La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.
L’aveugle politique du chiffre dont se réjouissent Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy en matière d’expulsion d’étrangers continue de provoquer des dégâts humains. Les reconduites à la frontière à la hâte se poursuivent chaque semaine à en devenir banales. Elles plongent pourtant des familles dans des situations dramatiques.
Ainsi, avant-hier, Abdelhak Kenzit el Alaoui, 30 ans, en France depuis cinq ans, et sa femme, Kali, viennent-ils d’en subir les conséquences. Les deux jeunes Toulousains se sont mariés l’an dernier. Elle est française, institutrice dans une école de Toulouse. Et enceinte de sept mois. Leur enfant, leur premier, doit naître en septembre. L’administration française a décidé qu’il viendrait au monde séparé de son père.
Car mardi matin, la Police aux frontières a interpellé Abdelhak à son domicile. Kali a tout juste eu le temps de lui donner deux vêtements qu’il était embarqué et placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour la nuit. Hier, sans autre forme de procès, Abdelhak a été contraint de monter dans l’avion de 13h15 à destination de Paris en vue de son expulsion vers le Maroc. Cela fait pourtant deux ans que le jeune homme avait entrepris des démarches pour régulariser sa situation. Son avocat, Me Nicolas Chambaret, rappelle qu’après l’obligation de quitter le territoire français prononcée à l’encontre de son client, une procédure avait été lancée pour que le tribunal administratif tienne compte de la nouvelle situation familiale d’Abdelhak. Peine perdue. Et la préfecture se borne à rappeler que le tribunal administratif a confirmé la mesure d’éloignement.
« Du point de vue de la loi, M. Kenzit el Alaoui doit revenir après avoir obtenu un visa d’entrée en tant que conjoint de ressortissante française. Dans le cas contraire je ne manquerais pas de faire condamner l’État français », prévient Me Chambaret qui dénonce « une stratégie très au point ces derniers jours, pour ne pas dire une combine qui consiste à interpeller les étrangers en ayant à l’avance prévu à l’avance un moyen de transport. Puis à les reconduire à la frontière moins de 48 heures après leur placement en centre de rétention, ce qui leur interdit de voir un juge ».
Source : La Dépeche - Jean-Louis Dubois-Chabert
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