Conscient de l’importance de sa diaspora, le Maroc accentue ses efforts pour attirer les compétences marocaines résidant à l’étranger.
La ville d’Amsterdam a accueilli le 19 janvier 2008 une conférence internationale sous le thème "Pour une citoyenneté participative effective des MRE". Parmi les personnes présentes, il y avait des représentants d’associations issues de la société civile et des acteurs associatifs venus d’Hollande, de Belgique, de France, d’Allemagne, d’Italie, des pays scandinaves, d’Espagne et de la Hongrie.
Ils se sont penchés sur l’étude des questions des MRE et ses dimensions sociales, culturelles et politiques. L’annonce de l’organisation de cette conférence a coïncidé avec l’annonce de la composition du CCME, et tout ce que cela a pu susciter comme réactions négatives, réactions ayant été exprimées par plusieurs organisations de MRE dans divers pays.
Suite au rôle d’unité que joue la Plateforme intercontinentale des MRE, il a été décidé d’organiser cette conférence internationale, afin d’unifier les rangs de toutes les potentialités MRE dont notre pays a besoin, pour aider au développement humain et économique de notre chère patrie.
Les problèmes restent identiques, malgré les différentes approches et analyses, et l’intention est identique, à savoir aspirer à jeter les ponts de la communication solide entre les trois générations de MRE et leur mère patrie afin qu’ils soient un soutien pour le développement démocratique et économique que connaît le Maroc.
Sans entrer dans les détails des questions, la Plateforme considère cette conférence comme un pas vers la réalisation des revendications des MRE. C’est pour cela, qu’elle a sélectionné, pour les débats à l’intérieur des ateliers, des questions aussi sensibles que :
• La participation politique et la citoyenneté
• Le champ religieux : nouvelles générations, nouveaux imams
• La femme et la famille
• La jeunesse : enseignement et emploi
Les principales conclusions que l’on peut tirer des questions primordiales ayant directement trait à la vie quotidienne du MRE, requièrent de tous, acteurs associatifs et politiques ainsi que de l’Etat marocain, un déploiement d’efforts afin de réserver un espace plus important aux questions des MRE, quelles que soient leurs couches sociales et quel que soit leur âge.
Notre sens des responsabilités nous amène, aujourd’hui, à reprendre la construction de ponts solides pour le rapprochement et l’entraide entre les individus issus des MRE et leurs élites, et des ponts encore plus solides entre les MRE et leur pays. Et ce dans le cadre de la collaboration, en associant toutes les intentions sincères et les institutions irréprochables, qu’elles soient civiles, politiques ou gouvernementales.
Car les problèmes des MRE restent immenses et variables à la même vitesse et volume que les mutations connues dans le monde.
Nous considérons également, par la présente conférence, qu’il est grand temps de créer des outils pratiques pour faire face et s’attaquer aux questions des MRE :
1. Rendre le rôle de la représentativité des MRE effectif, sur base du choix démocratique et de l’approche concertée, afin de renforcer l’unité des MRE avec toutes leurs différences culturelles et sociales.
2. Réaliser la citoyenneté effective ici et là-bas, sur base du principe de la multi culturalité, dans le cadre de la tolérance et faire face a toutes les formes de discrimination et de racisme, quelles qu’en soient les origines.
3. Revoir les anciens accords signés entre le Maroc et les pays accueillant des Marocains, afin de mieux garantir et préserver leurs droits tout en améliorant leur situation sociale.
4. Réorganiser les consulats et ambassades dans le but de garantir une communication optimale entre les MRE et l’administration marocaine, avec un rôle plus accru pour la diplomatie en lieu et place du spectre sécuritaire en vigueur.
5. Donner la priorité absolue aux questions de la femme et de l’enfant, puis qu’ils constituent la pierre angulaire dans toute planification à venir en rapport avec la question des MRE. Accélérer le traitement de tous les problèmes judiciaires liés à ce volet, et réexpliquer la loi portant sur la nationalité des enfants dont la mère est marocaine.
6. Créer une institution au Maroc qui sera chargée d’aider les MRE qui retournent au pays, à mieux se réintégrer dans la société marocaine.
Toutes ces idées ne pourront aboutir que moyennant un climat de confiance nécessaire dans notre collaboration future avec le CCME, et ce aussi longtemps que ce dernier se fixe comme but et prend la responsabilité de mettre au point un programme, qui vise à achever le processus démocratique pour la représentativité des MRE, à l’avenir.
Parce que la participation politique des MRE est un droit qu’on ne peut sous estimer, et ce pour parvenir à renforcer les liens entre les générations futures et leur mère patrie, les participants considèrent que le CCME en soi est un acquis, pour lequel acteurs associatifs issus des MRE et actifs dans les pays d’accueil, ont lutté.
C’est donc le conseil de tous, et non pas la propriété d’une certaine catégorie de personnes. C’est pourquoi, le CCME doit travailler de concert et de façon positive avec tous les acteurs et toutes les associations, malgré la différence et la diversité, sur un pied d’égalité, et être à l’écoute de toutes les voix.
Les participants appellent le CCME à organiser un dialogue national en vue d’unifier les rangs des MRE et de réparer les dégâts occasionnés par les concertations calamiteuses du CCDH. Les participants à la conférence sont convaincus que des élections démocratiques irréprochables restent le seul moyen pour concrétiser une représentativité transparente des MRE, contrairement à ce que l’on voit actuellement. Pour exemple, l’Europe centrale et orientale ne sont pas représentées.
Les participants à la conférence soutiennent les efforts de nos frères MRE issus de Bouarfa et sa région et adoptent leurs revendications, puisqu’ils ont comme objectif, le développement de leur région. Les participants considèrent leur initiative comme un modèle à suivre en vue de soutenir le processus du développement local dans notre pays, et briser l’isolement qui touche les régions en difficultés.
Enfin, la Plateforme intercontinentale réitère ses remerciements aux MRE et à tous les participants qui ont bravé l’épreuve du voyage pour faire réussir la conférence internationale, le tout au service des questions des MRE.
Conclusions et recommandations des ateliers
La femme et la famille
Cet atelier s’est caractérisé par un débat vif autour de la situation de la femme, et à travers elle, celle de la famille marocaine vivant à l’étranger et les problèmes auxquels elle fait face. Le problème le plus important étant celui de l’identité, vu qu’il y a une interaction entre l’influence de la culture du pays d’accueil et celle de la mère patrie, ce qui crée une sorte d’attrait et cohabitation parfois, et une sorte de méfiance qui va jusqu’à la dualité.
L’atelier a accueilli positivement le développement juridique qu’a connu le Maroc en ce qui concerne le code de la famille ’la Moudawwana’, et a pointé du doigt plusieurs manquements auxquels il faudrait apporter des améliorations à l’avenir, par exemple :
• Définir avec précision la Moudawwana de la femme MRE, afin de lui permettre de connaître ses devoirs et droits, et ce en organisant des campagnes de sensibilisation à ce sujet au Maroc et à l’étranger.
• Organiser une campagne de sensibilisation en rapport avec la loi sur la nationalité.
• Créer une collaboration entre les institutions civiles chargées des affaires de la femme MRE.
• Faire du CCME désigné un médiateur entre les autorités juridiques au Maroc et les MRE, en vue de résoudre les problèmes restés en suspens dans le domaine du droit de la famille.
Jeunesse : enseignement et emploi
Cet atelier s’est penché sur les problèmes des jeunes, de l’enseignement et du droit au travail.
• Nous devons attirer l’attention sur le rôle essentiel de l’enseignement dans les pays d’accueil, sur la vie des générations montantes, et être attentif, afin que les programmes pédagogiques enseignés accordent une place à la multiculturalité existant dans ces pays.
• Nous devons associer les parents aux travaux de la mise en place du programme scolaire, les lier à l’école à l’instar de ce qui se passe avec les autres couches d’immigrés, et les inciter à suivre de près leurs enfants
• Les institutions sociales doivent prendre en considération le problème de l’identité de façon sérieuse, pour ne pas faire perdre les repères aux jeunes en fin de compte. Les évènements que connaissent les périphéries des villes européennes ne sont que le soulèvement des jeunes en quête d’une identité perdue.
• L’absence de communication entre la maison et l’école contribue à créer un vide entre le jeune et son identité, tout comme l’absence totale de l’Etat marocain à travers ses experts dans la sensibilisation de ces jeunes à leur identité.
• Lancer une campagne de sensibilisation auprès des jeunes et leurs parents afin de contribuer à diminuer le fléau de l’abandon du cursus scolaire.
• Revoir le rôle de la mosquée et en faire un centre culturel marocain où les différentes générations se rencontrent, plutôt que de la limiter à son rôle de lieu de prière uniquement.
• Sensibiliser les employeurs à la nécessité d’ouvrir leurs portes aux jeunes, pour effectuer leurs stages, et aussi pour combattre le chômage dans ce milieu.
Le champ religieux : nouvelle génération, nouveaux imams
Cet atelier a discuté la situation des espaces et des institutions chargés des affaires religieuses, notamment les mosquées et les imams, auxquels la mission de préserver l’identité musulmane des jeunes générations montantes, est confiée.
Au début, un ensemble de problématiques a été déterminé :
• Echec de la politique qui vise à faire venir des imams du Maroc, parce qu’ils ne connaissent pas la réalité vécue par les MRE dans les pays d’accueil, ce qui les rend éloignés de la réalité vécue au jour le jour.
• Les responsables des mosquées n’ont pas les compétences requises de gestion, et sont marqués par leur approche tribale et de leurs intérêts personnels.
• Absence de conscience religieuse responsable à l’intérieur des mosquées, ce qui pousse les jeunes à rechercher d’autres sources via Internet, avec le risque d’en faire des proies faciles, susceptibles de tomber dans le piège de l’extrémisme.
• L’isolement de la mosquée et son enfermement sur elle-même, ainsi que son éloignement de ce qui se passe au sein de la société.
Cet atelier a présenté un ensemble de propositions pratiques pour la réforme du champ religieux des MRE. En voici les points les plus importants :
• Donner des séances de recyclage aux imams, les lier à la réalité des MRE et leur apprendre la langue du pays d’accueil.
• Rendre effectif le rôle de la mosquée, afin de donner une image plus réelle de l’islam, celle de la tolérance et de la coexistence.
• S’adresser aux générations montantes dans la langue qu’ils comprennent.
• Utiliser les techniques modernes dans la communication avec les fidèles et la société, comme l’internet.
• Mettre les affaires des mosquées entre les mains de gestionnaires compétents.
• Échanger des expériences et des connaissances entre les mosquées marocaines et les pays étrangers.
• Créer un Conseil supérieur des mosquées dans les pays d’accueil.
• Collaborer avec le ministère des affaires islamiques en vue d’organiser le champ religieux des MRE.
La participation politique et la citoyenneté :
Cet atelier a eu beaucoup de succès, et a attiré le plus grand nombre de participants à la conférence. Le débat s’est conclu par la considération de la participation politique comme étant une partie inaliénable de la citoyenneté, avec ses droits et devoirs. Les droits civils et politiques sont protégés par la loi et empreints de liberté.
Au cours de ce débat, on a abordé la contradiction qui existe entre la citoyenneté complète vécue par les MRE dans les pays d’accueil et la lutte continue pour obtenir une citoyenneté complète avec la mère patrie.
Le débat a été empreint de la sensibilité de toutes les générations à leur marocanité et leur fierté d’être marocains. Elles ont insisté sur la nécessité de voir les MRE participer à la vie politique, de la même façon dans les pays d’accueil qu’au Maroc.
Mais, ceci exige des efforts de toutes les parties concernées. Les participants ont insisté sur le problème de la politique de marginalisation et d’exclusion pratiquée à l’égard de la participation des MRE au développement, ainsi que sur le fait que l’on doive encourager la culture de participation au sein des jeunes générations et que l’on améliore les ressources humaines susceptibles d’être bénéfiques pour le Maroc.
Plateforme intercontinentale des MRE
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