Le PDG de Total Energies, Patrick Pouyanné, a fait part lors de l’Assemblée générale mixte des actionnaires du jeudi 26 mai 2023, d’un projet ambitieux d’énergie renouvelable au Maroc.
La consommation d’électricité explose en été, une pointe de 4 000 MW prévue en juillet En plus des moyens habituels, l’office table sur l’interconnexion avec l’Espagne.
Délestage, pas délestage..., les rumeurs les plus folles, ou les plus fantaisistes, n’ont cessé de courir ces derniers temps sur la capacité du système électrique marocain à faire face à une demande sans cesse en augmentation (8% en moyenne annuelle depuis 2003). Au centre de dispatching de Roches Noires, le point nodal du système électrique, Hassan Abaach, directeur opérateur système, est serein. Le sourire en coin, il balaye d’un revers de main ces supputations, assurant que si l’on met de côté les situations exceptionnelles et imprévisibles (incident technique majeur, séisme, etc.) dont nul n’est à l’abri, ici comme partout dans le monde, le risque structurel n’existe pas au Maroc en matière d’électricité. Y compris pour satisfaire « la pointe » de l’été ? « Oui. Nous prévoyons une charge de pointe approchant les 4 000 MW au mois de juillet 2007, aux alentours de 21 heures, et je peux vous dire que les moyens existent pour la satisfaire convenablement », précise M. Abaach.
Quels sont donc ces moyens ? Il y a d’abord, pour commencer, tous les moyens de base (thermique, hydraulique et éolien) qui permettent de satisfaire la demande « normale », c’est-à-dire la consommation de tous les jours, hors période de tension ou de pointe. Il y a ensuite les moyens de secours, c’est-à-dire l’utilisation des turbines à gaz (500 MW) lorsqu’il faut faire face à des aléas imprévisibles ou à un surcroît de demande, comme c’est souvent le cas en certaines périodes d’été et d’hiver. Précisons ici que la disponibilité de ces moyens a été améliorée par l’adoption, depuis juillet 2006, d’un programme de maintenance pour fiabiliser le parc existant (qui était vieillissant) et d’optimisation de la gestion des retenues hydrauliques.
Il y a enfin le recours à l’interconnexion pour acheter chez les voisins, principalement chez les Espagnols.
Les moyens de secours existent, mais coûtent cher
En fait, explique Hassan Abaach, lorsqu’on importe de l’électricité, souvent, c’est pour des raisons économiques. En d’autres termes, l’ONE, pour obtenir un prix du kWh moins cher, préfère parfois intervenir sur le marché espagnol (souvent le marché spot) plutôt que de faire fonctionner certaines de ses installations. En particulier les turbines à gaz, qui ne sont mises en route qu’à la toute dernière minute, en cas de besoin, car leur production coûte extrêmement cher. D’ailleurs, la sollicitation de ces turbines, ces derniers temps, plus souvent que d’habitude, pèse lourdement sur les finances de l’ONE.
La question est de savoir cependant si cet été l’offre d’électricité de l’Espagne permettra de satisfaire à la fois ses propres besoins, en hausse pendant cette période, et une partie, éventuellement, des besoins du Maroc. Affirmatif, répondent les responsables de l’ONE, car l’Espagne a non seulement investi pour renforcer ses parcs de production, mais en plus, elle bénéficie cette année d’un bon niveau de remplissage de ses barrages. C’est pour cette raison d’ailleurs que les Espagnols ont assuré à leurs collègues marocains qu’il n’y aura pas, cet été, de limitation de la capacité de l’interconnexion.
A tout cela, il faut ajouter une autre possibilité, qui entre, elle, dans le cadre de la rationalisation de la consommation. Il s’agit cette fois des grands comptes (comme les cimenteries par exemple) que l’ONE a approchés pour leur demander de faire coïncider les arrêts de leurs machines pour maintenance avec les périodes de forte consommation (été et hiver). Certaines entreprises ont déjà, semble-t-il, adhéré à l’idée.
Ceci pose le problème de l’attractivité de l’actuel système de la triple tarification (heures pleines, heures de pointe et heures creuses) : pourquoi les entreprises rechignent-elles à faire tourner leurs machines pendant les heures creuses où le kWh coûte moins cher ? « Pour encourager les industriels à s’effacer pendant les heures de pointe ou même une partie des heures pleines, il faudrait une tarification vraiment incitative, car le changement des horaires de production demande des investissements qui doivent être compensés justement par la tarification », confie un industriel. Il semble que l’ONE y réfléchit. Bien plus, l’opérateur historique voudrait même impliquer les ménages dans sa stratégie de rationalisation de la consommation, non plus seulement par l’utilisation des lampes basse consommation (LBC), mais aussi par la mise en place d’une tarification bi-horaire. Comme en France, par exemple, où les ménages ne mettent en marche leur appareil de ventilation ou de chauffage, selon les saisons, qu’au-delà des heures de pointe ; sauf à accepter de payer un prix fort pour sa consommation durant les heures de pointe.
La vie éco - Salah Agueniou
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