Nabil Wakim, journaliste au Monde, d’origine libanaise, ne parlant que quelques mots de « la langue du Coran », évoque les relations qu’entretient la France avec l’arabe, en parallèle avec les siennes, lui qui a baigné dans cette langue qui a bercé ses quatre premières années au Liban, mais qui lui est devenue étrangère en France.
Des annonces en anglais, en espagnol, voire en chinois, l’auteur dit en voir tous les jours dans le métro parisien, où, il ne note la moindre ébauche d’inscription en arabe. Sauf, jusqu’il y a peu, le tableau est le même dans les aéroports français, à l’exception de celui de Nice, où débarquent, les riches Golfiens venus se prélasser sur la côte.
Et pourtant, on sait que plusieurs millions de personnes (dont la majorité de nationalité française) sont des « Arabes », perçus comme tels.
Il a fait le tour de la question avec de grands noms de la culture en France, citant le cas du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer,(que l’on sait bien à droite de la majorité) qui a été la cible de tant de flèches, pour avoir commis le péché d’envisager l’enseignement de l’arabe en maternelle. Quatorze mille élèves étudient l’arabe, deux fois moins qu’il y a trente ans, et 178 enseignants l’enseignent, soit 20 % de moins qu’il y a dix ans.
Incontestablement, la langue arabe fait peur, se préoccupe l’auteur et le bon Arabe, c’est celui qui s’intègre au prix de l’effacement.
Rendre sa dignité à la langue arabe en France serait sûrement un des moyens de combattre ce que nos autorités dénoncent comme « le séparatisme » et qui n’est rien d’autre que le rejet, par la République, d’une partie de ses enfants, de leur histoire, de leur culture, conclut l’auteur.
Nabil Wakim, L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France, Seuil, Paris, 2020. — 199 pages ; 17 euros