Marre de payer une fortune pour garer sa voiture à l’aéroport ? C’est le ras-le-bol des usagers des aéroports marocains, qui dénoncent des prix exorbitants et une qualité de service médiocre.
Du rififi autour du 50 ppm. Depuis le 1er janvier, date fixée par le gouvernement pour une baisse du prix du carburant, les automobilistes parlent de « tromperie sur marchandise ». La baisse tant attendue n’a finalement pas eu lieu. Pis encore, les stations-service converties en « pompes à fric » vendent du 50 ppm au prix du 350. D’aucuns y voient déjà un lobbying « politiquement incorrect » entre le raffineur Samir et les pouvoirs publics.
A priori, « un arrangement a été trouvé à la dernière minute avec le raffineur pour le soutenir dans ses efforts de modernisation », souligne une source proche des pétroliers. Pour le secrétaire général du Groupement des pétroliers du Maroc, Youssef Aherdanen, la décision de garder le prix du 350 est motivée par le besoin d’écouler les stocks du gasoil 10.000 ppm.
Or, l’arrivée du 50 ppm était conditionnée par la baisse des prix. Mais le lancement de ce nouveau carburant est caractérisé par un cafouillage total.
Auprès des distributeurs, l’on se dit stupéfait. Les consommateurs pensent qu’ils sont « les dindons de la farce ». Pourtant, de sources internes au GPM, l’on parle aussi d’un accord entre le gouvernement et les distributeurs sur un programme de transition jusqu’à fin mars 2009 pour liquider le reliquat du 10.000 ppm. « Avant de lancer le 50 ppm, on aurait dû attendre l’écoulement des stocks. Cela aurait évité cette pagaille », déclare un automobiliste.
Le réseau de distribution, premier concerné par l’application des tarifs, s’attendait aussi à une baisse dès début janvier. Côté pompistes, l’on n’attend plus que la nouvelle grille tarifaire. En attendant, les automobilistes râlent mais paient le prix fort. Ils n’ont pas le choix.
A noter que la décision des prix incombe à la Primature et au ministère des Affaires économiques et générales sur recommandation du département des Finances. Aux Affaires économiques, l’on annonce que « la structure tarifaire sera adaptée à la nouvelle configuration de raffinage ». Mais en même temps, l’on dit que la nouvelle structure est prête et qu’elle sera mise en application dans les prochains jours. Au moment où les ménages comptaient faire des économies substantielles sur le carburant, c’est plutôt l’inverse qui se produit. D’autant plus que le cours du baril conforte la thèse d’une baisse conséquente. D’ailleurs, tous les pays de la région ont procédé à des baisses considérables ces derniers mois. C’est dire que les tarifs pratiqués actuellement sont « gonflés » et ne reflètent guère la vérité des prix. Une situation qui profite à tous, sauf au consommateur. En tout cas, les tarifs actuels renflouent la trésorerie de la Caisse de compensation, alimentent les caisses des sociétés de distribution et celle du raffineur… Le tout au détriment du budget des ménages. « On n’est plus dans un contexte d’indexation. Le prix du carburant est calculé sur les cotations spot de Rotherdam », précise-t-on au GPM.
En tout cas, avec les hausses annoncées sur le lait, le transport en commun, le ciment, les autoroutes… la situation est intenable. De l’avis de plusieurs observateurs, s’il est un sujet auquel doit s’atteler très vite le Conseil de la concurrence, c’est bien celui des prix des hydrocarbures où semble régner « l’anarchie ».
Les nouveaux tarifs bientôt en vigueur : Entretien avec le directeur de la Concurrence et des Prix
Pour Hassan Bousselmame, l’un des proches collaborateurs de Nizar Baraka, aux Affaires économiques et générales, la nouvelle structure tarifaire sera rendue publique sous peu. En attendant, le 50 ppm est commercialisé au même prix que le 350. Aucun indice ne filtre sur les nouveaux tarifs.
Pourquoi la nouvelle grille tarifaire n’est pas appliquée actuellement sur le carburant à la pompe ?
Le raffineur Samir a réalisé d’importants investissements en vue de moderniser son outil de production et de produire des carburants de meilleure qualité. Elle est passée d’une raffinerie simple à une raffinerie complexe très performante. L’adaptation de la structure tarifaire à cette nouvelle configuration de raffinage s’impose donc. A ce titre, une structure des prix de reprise a été préparée et sera mise en application dans les prochains jours.
Quand exactement ?
Les nouveaux tarifs entreront en vigueur avec la mise en place de la nouvelle structure des prix de reprise des produits pétroliers. Par ailleurs, il faut signaler que les tarifs seront moins élevés pour certains produits.
Quels seront les prix appliqués pour chacun des deux carburants ?
Actuellement, dans les stations, sont commercialisés les super avec et sans plomb, le gasoil 50 ppm et le gasoil normal. Les prix de ces carburants, y compris le gasoil normal utilisé notamment par le secteur de transport, n’ont pas connu de changement. Il faut rappeler que le prix du gasoil normal n’a pas enregistré de hausses depuis février 2006 malgré la flambée vertigineuse des cours des produits pétroliers courant 2008. Pour le gasoil 50 ppm, son introduction se fait de façon progressive et il vient dans un premier temps en remplacement du gasoil 350 ppm et donc commercialisé au même prix que ce dernier bien qu’il soit de meilleure qualité. A noter que lors de la généralisation du gasoil 50 ppm et suppression du gasoil normal, les tarifs adoptés prendront en considération la sauvegarde des intérêts des professionnels usagers du gasoil.
Pour de nombreux automobilistes, il s’agit bel et bien de tromperie sur marchandise puisque les stations vendent du 50 ppm au prix du 350…
Pas du tout. Au contraire les usagers du gasoil 350 ppm bénéficient d’un produit (gasoil 50 ppm) de meilleure qualité au même prix.
Est-ce que le gasoil 50 ppm est aujourd’hui suffisamment disponible auprès de l’ensemble des distributeurs ?
Il faut rappeler que les quantités disponibles couvrent largement les besoins du marché en gasoil 50 ppm. Cependant, en raison des fêtes de fin d’année, certaines stations n’ont pas pu s’approvisionner en 50 ppm pendant les 2 premiers jours de l’année 2009. Actuellement, le marché est normalement approvisionné.
Qu’en est-il des stocks acquis alors que les prix pétroliers atteignaient leur plus haut niveau au prix fort et que les distributeurs comptent d’abord écouler ?
Normal que l’on veuille écouler ces stocks. C’est une opération commerciale à la quelle procède tout opérateur économique. Le cas se pose également quand il y avait des hausses des prix alors que les stocks étaient achetés à des prix inférieurs.
Source : L’Economiste - Amin Rboub & Bachir Thiam
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