« Les trafiquants font appel à des banquiers occultes, les “sarafs” ou brokers, qui assurent la collecte de l’argent de la drogue et son injection dans l’économie légale. Ils sont notamment en contact avec des chefs d’entreprise malhonnêtes. Ils ont besoin d’argent liquide pour payer des employés au noir ou pour leur verser des primes non déclarées. Ces entrepreneurs achètent ces espèces contre des virements justifiés par de fausses factures », a déclaré Anne-Sophie Coulbois dans une interview accordée au journal Le Parisien.
« Et finalement, l’argent arrive dans la poche du trafiquant par virement bancaire, après de multiples rebonds. On les trouve, par exemple, dans le bâtiment et les travaux publics ou dans la sécurité privée qui sont des secteurs d’activité ayant grand besoin d’une main-d’œuvre peu qualifiée », a-t-elle poursuivi, ajoutant que ces entreprises peu scrupuleuses utilisent aussi cet argent liquide pour acheter des matériaux en tirant les prix vers le bas.
Selon les explications de la cheffe de l’OCRGDF, derrière les trafiquants se cache un véritable système bancaire occulte qui fonctionne sur l’hawala, la parole donnée. « C’est un système de transfert d’argent par compensation qui offre des possibilités sans limite. Tout le monde y trouve son intérêt, les malfaiteurs mais aussi les gens ordinaires qui veulent éviter les formalités », a-t-elle indiqué, faisant savoir que ces Sarafs vivent plutôt au Maroc, où se trouvent aussi les producteurs de cannabis. « Aujourd’hui, nombre d’entre eux se sont déplacés à Dubaï. En fait, il y a toujours un contrat de blanchiment qui est passé entre le trafiquant ayant besoin de transformer des millions d’euros en liquide en argent légal et ces spécialistes du blanchiment. »
Le travail des sarafs consiste, a-t-elle expliqué, à organiser les collectes et à trouver des débouchés pour l’argent, grâce à des contacts avec la communauté chinoise dans le commerce de vêtements ou avec des patrons du BTP. Quid des autres moyens de blanchiment ? « Le trafic de voitures est aussi une solution pour blanchir l’argent de la drogue. Certains trafiquants vont en Allemagne pour acheter de belles berlines en liquide qui sont revendues à l’étranger, comme en Algérie », a fait savoir encore la responsable, assurant que l’OCRGDF réussit tout de même à capter les biens mal acquis des malfaiteurs, même à l’étranger. « Nous parvenons à les identifier avec quelques points noirs à Dubaï, en Asie du Sud-Est ou au Maghreb. Et nous répondons aux demandes des polices étrangères, c’est un échange », a-t-elle dit.