Quelques semaines avant le séisme meurtrier du 8 septembre, le Maroc et la Russie ont réaffirmé leur volonté d’installer des usines de dessalement utilisant l’énergie nucléaire, à 400 kilomètres des côtes canariennes. L’idée avait déjà inquiété en 1999 les autorités canariennes qui s’étaient mobilisées pour demander au Maroc de ne pas utiliser le nucléaire dans la zone de Tan-Tan. Les autorités de l’archipel estimaient que le royaume n’avait pas le savoir-faire industriel pour ce type de procédé, rapporte El Confidencial.
L’unité de dessalement de Tan-Tan devait être installée en coopération avec la Chine et devait être équipée d’un réacteur de type (NHR)−10, d’une puissance de 10 mégawatts (MW) et d’une capacité de production de 8 000 mètres cubes d’eau douce par jour. « Si les autorités marocaines devaient faire une demande concernant ce secteur, il est clair que des conditions extrêmement strictes seraient établies, des normes précises en termes de sécurité nucléaire et soumises à l’approbation des services et autorités compétents », déclarait en 1999, Chris Patten de la Commission européenne, répondant à une question du député européen des Canaries, Isidoro Sánchez.
À lire : Dessalement d’eau de mer : le Maroc mise sur le nucléaire
Mais deux faits nouveaux survenus cette année pourraient faire bouger les lignes. Il s’agit du partenariat entre le Maroc et la Russie et le séisme du 8 septembre. La société marocaine Water and Energy Solutions et la société publique russe Rosatom basée à Moscou ont signé un accord pour l’installation de 12 usines de dessalement, à quelques kilomètres des îles Canaries. Parallèlement, Israël a également proposé au Maroc sa technologie de dessalement à partir de l’énergie nucléaire « si la France ne souhaite pas vraiment coopérer dans ce domaine par crainte de la réaction d’Alger », a annoncé le vice-président de la Chambre de commerce israélo-marocaine.
Depuis 2015, la ministre de la Transition énergétique, Leïla Benali, a informé le Parlement que son département étudie les possibilités d’utiliser le nucléaire pour produire de l’électricité. Un comité de réflexion sur l’énergie nucléaire et le dessalement de l’eau de mer (CRED) a été mis en place en 2009 et a produit un rapport approuvé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En 2016, l’instance a autorisé le Maroc à lancer son programme nucléaire pacifique, assurant qu’il remplit toutes les conditions et dispose des ressources humaines et d’une expertise scientifique dans le domaine. Une délégation de l’AIEA était en novembre dernier en mission dans le royaume.