La Commission nationale des investissements a donné son aval à une série de 21 projets. L’investissement global de ces projets s’élève à 76,7 milliards de dirhams, l’équivalent de 6,98 milliards d’euros, selon un communiqué officiel du gouvernement.
Enfin un plan contre les sacs plastique au Maroc. Ces sacs, totalement inesthétiques et polluants, jonchant le sol et qui atterrissent au fin fond des campagnes, sont désormais traqués. L’annonce en a été faite la semaine dernière par le secrétaire d’Etat chargé de l’eau et de l’environnement, Abdelkébir Zahoud. Il s’agit d’un plan d’amélioration de la gestion des sacs en plastique, élaboré dans le cadre de la stratégie d’action pour la protection de la Méditerranée.
Et ce en partenariat avec l’Agence française de développement. Il comprend le recyclage du plastique dégradable, le renforcement du cadre juridique de la gestion des déchets, et même une taxe écologique sur l’emballage en matière plastique. Le projet, qui est encore au stade de la conception et qui associe les Collectivités locales, prévoit aussi des actions de sensibilisation et de promotion de la « culture de l’environnement » auprès des populations. Ceci dans le but de les inciter à pratiquer le tri à la source et de réduire le recours à l’emballage en plastique. Des associations de défense de l’environnement seront également sollicitées à cette fin. Mais cette opération de sensibilisation risque d’être difficile à réaliser, vu le manque de « civisme » qui règne au Maroc. Ce plan prometteur viendra s’ajouter au programme national de gestion des déchets domestiques et assimilés qui sera lancé à partir de 2008. Un domaine dans lequel le Maroc souffre de sérieuses lacunes. Surtout en matière de collecte, d’évacuation et d’élimination des déchets.
Ce programme ambitionne d’atteindre un taux de collecte de 90% au lieu de 70% actuellement, de réaliser des décharges contrôlées des déchets ménagers dans toutes les communes et centres urbains, et de réhabiliter celles qui existent déjà (près de 300) et qui échappent à tout contrôle. Il vise aussi à développer la filière « tri-recyclage-valorisation ». Pour ce faire, des centres de tri seront installés dans les nouvelles décharges.
Le coût de ce projet est estimé à près de 37 milliards de DH sur 15 ans, dont une grande partie sera assumée par les Collectivités locales. Ces dernières devront, en plus, augmenter leur participation de 5% par an. Ce qui laisse prévoir une hausse au niveau des taxes et impôts locaux. Des redevances pour la gestion des déchets ménagers sont par ailleurs envisagées. Elles pourraient être incluses dans la consommation électrique des ménages. D’autres redevances sur les produits d’emballage seront collectées auprès des fabricants et/ou distributeurs.
0,5% du PIB
D’après le Secrétariat d’Etat chargé de l’eau et de l’environnement, le coût occasionnée par la dégradation de l’environnement au Maroc est de près de 13 milliards de DH, soit 3,7% du PIB national, dont une part de 0,5% liée aux déchets ménagers. S’ajoute à cela l’état des décharges publiques. La plupart d’entre elles ne répondent pas aux critères de qualité ou sont tout simplement« sauvages ». Elles ne disposent ni de système d’étanchéité ni de collecte des eaux de pluie. Ce qui multiplie le risque de pollution, celui des nappes phréatiques en particulier. Sans parler des odeurs nauséabondes qu’elles dégagent, des espaces qu’elles occupent et des risques d’épidémies. Le taux d’urbanisation (plus de 55% actuellement), qui ne cesse de croître, aggrave les choses.
D’un autre côté, les déchets toxiques ou dangereux ne sont pas correctement pris en charge. Et quand ils sont incinérés, c’est dans de simples fours, et non dans des incinérateurs. Ce qui donne lieu au rejet de gaz particulièrement polluants.
Des sacs « bios », mais à quel prix ?
Des sacs à base de pomme de terre, c’est le pari que s’est lancé la société française Plastique et Tissage de Luneray (PTL). Spécialisée à la base dans les sacs plastique, cette société a été la première en France à se lancer, en 2005, dans la production de sacs « bios ».
D’après ses responsables, ces sacs n’ont que des avantages. Surtout que la tendance est au bio (après la pomme de terre, le maïs est convoité aussi). Ils consomment moins d’énergie (140 degrés au lieu de 180), ils nécessitent moins de matières premières, et 15 à 20% plus denses, ils sont plus résistants en raison de leur consistance en fécule. Ils se dégradent, par ailleurs, beaucoup plus rapidement (de 5 à 6 mois), au lieu de « siècles » pour le plastique. Et, cerise sur le gâteau, en les fabriquant, l’usine dégage une savoureuse odeur de pain grillé au lieu de celle des gaz toxiques. Mais toute innovation, de surcroît non polluante, a un prix. Et celui-ci est très élevé. Ces sacs reviennent pratiquement au double de leurs concurrents en plastique. Une petite éclaircie tout de même. Certains misent sur la hausse des prix du pétrole, matière première du plastique, au profit des sac bios, qui, eux, bénéficieraient à terme de l’augmentation des volumes et ainsi verraient leur prix baisser.
Cela dit, ces produits ont-ils vraiment un avenir ? Ils demeurent en effet le fruit d’une initiative écologique tout à fait louable, mais qui utilise des denrées alimentaires n’abondant pas dans tous les pays du monde.
Produire à base de maïs ou de pomme de terre ne contribuerait-il pas à augmenter le prix de ces denrées ? Lesquelles nécessitent, en outre, l’aménagement de surfaces supplémentaires, des engrais et quantité d’eau pour l’irrigation. Sans parler du fait que leur durée de vie est très courte. Ils finissent dans la poubelle après quelques heures d’utilisation seulement. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on commence de plus en plus à préconiser le recours à des sacs durables réutilisables, au lieu des sacs jetables.
Depuis quelques décennies, la préservation de l’environnement fait l’objet d’une prise de conscience sérieuse. Les actions « vertes » se multiplient et les initiatives rivalisent d’ingéniosité. Les sacs plastique sont particulièrement visés car superpolluants. Leur dégradation peut durer jusqu’à 400 ans. Et ils sont, en outre, distribués par centaines de milliards d’unités chaque année dans le monde.
L’Economiste - Ahlam Nazih
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