Le parquet de Valence spécialisé dans les délits de haine a requis trois ans de détention contre un homme accusé de diffusion d’informations mensongères sur les réseaux sociaux ciblant les musulmans, notamment Marocains.
Lors d’un important coup de filet policier, treize jeunes de 18 à 20 ans ont été arrêtés dans la région de Bastia. Cette opération aurait permis de décapiter le groupuscule armé Clandestini Corsi, qui avait revendiqué sept attentats anti-Maghrébins.
« Quelques individus suffisent pour créer un groupe clandestin et entretenir la confusion à coups de bombes ! » Ce constat d’un haut responsable sur l’île s’illustre avec Clandestini Corsi. L’arrestation de son noyau dur, hier matin, a permis, selon les enquêteurs, de « démanteler le groupe dans sa quasi-totalité ». Treize personnes ont été interpellées peu après 6 heures à Bastia et Biguglia et mises en garde à vue dans la matinée.
Une dizaine d’entre elles sont considérées comme des militants « actifs », les autres étant présentées comme « des proches », dont les auditions pourraient également apporter leur lot de révélations. Depuis son apparition en mars 2004, Clandestini Corsi a fait de la lutte contre l’immigration maghrébine le fer de lance de son combat. Composée de militants dont la moyenne d’âge est d’une vingtaine d’années, cette organisation a revendiqué sept attentats anti-Maghrébins commis au cours des derniers mois. Parmi ses « faits de guerre », une bombe le 1 e r juillet contre l’agence de la banque marocaine Wafa de Biguglia, à quelques centaines de mètres du domicile de l’un des jeunes appréhendés hier, et une autre contre une épicerie orientale de Bastia ; un attentat contre une pâtisserie marocaine toujours à Bastia et une explosion dans une pizzeria tenue par un Algérien à Ville-di-Pietrabugno. Le 7 juillet, Clandestini Corsi avait provoqué la panique parmi la communauté immigrée en lançant cet avertissement : « Ils seront touchés à leur domicile privé et des éliminations physiques seront perpétrées. » Depuis, plusieurs familles issues de l’immigration ont quitté la Corse dans la crainte d’être prises pour cibles. La localisation géographique des attentats, concentrés sur la région de Bastia, a rapidement convaincu les policiers qu’ils n’avaient pas affaire à une organisation très structurée. En mobilisant leurs sources, les inspecteurs de l’antenne bastiaise du SRPJ et des renseignements généraux sont parvenus en quelques semaines à cerner les contours de Clandestini Corsi et à remonter jusqu’à son noyau dur. Hier à l’aube, une importante opération lancée sur commission rogatoire du juge d’instruction antiterroriste Gilbert Thiel, de Paris, a permis de passer les menottes aux principaux membres du groupe, dont les quatre organisateurs d’une conférence de presse clandestine organisée la semaine dernière près de Bastia.
Des armes saisies Clandestini Corsi s’était alors défendue de toute intention « raciste », avait rejeté tout lien avec des organisations nationalistes et affirmé vouloir lutter contre les « trafics de drogue » dont elle rend responsable la communauté immigrée. Les policiers n’établissent pas de liens directs avec les autres organisations clandestines nationalistes, sans exclure toutefois que certains des jeunes interpellés aient pu « sous-traiter » certains attentats à l’explosif pour elles, comme cela s’est déjà vérifié avec le groupe Resistenza. Ce coup de filet a été réalisé conjointement par les policiers de la division nationale antiterroriste et leurs collègues du SRPJ de la Corse, avec l’appui du Raid. Les perquisitions effectuées aux domiciles des militants de Clandestini Corsi ont permis de saisir une cagoule et plusieurs armes de poing ainsi que des effets vestimentaires « très proches de ceux portés par les participants à la conférence de presse », selon un enquêteur. Dès hier soir, neuf d’entre eux ont été transférés à Paris à bord d’un avion spécial.
Luc Mariani - Le Parisien
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