L’artiste émiratie Ahlam a exprimé sa colère contre l’un de ses fans qui a utilisé sa photo sur son compte de la plateforme “X” pour insulter le Maroc et la chanteuse Asmaa Lamnawar.
Une jeunesse en mal de vivre… Hay Mohammadi, ce terreau d’artistes. Ces trois dernières années, des groupes de rap ont émergé de cette sphère. Depuis Nass El Ghiwan, le style a changé, les revendications ne sont plus les mêmes. Bigg, H-kayne, Hoba Hoba Spirit, Casa Crew font partie de cette nouvelle scène marocaine. Ils ont moins de trente ans, se disent libres et expriment à travers leurs paroles les maux de notre société.
Beaucoup sont diplômés, mais tous ont choisis la musique comme moyen. Le parcours est souvent le même, un premier album autoproduit, puis une reconnaissance via une maison de disques.
Platinium pour certains, mais surtout Clic Records qui constituent les deux circuits professionnels marocains. Casa Crew est donc un de ces groupes. Ils sont 4 et rappent en dialecte. Masta Flow, Chaht, J-OK et Caprice ont des parcours différents. Mohamed El Melki dit Masta a une licence en économie, Chaht est diplômé de communication, est marié et à deux enfants. Un univers plutôt classique qui fait tomber bien des préjugés. « El Khat », le pas a été leur premier opus. Il comportait cinq chansons et avec, ils ont parcouru leurs premières scènes. Avec ses économies, Younes Haouder, dit Chaht, a acheté des matériaux d’enregistrements. Rendez-vous a été pris à Bournazel, prés de Sidi Moumen. J’y ai découvert un petit studio d’une dizaine de M2 dans lequel Younes officie la plupart du temps. Ici, donc a pris forme ces vers évoquant la guerre, la misère de notre société ou encore le chômage. Leurs revendications sont claires et à l’image des groupes français, ils se veulent porte parole d’une jeunesse. Leur appétence aussi émeut, comment d’une telle situation peuvent-ils espérer chanter sur les plus grandes scènes nationales ? Et c’est là que l’on comprend que l’ambition et l’intégrité sont des valeurs qui ne se perdent pas. Ils disent qu’ils ne fument pas et ne boivent pas. Leur travail est le seul moteur.
Masta dit à ce sujet : « Au début, il nous est arrivé de payer pour pouvoir chanter, ensuite on montait sur scène sans rémunération et aujourd’hui on exige une avance sur recette avant toute prestation. » La situation a changé, le circuit se professionnalise. Leur deuxième album « El Bassma », “l’empreinte “ vient de sortir. Des duos avec H-Kayne ou Zanka Floor figurent parmi les 18 morceaux de leur nouvel opus. C’est Clic Records qui les distribue et de là, 6000 albums ont été mis sur le marché. Pour favoriser les ventes, les Cd sont vendus selon le degré de remplissage du livret à 65, 45 et 12 dhs. « Lorsque nous avons été signer, affirme Younes, notre groupe s’est plus affirmé, et depuis nous avons plus confiance en notre avenir ». Les ventes de disques ne leur rapportent pas encore, et leurs gains sont octroyés grâce à l’événementiel et aux recettes publicitaires. Jusqu’à 30 000 dhs pour une prestation dans un festival. Les opérateurs de téléphonie s’intéressent à eux. Mobi Sud a fait de Bigg ou de Khansa Batma des produits markéting. Et d’autres campagnes de communication suivront sûrement. A coup sûr, ils représentent une cible commerciale nouvelle, qu’il est temps de considérer.
Rapeurs en herbe
Ce studio d’enregistrement sert de repère pour nombre de jeunes de ces quartiers populaires. Fort du succès médiatique de « leurs grand frères », ils tentent leurs chances. Masta et Chaht font partie d’une association « Union de la jeunesse », et bénévolement ils aident certains groupes en herbe à enregistrer. « Nous avons de la volonté, résume Masta, mais nous ne percevons à ce niveau aucune aide, c’est regrettable ». Lors de notre rencontre, deux ados de 17 et 18 ans, rapaient sur un extrait de leur premier opus « Respect ». Mehdi et Othman sont respectivement en terminale science math et en école d’hôtellerie. Ils affirment vouloir continuer dans cette voie, malgré un parcours scolaire honorable. L’entrée sur la scène musicale marocaine de ces quelques groupes fait rêver, même s’ils ne réalisent pas qu’ils ne sont que 5 ou 6 à pouvoir vivre de la musique. Et la plupart d’entre eux habitent encore chez leurs parents !
Ce port d’attache est récent et la route est encore longue. Ces groupes ont pour beaucoup émergé grâce à une politique culturelle (Festivals, L’Boulevard etc.). Une confirmation sur la scène nationale reste obligatoire.
La Nouvelle Tribune - Fatim-Zahra Tahiri
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