La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.
La gestion déléguée des 13 polycliniques de la CNSS (Caisse nationale de la sécurité sociale) sera finalement concédée à un groupe espagnol, USP Hospitales, retenu au terme d’un appel d’offres international. « Aucun plan social ne sera appliqué à l’issue de cette opération », avait averti le patron de la CNSS, Saïd Ahmidouch, au lendemain du lancement de l’appel d’offres. Une condition que semble accepter l’opérateur espagnol.
Quoi qu’il en soit, les termes du contrat sont toujours en cours de négociation entre USP Hospitales et la direction de la caisse. Un contrat qui doit sceller une longue relation d’affaires dont les enjeux et les conséquences sur la santé publique ne manquent pas de susciter des remous au sein de l’ensemble du corps médical.
Certains y voient une atteinte grave au droit aux soins pour les adhérents de la caisse. D’autres commentateurs, plus radicaux, comme le professeur Saâd Benmansour, président de l’Alliance nationale médicale, s’opposent catégoriquement à cette gestion déléguée à un opérateur étranger. Ces derniers proposent comme alternative son attribution aux adhérents de la caisse, premiers bénéficiaires des prestations médicales des polycliniques.
M. Benmansour affirme avoir adressé plusieurs missives au directeur général de la CNSS, restées sans réponses jusqu’à présent. En optant pour une gestion déléguée concédée à un groupe étranger, la caisse cherche certainement à professionnaliser le fonctionnement des polycliniques et optimiser leur gestion financière.
Depuis leur création en 1974, les polycliniques ont toujours subi d’énormes déficits. Les charges salariales représentent 80% des dépenses, alors que les frais pour l’achat des médicaments et d’équipement ne constituent que 20%. Les gouffres financiers des polycliniques s’expliquent aussi par les dilapidations des deniers publics dont le rapport d’enquête parlementaire réalisé en 2002 sur la gestion de la CNSS a fait état d’une manière claire et nette. À ce sujet, le rapport avance des chiffres incroyables : plus de 20 milliards de dirhams de pertes dont 15 milliards liés à leur création.
L’Union marocaine du Travail (UMT), sous la direction de Mahjoub Benseddik, a joué un rôle important dans la création des polycliniques et dans leur gestion. Plusieurs membres du syndicat siégeaient dans le conseil d’administration qui menait une politique de gestion contraire aux intérêts des adhérents. Mais, n’empêche. Tout le monde s’accorde à dire que la création des polycliniques est une excellente chose pour le système marocain de santé. Non seulement, elles ont comblé le déficit de la santé publique, mais elles ont installé des plates-formes performantes de soins auxquels accèdent les patients à des prix parfois prohibitifs. Si la reprise de leur gestion permet d’améliorer cette qualité de soins, il n’en demeure pas moins que les prix risquent de flamber. Une situation que craignent beaucoup de gens.
Maroc Hebdo - A. Amourag
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