Les juges marocains ont confirmé la peine prononcée en première instance contre Hassan Benhamza, le condamnant à 20 ans de réclusion, avec près de 50 000 euros de dommages et intérêts. Recherché pour le meurtre de Mehdi Ettir à Paris en 2011, l’accusé s’était enfui au Maroc, puis fait passer pour mort. Après quatorze ans de combat, la famille de la victime obtient enfin justice. « Tu as gagné », fait savoir Marc depuis Rabat à sa femme, Inès Ettir, sœur de la victime, restée à Paris, quelques minutes après que la justice marocaine a rendu son verdict dans cette affaire, lundi 21 avril 2025.
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« J’ai beaucoup pleuré. Des larmes de joie. Je me bats depuis quatorze ans… J’en ai souffert… Dans ma tête, c’était 24 heures sur 24… Je n’avais qu’un but : qu’il paye. Je n’arrive pas à y croire », confie Inès au Parisien. Une simple dispute entre l’accusé et la victime autour d’un chien a tourné au drame. Mehdi Ettir et Hassan Benhamza, 23 et 22 ans, en viennent aux mains dans un gymnase du quartier de Belleville, le 26 mars 2011. Le lendemain, Hassan agresse Mehdi devant le domicile de ce dernier, le poignardant à cinq reprises avec un couteau, touchant son cœur et son poumon.
Benhamza s’est enfui au Maroc après son crime. Son ADN a été identifié sur l’arme du crime. Les enquêteurs décident de mettre sa famille sur écoute. Après quatre mois d’enquête, l’un des frères de Hassan annonce à la police parisienne le décès du meurtrier, fournissant à titre de preuve un certificat de décès établi à Rabat et daté du 11 juin, qui se révèle être un faux. « Au retour de la commission rogatoire, je découvre dans le rapport toutes les manœuvres de la famille et le faux certificat… Ils ont menti éhontément devant les services d’enquête », a déclaré Me Sabrina Goldman, avocate de la famille Ettir.
« On n’est pas face à une famille qui cherche à protéger son frère ou son fils, mais face à une famille qui monte un dossier pour faire croire qu’il s’est suicidé de chagrin, alors qu’il va à la plage et fait des enfants à sa compagne ! C’est allé trop loin, pour Mehdi, pour sa famille et pour la justice », s’offusque l’avocate. Le 3 janvier 2017, la mère, deux frères et la petite amie de l’accusé sont condamnés pour faux, usage de faux et faux témoignage à un an de prison avec sursis jusqu’à 15 mois ferme. Au final, personne n’a été condamné pour le faux certificat produit.
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Condamné par défaut en 2016 à Paris à 25 ans de prison, Benhamza a été arrêté en mai 2023 dans la région de Rabat, après une dispute près d’un centre commercial. Il sera condamné un an plus tard par la cour d’assise de Rabat à 20 ans de prison pour le meurtre de Mehdi. Ses avocats font appel. À l’audience du 21 avril, les juges de la chambre criminelle de la cour d’appel confirment la peine de 20 ans, avec 500 000 dirhams de dommages et intérêts. « Je suis très satisfait de la justice marocaine », se réjouit Me Azzedine Faraji, l’avocat de la famille Ettir, après le verdict. « Oui, on est très content de la justice marocaine, dites-le », renchérit Inès, la sœur de Mehdi.