
Les voyageurs marocains et d’autres nationalités sont appelés à respecter des règles strictes concernant les liquides et les gels dans les bagages à main qui entrent bientôt en vigueur dans les aéroports de l’Union européenne (UE).
Cela fait plus d’un an que l’économie mondiale vibre aux rythmes de la baisse du dollar face à l’euro. Une tendance qui flirte avec le niveau record d’un dollar et demi pour un euro. Echanges commerciaux, marché des changes internationaux sont directement affectés, positivement ou négativement, par ce phénomène, dont personne ne connaît encore l’issue.
Qu’en est-il du Maroc ? « L’impact de la parité dollar/euro sur l’économie et le climat des affaires est quasiment neutre. Et pour cause, les bénéfices que certaines opérateurs tirent de cette situation sont compensés par les pertes que d’autres essuient », précise Houssam Barakat, directeur des opérations de change et des dérivés à BMCE Capital Markets.
Les importateurs en dollars sont ceux qui bénéficient le plus de cette situation. Le renforcement du dirham face au billet vert leur permet de payer moins cher leurs factures. Cet effet positif ne se limite pas aux échanges commerciaux avec les Etats-Unis. Il s’étend à l’ensemble des pays dont les monnaies sont indexées sur le dollar, notamment en Asie du Sud-Est. C’est d’ailleurs un vecteur de croissance des échanges commerciaux entre le Maroc et cette région. A noter que 65% du commerce mondial est libellé en dollar.
La réduction des coûts d’importations est moins sensible pour les achats de matières premières agricoles et énergétiques, notamment le pétrole. « La baisse du billet vert a en partie contribué à la pression haussière sur le pétrole. Les pays producteurs, voyant la baisse de leurs revenus à cause de la perte de vitesse du dollar, ont tendance à maintenir la pression haussière sur les marchés pétroliers », explique Faïçal Leamari, directeur des opérations de changes et dérivés à la salle de marché d’Attijariwafa bank. La baisse du dollar n’arrive pas à compenser la flambée des cours internationaux des matières premières. Exemple : le baril de pétrole a augmenté de plus de 50% depuis le début de l’année alors que la parité dollar/dirham n’a baissé que de 10% sur la même période.
Le corollaire du dollar faible est un euro fort. Une situation qui profite amplement aux exportateurs marocains vers la zone euro. Leurs clients payent un petit peu moins cher leurs commandes.
Toutefois, le renforcement de l’euro face au dirham est loin d’être un critère déterminant pour la promotion des exportations. Ce n’est qu’un supplément d’attractivité à côté des facteurs classiques tels que la qualité, la rapidité de livraison... « L’impact du taux de change sur les échanges extérieurs marocains ne sera structurel que si la tendance se maintient sur le long terme », relativise Leamari.
Cette réalité joue également dans le sens contraire. En effet, les exportateurs marocains vers des pays dont les monnaies sont dollar peg (indexées sur le dollar) ressentent certes l’effet de la baisse du billet vert sur leur chiffre d’affaires. « Mais ils ne perdront pas leur marché tant qu’ils respectent les exigences de leurs fournisseurs », remarque Barakat.
En revanche, les importateurs en euro subissent de plein fouet les pertes liées à la nouvelle parité euro/dollar. Les prix qu’ils payent à leurs fournisseurs sont bien plus conséquents, surtout au niveau des biens d’équipement. Cela les inciterait à aller chercher d’autres sources d’approvisionnement, notamment en Europe de l’Est et en Asie du Sud-Est.
Prudence des opérateurs
Quoi qu’il en soit, les principaux bénéficiaires de cette situation sont les salles de marché des banques. Gagnants ou perdants, importateurs ou exportateurs, tout le monde cherche à sécuriser ses positions de change face aux fluctuations de la parité dollar/euro. « Les volumes réalisés pour des couvertures restent soutenus. Dans un contexte de forte volatilité des marchés des changes, le besoin de se couvrir se fait plus ressentir. Et il est sain que les entreprises marocaines adoptent une démarche prudente en couvrant leurs opérations à l’international », soutient Leamari.
Tout le monde trouve son compte dans les couvertures. Les importateurs en dollars cherchent à bénéficier au maximum de sa baisse alors que les acheteurs en euros tentent de bloquer la situation pour ne pas gonfler leur facture.
Les huit mesures de libéralisation de changes annoncée en juillet dernier ne font que conforter cette situation. A titre d’exemple, des importateurs ont couvert des flux de maturité supérieure à un an, et les exportateurs utilisent déjà 50% de leurs recettes en devises pour des opérations d’import.
La libéralisation du dirham non affectée
Le régime de change du dirham indexé pour rappel sur un panier constitué à 80% d’euros et à 20% de dollars est l’un des principaux facteurs de cette situation. Il a permis à la monnaie marocaine de conserver une position forte face au dollar. Ce qui a sensiblement favorisé les importateurs en dollar. Reste à savoir si l’évolution de la parité euro/dollar va affecter le processus de libéralisation du DH. « Pas du tout ! ce sont deux sujets différents. Personne ne peut prédire la position du dirham libéralisé face au dollar ou à l’euro. Cela dépendra des fondamentaux de l’économie marocaine », souligne Barakat. « Le processus de libéralisation obéit à une logique économique qui va au-delà de la baisse du dollar face à l’euro. La libéralisation du marché des changes permet de faire face à plusieurs défis auxquels notre économie est confrontée. Les opérateurs locaux sont demandeurs d’une libéralisation du marché car une partie de leur compétitivité en dépend », soutient Leamari.
L’Economiste - Nouaim Sqalli
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