Sebta : l’ONDH s’insurge contre les autorités marocaines
L’Observatoire du Nord pour les droits de l’Homme (ONDH) a dénoncé la décision du gouvernement marocain de rétablir sous peu la situation du passage frontalier de Bab Sebta.
Des porteuses marocains à Ceuta
Les contrebandiers marocains à Sebta ne sont pas du tout placés à la même enseigne. Alors que certains arrivent à peine à gagner une quinzaine d’euros, voire 9 euros, d’autres atteignent parfois les 500 euros par voyage, soit plus de 5.600 dirhams, le double d’un salaire moyen marocain.
Les chiffres ont été dévoilés par le site local El Faro de Ceuta, qui s’est intéressé aux gains empochés par les Marocains qui vivent de la contrebande entre le Maroc et la ville de Sebta. Ils sont aujourd’hui des dizaines de milliers à exercer ce commerce que les douaniers marocains n’autorisent qu’aux locaux.
La majorité des porteurs travaillent directement avec des entrepreneurs marocains installés à Sebta. Tous les matins, plusieurs camions chargés d’aliments sont envoyés près de la frontière de Tarajal, où sont préparés des paquets pouvant atteindre parfois 70 à 80 kilos que les porteurs transportent à pied via Tarajal II. Les meilleurs jours, ils peuvent empocher jusqu’à 45 euros mais en faisant parfois plusieurs voyages.
Les voyages peuvent également se faire via des « voitures-pateras », qui peuvent empocher de 200 à 500 euros, selon la marchandise et le poids de celle-ci. Mais il faut distinguer le propriétaire de la voiture et le chauffeur. Le propriétaire de la voiture prend en charge tous les frais (carburant, dépenses imprévues...) et rémunère le chauffeur et les personnes qui l’aident à tout charger. En tout, on estime à un millier de voitures qui font des allers-retours quotidiens entre le Maroc et Sebta et certaines d’entre elles appartiendraient même, selon la même source, à des douaniers marocains « qui bénéficient d’un traitement de faveur à la frontière ».
Le transport de la marchandise peut également être effectué à moto. Jusqu’à ces dernières semaines, il était possible de transporter un « paquet textile », mais le Maroc a définitivement interdit son importation et les propriétaires de motos transportent dorénavant des colis alimentaires. Alors qu’ils étaient payés jusqu’à 30 euros pour le textile, ils ne perçoivent aujourd’hui qu’environ 9 euros par trajet.
Mais ce commerce « juteux » à la frontière pourrait disparaitre dans les prochaines années, le Maroc invoquant la situation des contrebandiers (nombreux morts) et les pertes fiscales estimées à plusieurs milliards de dirhams par an. Mais pour ce faire, il doit d’abord trouver d’autres activités aussi lucratives pour les porteurs que le transport de marchandises.
Aller plus loin
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