Belgique : des révélations sur le parcours de Brahim Abdeslam
Le parcours de Brahim Abdeslam avant les attentats de Paris et Saint-Denis en août 2015, a été révélé vendredi par un enquêteur belge.
Les juges belges condamnent plus lourdement les prévenus avec un nom à consonance maghrébine, pour des délits liés à la drogue, que ceux portant un nom flamand.
La probabilité grimpe de 4 à 5 %, sachant que, dans ce type d’affaires, 12% sont acquittés. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par l’économiste de l’université de Hasselt Samantha Bielen. Pour mener cette étude, l’universitaire a consulté plus de 4 000 dossiers dans les archives des tribunaux de Hasselt, Tongres et Anvers. L’objectif poursuivi est de découvrir ce qui pourrait influencer un jugement.
"Soyons clairs : cela ne signifie pas que les juges sont racistes. Mais ils doivent prendre des décisions avec des informations limitées en peu de temps. Nous appelons cela de la ‘discrimination statistique’ : si les juges supposent que les personnes portant un nom islamique commettent statistiquement plus de crimes, cela peut jouer, inconsciemment dans leur processus de réflexion. A contrario, plus un juge nourrit des contacts avec une autre culture, plus il vit proche d’une mosquée par exemple, plus il peut mettre en perspective le cas traité", a déclaré Samantha Bielen dans le Belang van Limburg.
Pour Luc Hennart, juge en correctionnelle à Bruxelles, et par ailleurs ancien président du tribunal de première instance, qui a pris connaissance des résultats de cette étude, "il serait tout de même faux de dire qu’il n’y a pas, dans les affaires liées à la drogue, un nombre important de prévenus avec un nom à consonance maghrébine. Les petits trafiquants, les dépanneurs, sont souvent issus de milieux plus pauvres. Eh oui, cela pourrait jouer chez certains juges qui, dans un premier temps, de façon épidermique, pourraient se dire ‘Encore un Mohamed’ et se laisser emporter par une forme d’habitude."
"Des juges racistes ? Oui, il doit y en avoir. Et dans ce cas-là, on peut supposer que le jugement pourrait être plus sévère, moins nuancé. Mais ces cas doivent être très rares", a-t-il ajouté.
Aller plus loin
Le parcours de Brahim Abdeslam avant les attentats de Paris et Saint-Denis en août 2015, a été révélé vendredi par un enquêteur belge.
La Belgique a encore du chemin à faire en matière de lutte contre le racisme, la discrimination et toutes sortes de stéréotypes. C’est le cas par exemple du secteur du nettoyage.
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