Au Maroc, certains présidents de commune, candidats à leur succession à l’occasion de la session d’octobre, sont accusés d’avoir commencé à acheter les voix de certains élus pour garantir leur réélection.
Après les « rumeurs » selon lesquelles le ministère de l’Intérieur pencherait vers l’organisation des élections législatives de 2007 durant le mois de septembre, la date du 7 serait retenue. Mais, concernant la campagne électorale durant deux semaines, des observateurs, mais également des partis politiques, estiment que le profit ne serait pas tiré d’une telle période où la majorité des Marocains est en vacances. D’autres affirment que le mois de juillet est le « meilleur moment » pour l’organisation du scrutin.
La position du ministère de l’Intérieur s’expliquerait pas le retard pris dans l’actualisation des listes électorales et par le respect des délais électoraux impartis par la loi.
Le points de vue de "professionnels" :
Abbas El Fassi, SG de PI
« La mobilisation au sein du PI est permanente »
Le choix de la date des prochaines échéances électorales n’est pas encore fixé même si on avance d’ores et déjà deux dates relatives au 6 juillet ou le 7 septembre 2007. Cette question sera abordée aujourd’hui à Rabat lors d’une réunion prévue entre le Premier ministre et les partis de la majorité pour débattre des avis des uns et des autres, nous déclare Abass El Fassi, Secrétaire général de parti de l’Istiqlal.
Pour son parti, le choix de la date pour les prochaines élections législatives ne pose aucun problème. « Nous n’avons aucune préférence que se soit pour le 6 juillet ou encore le 7 septembre, la mobilisation se fait tout le temps au sein du parti de l’Istiqlal » dit-il. Et d’ajouter, « Fin ou début des vacances (août ça va être difficile), cela ne devrait pas perturber le bon déroulement de la campagne électorale prévue normalement deux semaines avant l’échéance électoraleŠ Nous serions prêt au rendez-vous ».
Pour Abass El Fassi, l’essentiel est que « nous sommes dans un état de droit ». Et lui d’expliquer : « Cette fois, on ne risque pas de retarder les dates comme cela s’est produit dans le passé », comme cxela s’est passé que les élections de 1999, qui devaient normalement se tenir en 1997.
Et de conclure : « SM le Roi ouvrira la session d’octobre du parlement prévue le deuxième vendredi du mois ». « 2007 consacre l’état de droit, c’est le plus important ».
M’hamed Grine, membre du BP du PPS
« La date idéale serait la deuxième quinzaine du mois de juin »
Historiquement, le Maroc a déjà organisé des élections aussi bien au mois de juin qu’au mois de septembre.
A mon humble avis, les deux dates peuvent convenir. Si on arrive à mettre un échéancier des différentes opérations préparatoires et si on est prêt, pourquoi pas le mois de juin ou le début de juillet ? Et si l’on ne parvient pas à boucler le tout, on peut organiser les élections au mois de septembre.
Quant à la question d’absentéisme, cette dernière n’est pas inhérente à la date, mais à condition d’éviter la période des grandes vacances, qui commencent au Maroc, en général, le 24 juillet, après la Fête du Trône.
J’estime, qu’il faudrait éviter, quand c’est possible, le mois du Ramadan. Mais finalement pourquoi pas pendant le Ramadan ? Il n’en demeure pas moins que, pour moi, la date idéale serait la deuxième quinzaine du mois de juin.
Mais, par-delà tout ce que l’on pense et quelle que soit la date retenue pour les prochaines législatives, le plus important, c’est de réunir toutes les conditions pour faire de ces élections un pas en avant dans la construction de la démocratie dans notre pays, par la lutte contre toutes sortes de fraudes, particulièrement contre l’utilisation de l’argent sale -et propre aussi- pour l’achat des consciences et la perversion de l’opération électorale.
Ahmed Herzenni
« Un casse-tête »
Chacune de ces deux dates possède des avantages et des inconvénients. Concernant, le début du mois de juillet, je pense que c’est trop tôt. En fait, nous n’aurons pas suffisamment le temps pour préparer ces élections. Pour septembre, il y a d’abord les vacances d’août et ensuite ce sera pratiquement le mois de Ramadan. Donc à mon avis, cette date n’est pas favorable. Le plus sage serait de choisir une date précédant les vacances et aussi le mois de Ramadan. Il ne faut pas oublier que la session parlementaire doit se tenir le deuxième vendredi du mois d’octobre. Ainsi, pas d’autre alternative après septembre. C’est un vrai casse-tête que de déterminer la date adéquate.
Peut-être juillet serait une date appropriée finalement. Ce sont les Etats-majors qui savent faire les « calculs ». Mais en tant que citoyen, j’estime que le début du mois de septembre n’est pas une période favorable. Par conséquent, juillet finalement, même si plusieurs personnes seront en vacances, est un moyen terme qui arrangerait tout le monde. C’est un mois beaucoup plus propice pour les élections que septembre dans tous les cas.
Mohamed Ziane, président du Parti Libéral Marocain
« Voter et partir en vacances »
Si c’est en juillet, cela veut dire que pour le mois de mai, il faut être prêt. Cependant, nous n’avons pas du tout le temps. C’est vraiment serré. Quant à septembre, il ne faut pas oublier que ce sera aussi le mois de Ramadan et en août, tout le monde s’en va en vacances.
Le mois de mai - ou encore de juin -, pourrait constituer une période convenable surtout que tout le monde sera présent. Je pense qu’il faut faire les élections et ensuite partir à l’aise pour les vacances. Alors que faire une campagne au moment où la majorité des personnes sera absente, ce n’est pas évident.
En juillet, les gens pourront prendre leur décision politique dans des conditions plus favorables. Je suis incapable de dire une date idoine. Cependant, qui dit le mois de septembre, pense automatiquement au Ramadan, à la rentrée scolaire, etc. Les esprits seront occupés ailleurs. A la limite, en fin juin tous les examens sont terminés.
Il est préférable et beaucoup plus sage à mon avis de choisir juillet plutôt que septembre. Entre deux grands maux, il faut choisir le moindre !
Ahmed Soukkani, S.G. de la Fédération nationale des agences de voyage
« J’adhère beaucoup plus au 6 juillet 2007 »
Dans le secteur des voyages, il faut, d’abord, distinguer entre trois types d’agences de voyage. Il y a, d’une part, les agences de voyage spécialisées dans l’export, qui travaillent pleinement l’été. D’autre part, il y a les agences de voyage de tourisme international qui ont moins de travail pendant la période d’été (période de vacances). Par contre, la troisième catégorie d’agences fonctionne toute l’année et notamment l’été où la charge du travail est plus importante.
Pour ce qui est des dates annoncées, concernant les prochaines échéances électorales, Ahmed Soukkani, Secrétaire général de la Fédération nationale des agences de voyage, estime que le gouvernement mène normalement des études avant de fixer la date des prochaines élections législatives. « Personnellement, j’adhère beaucoup plus à la date relative au 6 juillet 2007. Cette période coïncide avec la fin de l’année scolaire prévue généralement le 30 juin de chaque année.
Pendant cette période, il y a aussi les concours pour accéder aux écoles et institutions supérieures, pour les bacheliers et les autres diplômésŠ
Cette date est plus propice que celle qui correspond au 7 septembre où les Marocains sont toujours en vacances alors que la rentrée scolaire n’est prévue, en principe, que vers le 15 du même mois. »
Ferdawss, membre du Bureau de l’UC
« Plutôt en septembre »
Ferdawss, membre du Bureau politique de l’Union constitutionnelle (UC), considère que le début du mois de septembre est la meilleure date pour l’organisation des prochaines échéances électorales.
Car, a-t- tenu à préciser, lors du début du mois de juillet, les étudiants seront encore pris par les examens écrits, oraux, la préparation aux concours, etc. De même, a-t-il ajouté, les salles de cours où se déroulent les opérations de vote seront encore occupées. Dans ce cadre, M. Ferdawss attire aussi l’attention sur ce fait : organiser des élections durant cette période pourrait être exploité par certains enseignants qui pourraient exercer des pressions sur les élèves et les étudiants pour voter pour telle ou telle formation politique.
Pour ce qui est du début du mois de septembre, il a indiqué que « tout le monde sait que les gens commencent à rentrer des vacances à partir de la mi-août. Lors de la célébration de la Révolution du roi et du peuple, le 20 août, on constate que plusieurs gens ont déjà rejoint leur lieu de travail ».
C’est-à-dire, a-t-il fait remarquer, qu’ils seront dans leur circonscription le jour du vote.
Tout compte fait, a-t-il dit, d’ici le début du mois de juillet, tout le processus électoral ne pourrait pas être achevé.
Pour ce qui est du jour de vote, il ne voit aucun problème entre le vendredi et le dimanche.
Haj Krafess, membre de la direction du RNI
« Eviter la période de la récolte »
Personnellement, je préfère des élections au mois de septembre, car entre 65 et 70 % des électeurs appartiennent au monde rural. Pendant le mois de juillet, la population rurale est très occupée par les travaux agricoles, à savoir les récoltes et le stockage des grains et des fourrages, mais aussi la préparation du sol pour la prochaine campagne agricole, etc.
Encore, le mois de juillet, comme le mois d’août, c’est les vacances, les fêtes et le retour des membres de la communauté marocaine à l’étranger. Donc, septembre reste le mois le plus indiqué. Certains évoquent le Ramadan. Or la date du 7 septembre devance de plus d’une semaine le mois du jeûne. Après tout, qu’est-ce qui empêche d’organiser des élections pendant le Ramadan, surtout que nous sommes dans un pays musulman ?
Hassan el Mandjra Saâdi, président de l’UPL
« Le 6 juillet est plus propice pour certaines catégorie d’électeurs »
Interpellé sur la question concernant les dates annoncées par le Conseil de gouvernement relatives à la tenue des élections législatives 2007 et qui coïncident avec la période estivale, Hassan el Mandjra Saadi, président de l’Union des professions libérales, considère qu’en principe quelle que soit la date, cela ne doit pas empêcher les citoyens d’accomplir leur devoir. Néanmoins, explique-t-il, « Compte tenu que dans le secteur des professions libérales, la plupart des professionnels partent en vacances au mois d’août et ne rentrent qu’en début de septembre, je m’aligne sur la date du 6 juillet ». Et de préciser : « Cela permettra à cette catégorie d’électeurs de suivre, d’une part, la campagne électorale qui démarre 15 jours avant la tenue des élections et d’autre part de participer au vote ».
L’union nationale des professions libérales (UNPL) est en cours de création. Elle comprend plusieurs centrales syndicales des professions libérales à caractère national.
Micro-trottoir
Les deux dates des prochaines élections avancées à savoir les 6 juillet et 7 septembre coïncident avec la période des congés et le mois de ramadan. Si la majorité des partis politiques sont favorables à ces deux dates, certains trouvent qu’elles ne favorisent pas la tenue d’élections.
Selon ces derniers le risque encouru d’enregistrer un taux élevé d’absentéisme est non négligeable. Aussi sont ils légion à penser que ce timing peut avoir des retombées négatives sur le taux de participation. Parole à des citoyens.
F.A., Chef projet dans une société de photocomposition :
« Ces dates ne sont pas appropriées parce qu’elles tombent à pic avec la période des congés annuels des salariés du secteur privé. Dans la société où je travaille, le timing des congés se répartit essentiellement sur les mois de juillet, août et septembre. Le service du personnel se penche sur le planning des congés dès maintenant vu que les demandes se concentrent sur cet intervalle qui coïncide aussi avec les vacances scolaires. A mon sens, si les élections sont prévues pour cette période là, cela va certainement se répercuter sur le taux de participation puisque c’est la période des départs massifs en vacances. Sauf si, pour l’anecdote, ils sont prêts à aménager des bureaux de vote mobiles dans les plages, les montagnes. Et encore. Cela ne suffira pas à compter sur la participation de ceux qui se déplaceront au-delà des frontières.
A.Z, gérant d’une entreprise :
A mon avis, les dates annoncées pour la tenue des élections législatives ne sont pas appropriées. Car le 6 juillet, la majorité des salariés sont déjà en vacances et le 7 septembre, beaucoup d’entre eux n’en seront pas encore rentrés.
Ou alors, ils seront en pleins préparatifs pour la rentrée scolaire et pour le ramadan. A coup sûr cela va influencer négativement le taux de participation aux votes. C’est dommage car ce taux là est déjà faible. Si, en plus, on va organiser les élections pendant l’une de ces deux dates, c’est une drôle de manière d’encourager les Marocains à aller aux urnes.
Al Bayane
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