journal Le Parisien. Son souhait c’est de pénaliser les médecins qui délivrent ces certificats aux jeunes femmes.
"Je pense qu’il vaudrait mieux punir les parents qui exigent ça que le médecin qui essaye d’aider sa patiente. Je pense qu’on prend le problème à l’envers", a déclaré à LCI la gynécologue obstétricienne, Ghada Hatem. Pour elle, ce projet de loi "n’a pas de sens". Elle dit recevoir environ deux personnes par mois dans son cabinet mais délivre parfois le certificat de virginité à des patientes dont la vie est en danger.
"Oui, je fournis parfois un certificat à une jeune femme que je n’examine même pas. Si elle a besoin d’un papier disant qu’elle est vierge pour lui sauver la vie, pour qu’on arrête de l’emmerder, je le fais. Je lui explique que je suis désolée, que je regrette qu’elle doive en passer par là", confie-t-elle. Selon elle, tout ça est beaucoup plus subtil que ce que le gouvernement veut faire croire. "Je pense qu’il faut écouter les femmes, les encourager à parler, faire de la pédagogie, et par moment essayer de les protéger", suggère la spécialiste.
"La plupart du temps, nous ne faisons pas de certificat, mais quand nous le faisons, c’est parce que nous pensons qu’il y a un danger de mort pour cette fille. Parce que sinon, elle va être emmenée au bled, ira voir un gynécologue du bled, et si elle n’est pas vierge, ça va chauffer pour elle", poursuit la gynécologue. Elle appelle le gouvernement à laisser les médecins tranquilles, les laisser faire leur boulot et juger de ce qui leur paraît bien pour leurs patientes. "Je ne comprends pas qu’on veuille légiférer là-dessus, comme s’il s’agissait du problème numéro un de la France, de la laïcité et de l’intégration", s’indigne-t-elle.
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