Les Marocaines déterminées à peser sur la vie politique

6 septembre 2007 - 21h52 - Maroc - Ecrit par : L.A

Si la législation marocaine réserve déjà à la gent féminine 10% des sièges qui seront attribués vendredi à l’occasion des élections législatives, les militantes estiment que le royaume doit poursuivre sa marche vers la parité en politique.

D’aucuns estiment que la réforme, adoptée en 2002, a fait plus de mal que de bien en encourageant la complaisance d’une élite masculine plus soucieuse de son image à l’étranger que de la modernisation de la vie politique.

"Nous avons encore une longue route devant nous, bien que les femmes aient abattu beaucoup de travail à l’Assemblée", juge Khadija Roubbah, membre de l’Association démocratique des femmes du Maroc, qui milite pour la parité en passant par une étape intermédiaire d’un tiers de sièges réservés aux candidates.

"Nous devons accroître le rôle parlementaire des femmes, mais la mentalité masculine continue à régir les partis et le Parlement", déplore-t-elle.

L’augmentation de la représentation féminine est jugée essentielle sur la voie de l’ouverture d’un système politique régi par la tradition et pour l’évolution des droits des femmes dans le monde du travail comme dans les foyers.

"Mieux placées pour régler les problèmes sociaux"

"Il est injuste que les femmes ne soient pas mieux représentées. Les femmes sont meilleures que les hommes pour la gestion de l’économie et des questions sociales, elles sont donc mieux placées pour régler les problèmes sociaux", estime Asmaa Ouazzani, un secrétaire de 38 ans.

En vertu de la loi adoptée en 2002, 30 sièges sont désormais réservés à une liste nationale de candidates à la Chambre des représentants. Les 295 autres députés sont élus sur la base de scrutins de listes locaux, dont les femmes sont pour l’essentiel exclues.

La réforme a fait passer le nombre d’élues de deux à 35 dans l’actuelle législature.

"Malheureusement, le rôle parlementaire des femmes n’a pas été encouragé par l’opinion publique et les hommes politiques", déplore Malika Assemi, qui compte parmi ces élues.

Au yeux de Bassima Hakaoui, qui siège elle aussi à la Chambre, "les femmes ont changé l’image statique du parlement dans l’esprit des Marocains.

"Mais, pour les élections de 2007, elles ont été exclues des listes locales. Cette distinction entre listes locales et nationale ne doit pas perdurer. Je pense que la liste nationale a joué son rôle et que les partis doivent donner davantage leur chance aux femmes", poursuit-elle.

Reuters - Zakia Abdennebi

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