Les attaques à la bombe et à la voiture piégée, toutes perpétrées près du centre ville, ont visé essentiellement des restaurants et hôtels fréquentés par des étrangers et des cibles israélites. La majorité des victimes ont été des personnes de nationalité marocaine, a indiqué dans la nuit le ministre marocain de l’Intérieur, M. Mostapha Sahel.
Aucune indication n’était encore disponible en début de matinée samedi sur l’identité des victimes et leur nationalité, ni sur les indices relevés ou pistes envisagées quant aux responsables des attentats.
Une soixantaine de blessés, dont plusieurs dans un état grave, ont été dépêchés vers des hôpitaux et cliniques de la ville tandis que se produisaient des scènes de panique dans les rues où se promenaient de nombreux casablancais profitant d’une belle soirée printanière.
"Ces attentats portent la signature du terrorisme international", a déclaré M. Mostapha Sahel au cours d’un point de presse, précisant que trois suspects avaient été arrêtés - dont un kamikaze blessé - tous de nationalité marocaine.
"Le but visé par les terroristes, a estimé M. Sahel, est de porter atteinte au processus démocratique au Maroc et à son "pluralisme" politique. "Le Maroc, a-t-il ajouté, ne se laissera pas intimider par ceux qui ont choisi de tuer des innocents".
Trois voitures piégées ont explosé dans des rues proches du parc de la Ligue arabe, au centre ville - près du consulat de Belgique, situé en face d’un restaurant italien également touché, devant l’Hotel Farah (plus connu comme l’hôtel Safir, son ancien nom), et devant le Cercle de l’alliance israélite.
Presque simultanément, des bombes ont explosé dans le restaurant de la Casa Espana (Maison d’Espagne), un cercle hispanique où ont péri près d’une vingtaine de personnes, et non loin d’un ancien cimetière juif proche de l’ancienne Medina.
Les autorités marocaines ont fait savoir qu’une dizaine de kamikazes avaient péri dans les attentats, sans donner d’autres précisions sur leur identité. Des groupes islamistes radicaux ont fait l’objet de plusieurs arrestations au cours des derniers mois au Maroc.
Interrogé sur un éventuel rapport entre les attentats de Casablanca et ceux de Ryad (Arabie saoudite), perpétrés quatre jours auparavant et qui ont fait 34 morts, selon un bilan saoudien, le ministre de l’Intérieur marocain a estimé que l’on peut remarquer "la concomitance et la similitude du mode opératoire" entre ces deux séries d’actions.
Un dirigeant du Parti islamiste marocain Justice et développement (PJD) a condamné dans la nuit de vendredi à samedi ces attentats. "C’est un crime terroriste sauvage, nous le condamnons comme nous condamnons ses auteurs et commanditaires", a déclaré à l’AFP Mustapha Ramid, président du groupe parlementaire du PJD - la première force d’opposition au Maroc.
Le chef du réseau Al Qaïda, Oussama Ben Laden avait cité le Maroc, allié traditionnel des Etats-Unis dans le monde arabe, parmi les pays arabes "apostats" dans une cassette sonore qui lui avait été attribuée.
"Les musulmans doivent se mobiliser pour se libérer du joug de ces régimes apostats, asservis par l’Amérique. Parmi les pays qui devraient être libérés figurent la Jordanie, le Maroc, le Nigeria, le Pakistan, le pays des deux saintes mosquées (l’Arabie saoudite) et le Yémen", avait-il dit.
En mai 2002 une "cellule dormante" d’Al Qaïda, dirigée par trois saoudiens, avait été arrétée par la police marocaine, soupconnée d’avoir préparé des attentats terroristes dans le pays et contre des navires de l’OTAN dans le détroit de Gibraltar.
Le procès des trois saoudiens et de leurs sept "complices" marocains s’était terminé avec un jugement relativement clément, peu de preuves ayant été apportées pour soutenir les accusations retenues contre eux.
Ces attentats sont intervenus au terme d’une semaine marquée, pour les Marocains, par des festivités organisées à l’occasion de la naissance, le 8 mai, du prince héritier Moulay El Hassan, premier fils du roi Mohammed VI.