Le conflit russo-ukrainien, une véritable opportunité pour le Maroc
La crise russo-ukrainienne profite au Maroc, un des quatre premiers exportateurs d’engrais au monde, avec la Russie, la Chine et le Canada. Le groupe OCP voit son chiffre...
Le Maroc, un des quatre premiers exportateurs d’engrais au monde, avec la Russie, la Chine et le Canada, pourrait devenir la clé de l’approvisionnement alimentaire mondial. Mais pour y arriver, le royaume doit lever certains obstacles.
Le Maroc possède plus de 70 % des réserves mondiales de phosphate – un minéral utilisé dans les engrais-, ce qui fait de lui un gardien des chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales, toutes les cultures vivrières ayant besoin de ce produit pour croître. « En 2021, le marché mondial des engrais phosphorés s’élevait à environ 59 milliards de dollars américains. Au Maroc, les revenus du secteur en 2020 se sont élevés à 5,94 milliards de dollars. Le groupe OCP prévoit de produire 8,2 millions de tonnes supplémentaires d’engrais phosphorés d’ici 2026. Actuellement, la production est d’environ 12 millions de tonnes », fait savoir Michael Tanchum, chargé de mission senior associé au programme Afrique du Conseil européen des relations étrangères (ECFR) et chargé de mission non résident au Middle East Institute à Washington dans une tribune publiée par The Conversation.
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Selon lui, le Maroc pourrait devenir un élément central du marché mondial des engrais et un gardien de l’approvisionnement alimentaire mondial au cas où la Russie – plus grande exportatrice d’engrais au monde – utiliserait les engrais comme une arme ou un outil économique. Pour réussir ces exploits, le royaume devra avant tout relever certains défis. « […] comme je l’affirme dans un nouveau rapport, le Maroc fait face à de nouveaux défis. Sa production d’engrais est menacée par des défis environnementaux et économiques de plus en plus redoutables. Ils incluent la pandémie de Covid et les graves perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui ont suivi », explique Michael Tanchum.
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Il fait observer que la manière dont le Maroc gère les défis de l’industrie impactera négativement à la fois son propre développement économique et la stabilité de l’approvisionnement alimentaire à travers le monde. « L’extraction de phosphate et la production d’engrais consomment beaucoup d’énergie et d’eau. L’industrie marocaine des phosphates et des engrais consomme environ 7 % de sa production annuelle d’énergie et 1 % de son eau. Mais le Maroc fait partie des pays qui souffrent le plus de la pénurie d’eau. Cela est dû à un climat sec, à une forte demande en eau, au changement climatique et à la contamination et à l’envasement des réservoirs. »
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Le royaume tente de trouver des solutions durables notamment à travers son Plan National de l’Eau 2020-2050 dont le budget d’investissement s’élève à environ 40 milliards de dollars américains. Les projets phares sont entre autres, la construction de nouveaux barrages et usines de dessalement et l’extension des réseaux d’irrigation. « Pour soutenir les opérations et développer la production d’ammoniac vert, le Maroc devra trouver un équilibre prudent entre ses exportations d’engrais, ses efforts pour développer ses exportations agricoles à forte valeur ajoutée et l’approvisionnement en eau potable de sa population », recommande le responsable. Et de conclure : « En utilisant ses importantes ressources d’énergie solaire pour alimenter la production d’hydrogène vert et d’ammoniac vert, ainsi que le dessalement, le Maroc pourrait échapper au cercle vicieux de la spirale ascendante des prix dans le lien alimentation-énergie-eau. »
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