Le 10 juin 2003, M. A., 29 ans, a voulu contacter un ami sur son GSM pour lui faire une blague. Sans le savoir, il s’est trompé de numéro et est tombé sur le répondeur d’un autre portable, avant de laisser un message annonçant la préparation d’un attentat à l’ambassade du Maroc à Bruxelles et dans d’autres institutions représentant ce pays à l’étranger. Il y était question d’explosion, d’incendie et d’assassinat.
L’auteur dénoncé par la personne ayant reçu cet appel d’autant plus suspect que le ton de la communication était haineux, le parquet fédéral a pris l’affaire très au sérieux au point de placer sur écoute téléphonique M. A., lequel était cité à comparaître mardi devant le tribunal correctionnel de Tournai.
Le dossier répressif révèle qu’à l’époque, la Sûreté de l’État fut mise en alerte maximale, sans parler de la mise sur pied d’un centre de crise gouvernemental.
Alors qu’il prestait un job de vacances dans un hôtel de Knokke, le jeune homme a été le premier surpris de voir débarquer une horde de policiers armés jusqu’aux dents pour l’arrêter. "La justice ne pouvait prendre le moindre risque. Il était logique que les enquêteurs mettent les gros moyens en croyant avoir affaire à un réseau terroriste", a fait savoir le substitut du procureur du Roi. Avant de déplorer que ce canular stupide ait coûté un paquet d’argent à la collectivité.
Le ministère public a requis à l’encontre de M. A. six mois de prison sans s’opposer à l’octroi d’un sursis vu l’absence de casier judiciaire. Pour rappel, l’article 328 du code pénal prévoit une peine carcérale de 2 ans pour des délits de ce genre.
Autorisée à représenter le prévenu retourné vivre au Maroc, la défense plaide l’acquittement. "Mon client n’a pas eu la volonté intentionnelle de diffuser de fausses informations relatives à l’existence d’un danger. Le fait d’avoir été assimilé à un intégriste poseur de bombes l’a traumatisé. Lors de son arrestation, il a été menotté et encagoulé. Tous ses amis et sa famille ont été entendus, y compris de l’autre côté de la Méditerranée." Jugement le 22 mai.
La Dernière Heure - B. D.