100 milliards de dirhams. C’est le montant total des avoirs déclarés dans le cadre de l’amnistie fiscale au Maroc à la date du 1ᵉʳ janvier 2025.
« Nous croyons que des corrections majeures des prix des actifs pourraient affecter la solvabilité du système bancaire marocain ». Le dernier rapport de Standard & Poor’s Ratings Services est pour le moins alarmiste : « Le secteur bancaire marocain a connu un développement important durant les cinq dernières années, cependant de nouveaux risques relatifs à la croissance rapide des crédits et à l’expansion géographique (ndlr : Afrique du Nord et de l’Ouest) sont apparus ».
En résumé, le système bancaire s’améliore, mais de nouveaux risques émergent. « Le système bancaire devient de plus en plus vulnérable à la croissance inédite des crédits qui dopent les prix des actifs, à l’expansion géographique par les grands acteurs et, enfin, à la cyclicité de l’économie nationale ». D’ailleurs, l’attitude ou plutôt l’inquiétude de Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, face à la croissance exponentielle des crédits accordés par les banques, est tout à fait lucide. Il ne rate pas une occasion pour rappeler les différents intervenants à l’ordre afin d’éviter les dérives. On aurait pu éviter cette situation si les banques avaient pris les mesures nécessaires pour contrôler les flux de crédits. S&P considère que « la régulation bancaire au Maroc est adéquate. Nous estimons que l’approche sur le terrain de la Banque centrale peut aider à détecter tôt les dérapages », indique le rapport.
Par ailleurs, la profitabilité des banques leaders a connu une amélioration importante, notamment durant les deux dernières années. Ce qui a permis à S&P de placer le Maroc au 8° groupe de son « Banking Industry Country Risk Assessments » (BIRCA) qui veut dire littérallement « Evaluation risque-pays du système bancaire ». Ce classement comporte 10 groupes, du système le plus fort ou du moins risqué (groupe 1) au plus faible, voire le plus risqué (groupe 10). Autrement dit, le Maroc est très mal noté !
Comparé aux systèmes de la région, le système bancaire marocain est parmi les plus larges et les plus concentrés en Afrique du Nord, avec un total actif de 612 milliards de DH au 30 septembre 2007. Les trois premières banques, en l’occurrence Attijariwafa bank (BB+/Stable/B), Groupe Banques populaires (BB+/Stable/B) et BMCE Bank contrôlent les trois quarts des actifs de l’ensemble du secteur. Le rapport de S&P n’a pas omis le poids des banques publiques qui représentent encore 15% de l’actif total. « Le CIH a été partiellement privatisé, alors que le Crédit Agricole du Maroc a été assaini ».
Après un accroissement moyen de 6,5% durant les cinq dernières années, l’encours global des crédits bancaires a connu une croissance à deux chiffres pour s’inscrire à 17,7% en 2006 sans tenir compte des créances en souffrance. Soit un encours global de 327 milliards de DH. Pour 2007, nous connaîtrons les chiffres dans les semaines qui suivent. Cette évolution est la suite logique de la conjugaison de deux facteurs essentiels : une activité économique soutenue et des taux d’intérêt bas. Par catégorie, les prêts à l’équipement, représentant 24% du total bancaire, ont marqué une hausse de 22% au lieu de 15% un an auparavant pour atteindre 79 milliards de DH.
Source : L’Economiste - Said Mabrouk
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