Dans sa courte lettre d’à peine une page et demie, la Fondation demande à l’État espagnol qui, par un décret de 2015, a accordé la nationalité espagnole aux juifs séfarades, d’assurer l’égalité de traitement envers les Morisques andalous.
Selon la Fondation, « la mémoire des Morisques andalous a été exclue de la nouvelle législation et de la mémoire collective espagnole ». Pour rétablir l’histoire et corriger cette injustice, elle demande à Pedro Sánchez un « simple geste » de reconnaissance légale et symbolique des descendants des Morisques et andalous en les incluant à l’article 22 du Code civil. « Nous sommes sûrs que la flamme de la mémoire mauresque-andalouse […] ne cessera d’illuminer la conscience collective dans un pays qui était aussi celui de nos ancêtres », conclut la lettre.
« Ce serait une reconnaissance purement symbolique mais juste », soutient l’écrivain et professeur de droit civil à l’Université de Cordoue, Antonio Manuel Rodríguez, qui travaille activement depuis des années en faveur de l’égalisation des droits avec les Juifs séfarades. « Pourquoi un descendant morisque ne peut-il pas avoir la nationalité espagnole après avoir vécu ici pendant de nombreuses années alors qu’un juif séfarade qui n’a jamais mis les pieds en Espagne y a droit ? », s’interroge-t-il, dénonçant ainsi « une violation flagrante du principe d’égalité ». Et d’ajouter : « Le fait que les Morisques apparaissent dans le Code civil serait une révolution, car les Andalous seraient reconnus pour la première fois comme une communauté constitutive de l’identité espagnole ».
L’historien Enrique Soria, l’un des plus grands experts sur les convertis en Espagne, estime pour sa part que le processus d’accréditation des familles morisques se heurtera à la faiblesse des preuves matérielles. Il considère qu’il est presque « impossible » qu’elles puissent « documenter leur ascendance ». Selon lui, contrairement aux séfarades, la plupart des communautés morisques et andalouses ne disposent pas de sources écrites fiables.