Le projet de reconversion de la zone portuaire de Tanger Ville prend son envol. Le port de la « perle du Nord » sera bientôt transformé en un port de référence pour l’accueil des bateaux de croisière et de plaisance au niveau de la Méditerranée.
Si son premier quai est opérationnel depuis un an, les travaux sur les autres composantes du complexe portuaire Tanger Med se poursuivent encore. Tour d’horizon et bilan d’étape d’un projet pharaonique.
Un énorme cargo est sur le quai, de gigantesques machines exécutent un ballet aérien de conteneurs, des dockers jouent aux alpinistes sur une dizaine de boîtes métalliques empilées… bienvenue à Tanger Med, précisément sur le premier quai à conteneurs du complexe portuaire,
en service depuis un an. Et tout semble fonctionner à merveille. “Nous avons déjà des liaisons avec 50 ports à travers la planète”, explique Saïd El Hadi, président du directoire de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA). Ce sont ces connexions avec des ports en Amérique, en Asie ou en Europe, qui assurent du trafic sur le port. Des conteneurs font escale quelques jours au Maroc, avant de repartir vers d’autres destinations.
Et le volume de cette activité, dite de transbordement, semble assez satisfaisant pour une phase de démarrage : “Entre juillet et décembre 2007, 100.000 conteneurs ont transité par Tanger Med. Et en 2008, le trafic monte encore en puissance”, explique le patron de TMSA. Une montée en puissance qui va être encore plus importante avec l’entrée en service du 2ème terminal, prévue au mois d’août. En effet, juste à côté du quai aujourd’hui en service (géré par APM terminal), un second a été concédé au consortium piloté par l’Allemand Eurogate. Aujourd’hui, l’on est paré pour l’accostage. Les grues et les cavaliers sur roues, arrivés au printemps dernier, ont déjà pris place sur le quai et le personnel a quasiment bouclé sa formation. “Le terminal vient d’accueillir récemment son premier bateau pour effectuer les derniers tests avant le coup d’envoi officiel”, nous confie-t-on.
Un chantier en cache un autre
Avec ces deux terminaux, aujourd’hui achevés, Tanger Med dispose d’une capacité de 3 millions de conteneurs “Equivalent vingt pieds” (EVP). Toutefois, la croissance phénoménale du trafic maritime observée ces dernières années (environ 15% par an) a ouvert l’appétit des promoteurs du projet. Aujourd’hui, ils voient encore plus grand et ont décidé, dès avril 2007, de lancer une extension du complexe. Objectif : hisser Tanger Med parmi les 12 plus grands ports au monde, capable d’assurer un trafic de quelque 8 millions d’EVP. Et pour cette extension, déjà baptisée Tanger Med 2, l’Agence chargée du projet a complètement changé de cap. Avant même de lancer les travaux pour la construction des infrastructures, TMSA s’est assurée d’avoir des concessionnaires pour les deux futurs terminaux à conteneurs de Tanger Med 2. Les noms des adjudicataires de ces quais viennent justement d’être annoncés. Grande surprise : l’arrivée de la SNI, le holding contrôlé par Siger, parmi un consortium piloté par le Singapourien PSA. L’autre quai a été attribué au groupement AP Moeller Maersk - Akwa, déjà gestionnaire du terminal 1. Mais ce 2ème quai, le consortium le réserve exclusivement à l’armateur du groupement, qui n’est pas des moindres : Maersk, le n°1 mondial du transport maritime. “Nous avons négocié avec eux des redevances forfaitaires, alors que pour les autres terminaux, ouverts à tous les armateurs, les redevances sont fixées en fonction du trafic en s’assurant toutefois d’un seuil minimum”, explique le président de TMSA, très réservé quand il s’agit de chiffres. Il souligne néanmoins que le niveau des redevances est “rassurant” pour la rentabilité des 8 milliards de dirhams que coûte cette extension. Les deux nouveaux concessionnaires s’engagent par ailleurs à investir 7 milliards de dirhams et les travaux devraient démarrer d’ici la fin de l’année. “Le temps de finaliser le processus d’attribution du contrat de construction et la mise en place du montage financier de l’opération”, explique-t-on.
Le port, mais pas seulement
TMSA lancera dès septembre prochain un appel d’offres international pour la construction des différentes infrastructures. “Là encore, nous avons changé de stratégie, souligne Saïd El Hadi. Nous lançons un seul contrat pour la livraison d’un port clés en main, car aujourd’hui, nous savons exactement ce qu’il y a à construire”. En attendant, le site du futur Tanger Med 2 est toujours une plage où sont encore parquées quelques barques de pêcheurs. À quelques encablures, un autre chantier avance à grande vitesse : le terminal roulier, qui commence à prendre forme. Une ouverture partielle est même prévue dès l’automne prochain. “Nous ouvrirons une liaison directe avec Barcelone, exclusivement dédiée aux camions de transport international”, nous explique Saïd El Hadi. Mais ce n’est qu’en 2009 que l’ouverture sera officielle, pour un trafic annuel estimé à 700.000 véhicules et 7 millions de passagers.
L’exercice 2009 connaîtra aussi le démarrage de deux autres quais à Tanger Med. Il s’agit d’abord du terminal pétrolier, sorte de station-service géante aux portes du détroit, qui a été concédé à un groupement maroco-koweïto-émirati. Et ensuite du terminal vrac, que TMSA envisage d’exploiter dans un premier temps pour son propre compte. “Nous voulons d’abord démarrer l’activité et trouver par la suite la bonne formule pour mettre le terminal en concession”, explique-t-on. Et le complexe portuaire ne se limite pas au seul domaine maritime. Plus loin dans les terres, les autres pièces du puzzle Tanger Med se mettent en place. L’autoroute reliant le port au réseau national est opérationnelle depuis mars dernier. La construction de la ligne de chemin de fer, la plus chère du Maroc, avec 2,5 milliards de dirhams pour 45 kilomètres, va aussi bon train, pour une ouverture avant la fin de l’année. Quant aux zones franches, les gros clients ont déjà passé commande. Outre le projet d’usine de l’Alliance Renault-Nissan, 200 de ses sous-traitants seraient intéressés de la suivre à Tanger. Il y a aussi cette convention signée avec les Catalans, qui se réservent quelque 50.000 m2 dans la zone franche logistique pour y installer des entrepôts. “Nous avons une dizaine de dossiers, pour de nouveaux investissement, en cours de traitement”, assure Saïd El Hadi. En gros, le meilleur reste à venir.
Source : TelQuel - Fahd Iraqi
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