Ce jour là, curieusement, les anciens (Hadji, El Karkouri, Chrétien Basser, Safri) passent pratiquement inaperçus. Et pour cause, un “nouveau” leur vole la vedette : Mounir El Hamdaoui. La horde de journalistes autorisée à entrer dans l’enceinte du “Pire Jigo” n’a d’yeux que pour l’attaquant-vedette d’AZ Alkmaar, celui qui affole toutes les statistiques aux Pays-Bas. Tous veulent l’interviewer, le photographier, lui serrer la main. Une poignée de jeunes supporters, ayant réussi à passer entre les filets de la sécurité, se jettent quasiment sur El Hamdaoui pour espérer un autographe et plus (photo-souvenir) si affinités. Moins chanceux, les fans restés dehors essayent de suivre le “spectacle”, agrippés au mur qui entoure le stade, scandant des slogans à la gloire du joueur maroco-néerlandais de 24 ans.
Le blues londonien
Le joueur revient pourtant de loin. Natif de Rotterdam en 1984, Mounir El Hamdaoui a longtemps galéré avant de percer. Après des débuts très timides au sein de la formation néerlandaise d’Excelsior, il tente sa chance en 2004 du côté de la Premier League, d’abord à Tottenham, ensuite à Derby County. Mais le succès n’est pas au rendez-vous et l’exil anglais est loin d’être une partie de plaisir. A cause d’une vilaine blessure au genou, le joueur passe le plus clair de son temps à cirer le banc des remplaçants. Mounir El Hamdaoui décide alors de faire demi-tour, et regagne les Pays-Bas en 2006, pour signer à Willem II, un club plutôt moyen. Entre-temps, il goûte, un an plus tôt, à sa sélection (olympique) marocaine lors d’un tournoi en Arabie Saoudite sous la houlette du coach Abdelghani Naciri. Un journaliste ayant accompagné l’équipe ne garde pas un souvenir impérissable de la performance de l’international olympique : “C’était un joueur effacé, loin, loin de la star que toute l’Europe du foot connaît et s’arrache”.
Demain le Barça ?
En 2007, Mounir El Hamdaoui pose ses valises à l’AZ Alkmaar, un des outsiders du championnat hollandais. C’est le déclic tant attendu par le joueur. “A Alkmaar, il a trouvé un coach qui a su lui redonner confiance en lui. C’était très important surtout avec la série de blessures qu’il traînait derrière lui”, explique Mourad Sinia, journaliste à Arryadia qui a été à la rencontre du joueur aux Pays-Bas en 2007. Le coach en question s’appelle Louis Van Gaal, ancien entraîneur du FC Barcelone et de la sélection néerlandaise. Celui-là même qui a révélé des stars mondiales comme Patrick Kluivert, Edwin Van Der Sar ou les frères De Boer. Grâce donc à Van Gaal, dont il est devenu le protégé, Mounir El Hamdaoui connaît un tournant à 180 degrés dans sa carrière. Très vite, il devient la pièce-maîtresse de son nouveau club. Et le buteur patenté de l’AZ Alkmaar.
Depuis le début de la saison 2008-2009, El Hamdaoui a marqué pas moins de 18 buts, dominant clairement le classement des buteurs. Mieux encore, il a été élu par ses pairs meilleur joueur de l’année avec 23,7% des votes. A lui seul, El Hamdaoui permet aujourd’hui à l’équipe d’Alkmaar d’écraser le championnat des Pays-Bas, loin devant des monstres sacrés comme l’Ajax d’Amsterdam ou le PSV Eindhoven. Dans la foulée, le joueur se fait remarquer par les recruteurs de prestigieux clubs européens, comme Lyon, la Roma, Aston Villa et même le FC Barcelone. Depuis quelques mois, les médias hollandais se font en effet l’écho d’un éventuel transfert du Maroco-néerlandais vers le club catalan pour la somme record (pour un Lion de l’Atlas) de 20 millions d’euros. Une information qui n’a jamais été infirmée par le président du Barça, Joan Laporta, interrogé à ce sujet lors d’un récent voyage au Maroc.
Oui au Maroc, non à la Hollande
Le rêve barcelonais peut parfaitement se concrétiser, et peut-être dès le mercato prochain (été 2009). Il faut toutefois savoir raison garder, comme nous le rappelle l’ancien international marocain Merry Krimau : “Le Barça, c’est bien, mais attention, El Hamdaoui risque de se retrouver sur le banc des remplaçants, sachant que le club catalan regorge de stars en attaque, avec les Henry, Etoo, Messi”.
Le joueur vedette de l’AZ Alkmaar ne laisse pas indifférent du côté de son pays d’origine, L’Maghrib. Mounir El Hamdaoui s’est vu décerner l’étoile d’or par mountakhab.net et le lion d’or par lionsdelatlas.net récompensant le meilleur professionnel marocain pour l’année 2008. Pas mal pour un début. Car cela ne fait que commencer. Pour la première fois, Mounir El Hamdaoui a été appelé par Roger Lemerre, sélectionneur de l’équipe du Maroc. Une juste récompense pour un joueur qui a plusieurs fois décliné les appels du pied du sélectionneur néerlandais, refusant ainsi de porter le maillot orange. “Même si je suis né et j’ai grandi aux Pays-bas, je suis marocain avant tout. Je ne peux pas l’oublier”, réplique t-il aux journalistes qui lui demandent encore régulièrement de justifier son choix. “Tout ça ne m’étonne pas de sa part, réagit Mourad Sinia. El Hamdaoui est un joueur très attaché à ses racines marocaines”. Et d’ajouter : “C’est également quelqu’un de très pieux. Figurez-vous par exemple qu’il fait le ramadan même pendant les jours de match. Chaque fois qu’il marque un but, il prend le temps de remercier Allah”.
Reste à savoir si notre nouveau chouchou national sera aussi percutant en sélection qu’en club ? “Il a le sens du but, c’est inné chez lui. Maintenant, sachant que le championnat néerlandais n’est pas le plus relevé en Europe, il faut attendre de voir El Hamdaoui disputer la Ligue des Champions, et marquer des buts avec la sélection pour confirmer ses bonnes dispositions”, relativise encore Merry Krimau. On ouvre les paris ?
Source : TelQuel - Mehdi Sekkouri Alaoui